dimanche 15 mai 2011

Kubad Abad, vestiges d’un palais seldjoukide

En Turquie, les sites antiques sont innombrables et beaucoup d’entre eux offrent une vision très pédagogique sur la période gréco-romaine. Des fouilles méthodiques sont organisées et se prolongent des décennies. Pour n’en citer qu’un exemple, la très touristique Ephèse n’en finit plus de livrer ses trésors enfouis et les sponsors se pressent pour financer les travaux archéologiques à grande échelle. Tous n’ont pas la même renommée mais de nombreux sites bénéficient de l’intérêt des universitaires européens pour l’architecture remarquable de cette époque.

De la période médiévale, il subsiste cependant de nombreux vestiges qui mériteraient d’attirer davantage l’attention. Beçin, à proximité de la ville de Milas en est un exemple. Le palais d’été de Kubad Abad en est un autre que je souhaitais voir depuis longtemps, et encore plus après avoir lu le roman de Gisèle, La Sultane Mahpéri, éd. Gitap, 2004.

Nous connaissons de cette période des édifices religieux intégrés à l’habitat anatolien ou des caravansérails isolés au bord des routes mais les traces de constructions administratives ou résidentielles sont plus rares.

Un détour vers Beyşehir, permettra d’alimenter une imagination vagabonde aiguisée par la visite des musées de Konya : merveilleuses céramiques seldjoukides admirées dans l’ancien medrese de Karatay, carreaux décoratifs reproduisant des scènes de la vie de cour avec des personnages princiers, des animaux réels ou fabuleux, d’élégants motifs végétaux et quelques exemples d’une vaisselle raffinée aux couleurs caractéristiques ou bien, les admirables sculptures sur pierre ou sur bois conservées dans l’ancien medrese Ince Minare.






Pour arriver au palais d’été du sultan Alaeddin Keykubad édifié vers 1235 par l’architecte et vizir Saadeddin Köpek, il faut aujourd’hui contourner par le sud le lac de Beyşehir sur une soixantaine de kilomètres depuis la ville du même nom et suivre une route en lacet bordée, en ce mois de mai, d’un paysage verdoyant et fleuri, fréquentée par les bergers et leurs troupeaux, par des bovins placides peu impressionnés par la présence d’un véhicule incongru, par des chevaux en liberté plus effarouchés, des ânes profitant d'un moment de repos...





La vision fugitive d’un renard traversant comme l’éclair à quelques mètres devant les roues ne nous a laissé que le temps d’exprimer un « oh ! » de surprise… Que dire des chants d’oiseaux pour qui ces lieux sont un véritable paradis, de ce vol de cigognes, de ce héron blanc plantant ses échasses au bord du lac en quête de nourriture, de la flore délicate...



En approchant du village Yenişarbademli, les amandiers en fleurs complètent le tableau déjà éblouissant composé par les eaux vertes du lac à droite de la route et les pics enneigés de la montagne Dedegöl sur la gauche.



Nous arrivons sur le site désert de Kubad Abad. Le gardien occupé un peu plus loin nous fait signe d’entrer.

Les fouilles de cette année n’ont pas encore commencées. Elles reprendront dans quelques temps pour 2 ou 3 mois comme depuis 30 ans déjà.
Elles sont dirigées par la Prof. Dr. Rüçhan Arık, auteure d’un superbe ouvrage illustré (en turc) qui relate ses recherches et sa passion : Kubad Abad, Selçuklu Saray ve Çinileri, Türkiye İş Bankası Yayınları, 2001. Elle fut l’élève de l'archéologue allemande Katarina Otto qui entama les premières explorations du site en 1964.

Sur place, pas de panneaux explicatifs. Celui-ci est visible au musée Karatay (Konya).

On se promène entre les ruines des nombreux bâtiments en s’imprégnant d’une atmosphère d’un autre temps, guidé par les réminiscences littéraires et muséales dans un environnement magique.


Tentons d’imaginer les réceptions, les divertissements mais aussi les intrigues, les complots, les conciliabules concernant la menace mongole du redouté Gengis Khan, la vie quotidienne et administrative, tous les événements dont ces murs ont été les témoins muets au cours d’une période éphémère. Les lieux seront définitivement abandonnés à la fin du 13e siècle quand les Seldjoukides de Roum auront perdu tous leurs pouvoirs. On ne peut que remercier et encourager universitaires et étudiants qui s’emploient aujourd’hui à en préserver les vestiges.









7 commentaires:

  1. bonjour
    au risque de passer pour un charmeur, je trouve votre reportage magnifique, a la fois historique et dans le présent, très vivant, merci

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  2. Sans fausse modestie, j'ai apprécié ce commentaire élogieux et vous en remercie bien cordialement.

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  3. Merci beaucoup pour ce reportage sur ce lieu que j'adore et merci d'avoir mis mon roman a l'honneur !
    Ah! Quelle nostalgie en voyant ces images ! Mais je me console en me disant que j'y retournerai cet été, avant de finir mon second tome !

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  4. Bonjour "entre deux rives"
    J'ai à nouveau lu votre reportage que je trouve très bien, dans le détail, c'est vrai que cette voute étoilée est magnifique. La façon dont vous en parlez aussi
    Merci beaucoup

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  5. Je prends enfin le temps de lire ce vieil article qui me rappelle de biens beaux souvenirs également lors de ma visite guidée du site - auquel j'ai consacré un article également - en août 2009 avec Rüşan hanım qui a aussi eu un billet la concernant sur "Du bretzel au simit". Elle le mérite bien, passionnée et passionnante qu'elle est !

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  6. Je suis trés contente de faire contact avec vous :) Je apprends français et je suis turc. Je vais suivre votre blog avec curiosité! XxX

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    1. Le partage est la raison d'être de ce blog. Je suis heureuse qu'il ait retenu votre attention. Bonne continuation dans votre apprentissage de la langue française. Amicalement.

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