Le Petit Palais, Musée des Beaux-arts de la ville de
Paris, est depuis longtemps l’une de mes destinations favorites tout autant pour
son architecture éclectique, ses collections permanentes, ses expositions temporaires, que pour son jardin intérieur évoquant les patios confidentiels méditerranéens ou orientaux.
Les marches de l’entrée monumentale avec sa grille en fer
forgé rutilante sont parées d’un tapis
surprenant. Une rivière de briques de verre bleu nous conduit irrépressiblement
loin des contingences et de la frénésie du quotidien. Ne reste plus qu’à
prononcer la formule magique « Sésame ouvre-toi ». Si ça ne fonctionne
pas on peut utiliser la nouvelle version, le QR code du pass
sanitaire affiché sur l’écran d’un téléphone portable, plus efficace
actuellement pour accéder à l’exposition de Jean-Michel Othoniel « Le
Théorème de Narcisse ».
Derrière les vitres du grand vestibule, une sculpture de lotus hypnotise déjà le regard. C’est dans le jardin où il se dresse en majesté accompagné d'autres lotus d’or flottant sur
les eaux des bassins ourlés de mosaïques, que le voyage aux
pays des Mille et Une Nuits,
commence. La caverne d’Ali Baba et ses trésors chatoyants est toute proche,
comme semblent l’annoncer les colliers suspendus aux branches.
L’invitation
à regarder plus attentivement notre environnement se matérialise par une
sensibilité retrouvée et l’on aperçoit soudain une étrange fleur de bananier en
bouton, suspendue comme à un ressort pliant sous le poids.
A l’intérieur, la transfiguration des espaces continue
avec la délicate Couronne de la Nuit
qui surplombe l’un des deux majestueux escaliers, Art Nouveau. Ce lustre en perles de verre soufflé de Murano restera en place
après la fin de l’exposition. Il a été offert au musée par l’artiste.
En contrebas, une grotte de briques de métal offre un
refuge pour libérer la parole selon l’intention de l’artiste. On peut s’y
asseoir un instant seul ou à plusieurs pour se soustraire aux regards, avant
que l’attention ne soit happée par les couleurs vibrantes des nœuds de perles se
contorsionnant dans l’espace au-dessus d’un tapis de briques de verre aux tonalités
aquatiques.
Dans la salle suivante d'autres nœuds, installations précieuses sur leurs socles miroirs, reflètent mille nuances à l’
infini.
Selon les textes jalonnant l’exposition :
« Ces nœuds sauvages sont inspirés des théories du
scientifique mexicain Aubin Arroyo, sur les reflets infinis obtenus à partir de
modèles mathématiques complexes. Renouant les liens anciens qui unissent
astronomie, art et mathématiques, Othoniel invente ainsi de nouveaux
théorèmes. »
« Peints à l’encre de Chine sur fond d’or blanc, des
nœuds inspirés de la forme des pivoines répondent aux sculptures sur socle, Nœuds du réel ou Nœuds de l’imaginaire ; la Grotte de Narcisse ouvrant ainsi
sur l’infinie complexité humaine. »
On termine ce parcours enchanteur sur une œuvre plus
intimiste :
« Une superbe vitrine du XIXe siècle abrite une
petite sculpture en perles de verre violettes inspirée du chrysanthème
japonais. Ce Kiku (2021), tel un
bijou, adresse un ultime clin d’œil à Narcisse et à ses reflets. »
Au final, le trésor que l’on trouve ici c’est une parenthèse
de rêve et de poésie, c’est la possibilité de porter un regard émerveillé
d’enfant sur ce qui brille, ce qui scintille, ce qui s’apparente à de la magie.
Ce théorème imaginaire est une bien agréable proposition pour s’immerger dans la réflexion :
réverbération, diffusion, rayonnement, miroir… mais aussi la réflexion : pensée,
discernement, perception, introspection…
Le Théorème de Narcisse de Jean-Michel
Othoniel au Petit Palais
Depuis le 28 septembre 2021 jusqu'au 2 janvier 2022.
Entrée gratuite