En sillonnant la Thrace turque en été on est impressionné
par les étendues jaunes de tournesols à perte de vue. Agriculture industrielle
et secteur économique important du pays qui placent cette production de graines
oléagineuses au 6e rang mondial.
Mais en cherchant bien on peut trouver d’autres couleurs
dans le paysage, comme le bleu lavande de notre dernière escapade.
Optons pour le rouge cette fois.
A 45 km au nord de Tekirdağ en passant par Muratlı, on arrive
au village d’Alacaoğlu. Des pancartes indiquent la destination, Çilek Evi (maison de la fraise). La
couleur de la maisonnette permet un facile repérage !
Le parking à proximité est déjà bien rempli. Apparemment
la communication fonctionne mieux que pour le jardin de lavande visité au
village d’Önerler!
Et surprise il y en a ici aussi une belle surface.
Trop
tard pour profiter de la floraison photogénique, mais pas de l’atmosphère
parfumée. La plante odorante commence à sécher sur pied et quelques bouquets
sont en vente.
La star n’est évidemment plus la lavande, mais les 100
milles plants de fraisiers alignés sur 12 hectares et pris d’assaut par des
familles en quête d’une activité ludique et utile.
Concept qui fait de nombreux adeptes en France, l’auto-cueillette est appréciée ici aussi.
Un libre-service en plein air, le circuit
le plus court entre producteurs et consommateurs qui convient particulièrement
bien à la fragilité des fruits rouges.
Sensibilisé aux dangers sanitaires générés par
l’agriculture intensive utilisant engrais et pesticides chimiques en abondance
dans la région, le propriétaire actuel des terres est revenu dans son village
natal à la mort de son père pour lutter modestement contre ce fléau. Il déclare
être un lecteur assidu des ouvrages évoquant la permaculture qui ont influencé
ses réflexions et sa décision de faire de son activité agricole le lieu d’une
prise de conscience, d’un retour vers des savoirs ancestraux. Sa grand-mère lui
expliquait déjà la nécessité de planter du maïs à proximité des haricots. Les
plantes horticoles sont plus résistantes en échangeant leurs propriétés.
Çilek Evi veut être un lieu de partage, d’apprentissage, de
transmission. Il est important que les adultes respectueux veillent à ce
qu’enfants ou petits-enfants ne cueillent pas n’importe quoi, n'importe comment.
Ce n’est évidemment pas toujours le cas et cela explique
le prix relativement élevé du kilo de fraises.
Mais le plaisir de découvrir les fruits cachés sous les
feuilles, de remplir patiemment la barquette (regrettablement en plastique)
fournie à l’entrée, la garantie d’une production bio, la promesse d’une
dégustation savoureuse, vaut bien un surcoût. La prochaine fois je n’oublierai
ni mon panier, ni mon chapeau de paille !
Il y a aussi des framboises sur 8 hectares, mais pour le
moment non accessibles au public. Du
petit épeautre est également cultivé à titre expérimental.
Un espace de repos avec rafraichissement et petite
restauration ainsi qu’une aire de jeux pour les enfants jouxtent la
maisonnette.
Mais plus assez de fraises pour en proposer un jus
fraichement pressé aux visiteurs. Même le parfum fraise manque à la carte des
glaces industrielles ! Plus de ventes de confitures mais encore quelques cheese-cakes
à déguster.
Çilek Evi semble victime de son succès !
A sa décharge, le moment était un peu mal choisi pendant les jours
fériés de la fête du sacrifice.
La cueillette aura cependant permis de diversifier ma
production saisonnière. Aux traditionnels pots de confiture d’abricots du jardin, s’ajoutent cet été, quatre pots de confiture de fraises… dont déjà un
d’englouti !
Ça donne envie...
RépondreSupprimerBravo, rares sont les fraises non traitées, ça fait plaisir de découvrir qu'il y a des Turcs qui s'intéressent à la question.
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