mercredi 28 juillet 2021

Auto-cueillette de fraises en Thrace

En sillonnant la Thrace turque en été on est impressionné par les étendues jaunes de tournesols à perte de vue. Agriculture industrielle et secteur économique important du pays qui placent cette production de graines oléagineuses au 6e rang mondial.
Mais en cherchant bien on peut trouver d’autres couleurs dans le paysage, comme le bleu lavande de notre dernière escapade.
Optons pour le rouge cette fois.
A 45 km au nord de Tekirdağ en passant par Muratlı, on arrive au village d’Alacaoğlu. Des pancartes indiquent la destination, Çilek Evi (maison de la fraise). La couleur de la maisonnette permet un facile repérage !


Le parking à proximité est déjà bien rempli. Apparemment la communication fonctionne mieux que pour le jardin de lavande visité au village d’Önerler!
Et surprise il y en a ici aussi une belle surface. 



Trop tard pour profiter de la floraison photogénique, mais pas de l’atmosphère parfumée. La plante odorante commence à sécher sur pied et quelques bouquets sont en vente.
La star n’est évidemment plus la lavande, mais les 100 milles plants de fraisiers alignés sur 12 hectares et pris d’assaut par des familles en quête d’une activité ludique et utile.


Concept qui fait de nombreux adeptes en France, l’auto-cueillette est appréciée ici aussi.
Un libre-service en plein air, le circuit le plus court entre producteurs et consommateurs qui convient particulièrement bien à la fragilité des fruits rouges.
Sensibilisé aux dangers sanitaires générés par l’agriculture intensive utilisant engrais et pesticides chimiques en abondance dans la région, le propriétaire actuel des terres est revenu dans son village natal à la mort de son père pour lutter modestement contre ce fléau. Il déclare être un lecteur assidu des ouvrages évoquant la permaculture qui ont influencé ses réflexions et sa décision de faire de son activité agricole le lieu d’une prise de conscience, d’un retour vers des savoirs ancestraux. Sa grand-mère lui expliquait déjà la nécessité de planter du maïs à proximité des haricots. Les plantes horticoles sont plus résistantes en échangeant leurs propriétés.
Çilek Evi veut être un lieu de partage, d’apprentissage, de transmission. Il est important que les adultes respectueux veillent à ce qu’enfants ou petits-enfants ne cueillent pas n’importe quoi, n'importe comment.
Ce n’est évidemment pas toujours le cas et cela explique le prix relativement élevé du kilo de fraises.
Mais le plaisir de découvrir les fruits cachés sous les feuilles, de remplir patiemment la barquette (regrettablement en plastique) fournie à l’entrée, la garantie d’une production bio, la promesse d’une dégustation savoureuse, vaut bien un surcoût. La prochaine fois je n’oublierai ni mon panier, ni mon chapeau de paille !


Il y a aussi des framboises sur 8 hectares, mais pour le moment non accessibles au public. Du petit épeautre est également cultivé à titre expérimental.
 
Un espace de repos avec rafraichissement et petite restauration ainsi qu’une aire de jeux pour les enfants jouxtent la maisonnette.


Mais plus assez de fraises pour en proposer un jus fraichement pressé aux visiteurs. Même le parfum fraise manque à la carte des glaces industrielles ! Plus de ventes de confitures mais encore quelques cheese-cakes à déguster.
Çilek Evi semble victime de son succès ! A sa décharge, le moment était un peu mal choisi pendant les jours fériés de la fête du sacrifice.
 
La cueillette aura cependant permis de diversifier ma production saisonnière. Aux traditionnels pots de confiture d’abricots du jardin, s’ajoutent cet été, quatre pots de confiture de fraises… dont déjà un d’englouti !


 

jeudi 1 juillet 2021

Senteurs de l’été

En Turquie, la province d’Isparta, la "Provence turque", est réputée pour ses roses aux parfums délicats, mais aussi pour ses impressionnants jardins de lavande, en particulier ceux du village de Kuyucak : au moins 80% de la production nationale y est récoltée. Une telle densité ne passe pas inaperçue et sans surprise, les étendues bleues et odorantes attirent les visiteurs de mi-juin à fin juillet.

 
Plus septentrionale, la Thrace s’est lancée aussi dans la culture de cette spécialité horticole depuis peu. Entreprise plutôt inattendue quand on connait la rigueur du climat hivernal de la région, mais certaines variétés ne semblent pas en souffrir. La chaleur estivale et la sécheresse leur conviennent pour libérer l’huile essentielle convoitée.
L’été dernier, les actualités régionales mentionnaient déjà cette production alternative qui prend parait-il de l’ampleur dans toute la province de Tekirdağ, connue jusqu'à présent pour ses tournesols et ses vignes. Une nécessité économique pour diversifier les productions sans avoir recours à l’irrigation.
Bien que les municipalités concernées tentent de faire la promotion de cette nouveauté, pariant en prime sur l’attrait touristique, la communication est encore embryonnaire.
Après quelques errances infructueuses, nous en avons finalement trouvé un beau champ à Önerler, petit village à proximité de la ville de Çorlu. 



Les visiteurs ne se bousculent pas et aucun produit n’est commercialisé sur place pour le moment. La cueillette est strictement interdite mais les abeilles butinent avec ardeur.
Des éléments de décor très kitsch sont malheureusement disséminés dans les rangs et censés motiver les photographes. 


J’ai bien tenté de les éviter dans mes cadrages au détriment de la perspective des alignements de touffes colorées.
Pas encore de quoi inquiéter le centre producteur d’Isparta, mais des débuts prometteurs sont à suivre.


Si j’apprécie le spectacle offert par la culture de cette plante aromatique aux nombreuses vertus, si même je suis tentée par d’audacieuses touches d’originalité culinaire ou quelque prescription thérapeutique, je suis beaucoup moins sensible à son parfum et ses utilisations cosmétiques.
 
Pour un éphémère plaisir olfactif je préfère la floraison des deux tilleuls de mon jardin qui embaume en ce moment l’atmosphère. 


Il est encore temps d’en faire provision pour des infusions hivernales apaisantes, mais déjà quelques fleurs se fanent et bientôt les senteurs exquises vont s’estomper puis disparaitre. Les abeilles qui en ont tiré tout le nectar vont partir butiner ailleurs…


On continuera d’apprécier cependant l’allure majestueuse de cet arbre et l’ombre fraiche de son feuillage. Ce n'est pas Mimi, qui va me contredire!