jeudi 11 juillet 2019

Des arbres habillés en Thrace


Ça fait bien longtemps que les fils de laine, aiguilles et crochets s’invitent dans les sacs de plages et côtoient crèmes solaires et serviettes de bain, en bordure de la Marmara.
Cette année une étape a été franchie… Après les réalisations frénétiques de châles, de tuniques, de plaids et housses de coussins, de pochettes et autres accessoires, les tricoteuses ont habillé les arbres de rosaces et résilles colorées.


Il parait que c’est du yarn bombing, mode d’expression un peu kitsch, né il y a une dizaine d’années aux États-Unis.
Je préfère généralement les troncs à l’état naturel avec tout au plus une couverture de mousse, et ne vois pas trop la nécessité de cacher leur écorce… mais les "artistes" ont l’air tellement satisfait du résultat que je n’ai pas résisté à vous livrer un aperçu de la version turque.




Après tout on enguirlande bien les sapins, sans hésiter à les sacrifier pour orner les maisons à Noël. Pourquoi ne pas les décorer l'été, pour les honorer et les remercier de l'ombre bienfaisante qu'ils nous procurent?



Ces œuvres éphémères ajourées ne doivent pas trop déranger les arbres élus, pas plus que les pompons suspendus à leurs branches et autres pendeloques de laine évoquant, en plus léger, les incontournables boncuk de verre destinés à neutraliser les mauvaises pensées et les traditionnels arbres aux souhaits que l'on peut voir un peu partout en Anatolie, héritage de croyances chamaniques des anciennes populations turques.


jeudi 4 juillet 2019

Une pause sérénité au village de Clédat


En avril dernier, une escapade en Corrèze m’a permis de découvrir un site magique, propice à la méditation, à la concentration des énergies corporelle et mentale, impression renforcée par la présence d’impassibles figures de granit, don d’un sculpteur de la région, Michel Kirsch.




Cette statue ci-dessous n'évoque-t-elle pas un joueur de kemençe ? (instrument de la région de la mer Noire en Turquie)


Celle-ci s’intitule justement : « Sentinelle »


Elles semblent avoir été dressées pour rassembler l’esprit universel sous l’ombrage de chênes séculaires!


On a même surpris un petit lutin dans ses activités forestières…


…Pas très loin d’un parterre de violettes.


Ce moment de sérénité fut prolongé par une pause sur le rocher des jonquilles, tout proche, encore coloré des dernières floraisons et qui offre en toutes saisons un exceptionnel panorama sur la vallée corrézienne.



Une randonnée aux alentours m’aurait bien tentée aussi…


Les villages comme les villes se transforment, s’embellissent ou s’enlaidissent au fil du temps. Quelques éléments architecturaux caractéristiques d’une époque, d’une région sont généralement entretenus et protégés. Les changements surprennent puis sont acceptés avec plus ou moins d’enthousiasme, s’intègrent au paysage en provoquant parfois regrets et nostalgie à la vue de quelques anciennes cartes postales…
Clédat n’a pas survécu assez longtemps pour subir des modifications disgracieuses. Son activité s’est simplement arrêtée en 1963. Les derniers habitants ont déserté avec résignation leur village. L’impossibilité d’adapter les techniques agricoles modernes à la configuration rocheuse de son environnement a privé les villageois de l’essentiel de leurs ressources. 


Et puis la forêt défrichée au 12e siècle a repris rapidement du terrain. Les murs des maisons se sont effondrés, les broussailles ont recouvert inexorablement ce qu’il restait de souvenirs. Après 8 siècles d’existence, Clédat s’est endormi dans son écrin de verdure, bercé par les chuchotis de sa source miraculeuse.




L’histoire de ce village remonte au moyen-âge, quand l’évêque de Limoges décida de créer à cet emplacement un relais pour les voyageurs et les pèlerins. Un hospice et une chapelle furent construits. Des paysans s’établir alentour, donnant naissance au village qui se développa jusqu’au 17e siècle. Malgré la disparition de l’hospice, la chapelle et la fontaine dédiées à sainte Magdeleine restèrent un lieu de pèlerinage jusqu’au 20e siècle.

Et puis en 1998, l'association “Renaissance des Vieilles Pierres entre Millevaches et Monédières” s’est mobilisée pour que ce village corrézien ne tombe pas dans l’oubli, qu’il devienne un lieu privilégié, témoin d’un passé révolu. La chapelle romane et a été restaurée, les ruines dégagées, la fontaine retrouvée, la dernière maison debout remise en état avec son toit de chaume et son fournil.




L’objectif n’est évidemment pas de repeupler le village mais de lui donner une nouvelle vie, d’y provoquer des rencontres, des échanges, la transmission d’un héritage, en multipliant les événements culturels sur le thème "Patrimoine et Nature à Clédat". La fête des roses se déroulera cette année le dimanche 21 juillet. (Programme 2019).
Ce n’est sans doute pas le meilleur jour pour profiter de la sérénité, mais sans doute l’occasion d’en apprendre davantage et de soutenir cette initiative remarquable sans laquelle les vestiges de ce village auraient disparu.