samedi 31 mars 2018

Loupot : un affichiste bien inspiré


La bibliothèque Forney, dans le médiéval Hôtel de Sens du Marais, reconverti en bibliothèque des arts graphiques et des métiers d'art de la Ville de Paris (déjà présentée ici et pour d’autres expositions), offre une belle occasion de colorer ce mois de mars plutôt maussade.



L’exposition temporaire de cette saison retrace dans un parcours chronologique la carrière de Charles Loupot (1892-1962), mettant l’accent sur l'évolution stylistique et la diversité artistique que ce grand affichiste a mis au service de la communication publicitaire en cette première moitié du 20e siècle.


De ses débuts baignant dans une atmosphère de luxe et de mode, fraîchement diplômé de l'école des Beaux-arts de Lyon, il va progressivement styliser ses dessins jusqu’au minimalisme. Il est incontestablement l’un des représentants en France du style Art Déco.

Ses premières compositions en Suisse (1915-1923) sont remarquées pour leur élégance et leur puissance évocatrice.






Un tournant graphique plus géométrique se profile à partir de 1925 et l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes.


Sobriété et complémentarité de la composition et du lettrage deviennent la ligne graphique caractéristique du « peintre en affiche ».


Il semble très inspiré par la vitesse des nouvelles automobiles qu’il dessine en plein élan, prêtes à sortir de l’affiche


Il est le créateur du « bonhomme en bois  » des Galeries Barbès


Inventa le personnage des peintures Valentine


Il retoucha à plusieurs reprises les garçons de café de l’apéritif Saint-Raphaël






Modernisa le fameux livreur “Nectar” de chez Nicolas, jusqu’à sa plus simple expression


    

Il impose son trait expressif, lumineux, épuré… et même dénudé pour Ambre solaire en 1936 (année des premiers congés payés!)


Illustra bien d'autres marques...



Pour finir dans la rigueur et l’abstraction en 1960 avec la création du logo Air Liquide, utilisé jusqu’en 2017.


 Une belle démonstration de l’expression artistique au service de l’efficacité publicitaire qui ne devrait pas manquer d’intéresser un large public et en particulier... les créateurs en scénographie commerciale.



Du 23 janvier au 26 mai 2018, du mardi au samedi de 13h à 19h.
Entrée gratuite, Bibliothèque Forney, 1 rue du figuier, Paris 75004.

dimanche 25 mars 2018

Les murs à pêches, une curiosité de Montreuil


C’est bientôt la saison des murs à pêches ! D’avril à fin septembre, les dimanches après-midi, des passionnés de ce patrimoine original accueillent les visiteurs dans ces parcelles verdoyantes curieusement cloisonnées.


C’est au 16e siècle que l’idée de cultiver des pêchers en région parisienne aurait germé ! Pour palier au climat pas très favorable on inventa la technique du palissage. Les pêchers furent plantés en espalier contre des murs recouverts de plâtre dont l’orientation était judicieusement calculée pour emmagasiner la chaleur du jour et la restituer la nuit. Ce "radiateur solaire" s’avéra très bénéfique  au développement des fruits.


On multiplia donc sur les hauteurs de Montreuil la construction de ces murs à pêches et au 17e siècle, la production avait gagné une grande réputation. Les fruits savoureux, les meilleurs de France, étaient servis aux tables des souverains de toute l’Europe.
Au début du 19e siècle, 320 hectares quadrillés de 300 kilomètres de murs permettaient de récolter jusqu’à 2000 tonnes de pêches!
Ces parcelles abritées fournissaient aussi des espaces privilégiés pour cultiver des fleurs, des plantes maraîchères et médicinales, qui alimentaient les marchés de la capitale.
Mais l’avènement des chemins de fer changea la donne. Les pêches de Provence, plus précoces et désormais rapidement acheminées vers Paris concurrencèrent durablement la production montreuilloise. Le déclin fut rapide et l’urbanisation fit le reste.


Une trentaine d’hectares seulement et 17 kilomètres de murs témoignent aujourd’hui de ce glorieux passé horticole. Bien que le site ait été classé en 2003 par le ministère de l’Environnement, sa protection est menacée.
Associations et fédération s’emploient à mettre en valeur et faire connaitre ce patrimoine exceptionnel.
Beaucoup de parcelles sont en friche mais quelques unes sont cultivées par les habitants et les associations. Des murs font l’objet de restauration au gré des financements et des autorisations.


Chaque année un festival est organisé. Ne ratez pas ce pittoresque rendez-vous le dimanche 20 mai dès 10h, avec visites des jardins, installations Land art, débats, restauration de murs, concerts acoustiques, théâtre, danse, ateliers pour enfants, pique-nique, expositions…
C’est l’occasion de découvrir un lieu et une histoire bien trop méconnus aux portes de Paris.


Pour en savoir plus : un dépliant