Un séjour parisien ne peut se concevoir sans la visite de
quelques lieux emblématiques portant la trace de ses illustres habitants.
A l’un des angles de la Place des Vosges au No
6, se trouve l’hôtel particulier Rohan-Guéménée, bâtisse du 17e siècle
qui fut en partie louée à Victor Hugo (1802-1885) où il vécut avec sa famille entre 1832 et 1848 avant son exil à
Jersey puis à Guernesey.
Il y écrira plusieurs de ses œuvres majeures, dont Lucrèce Borgia et Ruy Blas, ainsi qu’une partie des Misérables et des Contemplations.
L’enfilade des salles du 2e étage regroupe des
reconstitutions de résidences successives habitées par la famille Hugo et fut aménagée
en musée sur l’initiative de Paul Meurice, ami et exécuteur testamentaire de
Victor Hugo, avec le soutien des petits-enfants de l’écrivain à l’occasion du
centenaire de sa naissance.
La bâtisse ayant été entre temps cédée à la ville de Paris,
le projet est validé par le Conseil Municipal et l’inauguration a lieu le 30
juin 1903.
Depuis cette date il est possible d’approcher la vie quotidienne
du Grand Homme inhumé au Panthéon, de percevoir l’environnement dans lequel le poète,
le romancier, le dramaturge, l’homme politique, l’humaniste nous a transmis une
œuvre littéraire exceptionnelle reflétant sa révolte contre presque toutes les
injustices, en commençant par son soutien à l’abolition de la peine de mort… "Cette tête de l’homme du peuple,
cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la,
utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper".
Si sa voix s’élèvera contre l’esclavage il restera convaincu des bienfaits de la colonisation… Personne n’est parfait.
Il mettra cependant sa plume au service de convictions
plus anecdotiques, mais dont la capitale lui doit bon nombre de sauvetages de
son patrimoine architectural menacé de démolition à commencer par Notre Dame de
Paris, puis la Sainte Chapelle, les arènes de Lutèce, la tour du Vert-Bois
(seul vestige du prieuré Saint-Martin, du 12e siècle, en place duquel
ont été construits les bâtiments du Conservatoire des Arts et Métiers), ainsi
que la fontaine attenante datée de 1712. La tour Saint-Jacques est également
épargnée par son intervention…
Trahissant peut-être ainsi une sensibilité pour l’époque médiévale et le style
gothique que l’on retrouve dans la décoration intérieure de
ses demeures tout au long de sa vie.
Entamons donc ce parcours spatio-temporel.
Le salon aux murs recouverts de damas rouge témoigne de
son statut de chef de file des Romantiques, de l’académicien puis du Pair de
France qui réunissait autour de lui les plus célèbres personnalités des
lettres, des arts et de la politique.
Y sont accrochés des portraits de famille, son épouse et leurs filles, Léopoldine et Adèle, huiles sur
toile de Louis Boulanger et Auguste de Châtillon, ainsi que d’autres peintures
illustrant des écrits de cette période.
Le salon chinois constitue la surprise de la visite. Le décor
provient de Hauteville House et de Hauteville II, respectivement résidences d’exil
à Guernesey de Victor Hugo et celle de Juliette Drouet.
Les panneaux de style chinois ornaient la maison de cette
dernière. Ils furent dessinés par Hugo en 1863-1864 et peints avec l’aide de
Tom Gore, artisan employé pour l’aménagement de Hauteville House. Ils servaient
de présentoirs aux porcelaines qui couvraient les murs ou s’exposaient sur les
étagères.
Les peintures et sculptures qui complètent la
présentation évoquent des œuvres écrites pendant l’exil (La Légende des siècles, Les Misérables, Les Travailleurs de la mer,
L’Homme qui rit).
Dont cette table offerte à Juliette Drouet
Le cabinet de travail aux tentures vertes évoque le
retour d’exil de Victor Hugo et prépare son entrée dans la postérité avec l’emblématique
portrait du patriarche à barbe blanche d’après Léon Bonnat et Le Buste Héroïque de Rodin, bronze et marbre (vers 1897), révélant un vieillard songeur et harassé.
S’y trouve le meuble à écrire debout, surélevé selon les instructions
de l’écrivain à la fin de sa vie. Il faisait partie du mobilier de sa chambre à
coucher, avenue d’Eylau.
Un moulage de sa main droite effectué en 1877.
Un émouvant portrait de Juliette Drouet quelques mois
avant sa mort, fut réalisé en 1883 par Bastien-Lepage.
La chambre de Victor Hugo fut fidèlement reconstituée par
les donations des petits-enfants, selon les représentations dans la presse, la
peinture de Léon Glaize et les souvenirs de son petit fils, Georges Hugo, telle
qu’elle se présentait le 22 mai 1885 au 130, avenue d’Eylau, (avenue Victor
Hugo depuis 1881).
Ouvert tous les jours sauf lundi. Accès gratuit au musée à l'exception des expositions temporaires.
Sources : Maison de Victor Hugo