dimanche 27 septembre 2020

Lodos, vent du sud qui bouscule

De tout l’été, il a épargné les côtes européennes de la Marmara. La mer était si calme qu’on y voyait les poissons comme dans un aquarium… Ce n’est pas toujours le cas. Parfois il prend un malin plaisir à brasser les flots qui se chargent de sable et d’algues, rendant la baignade nettement moins agréable pendant quelques jours.

Dans la nuit de samedi, le Lodos a brusquement soufflé en rafales, agitant les feuillages avec tant de violence que le sommeil en fut perturbé.

Au petit matin le spectacle était impressionnant. Décor inhabituel pour les résidents qui les autres années ont déjà regagné la ville, en ce début d’automne. Les embarcations, que la veille encore le Poyraz balançait doucement de sa brise fraiche, ont été bien malmenées par les vagues écumantes, risquant à tout moment de rompre leurs amarres.



La jetée amovible n’a pas résisté longtemps aux assauts, se détachant de la passerelle pour suivre sans entrave le mouvement ondulatoire imposé par les éléments.


Elle fut démontée dans l’après-midi dès que le vent et la mer se furent quelque peu assagis.   

Après le passage de ce vent capricieux bousculeur de paysage, le ciel devint lui aussi moins limpide. Le crépuscule fut ce soir là particulièrement fascinant.





 

mercredi 23 septembre 2020

Marché de village en Thrace à la saison des « Turşu »

 Assignée à résidence d’été mais il y eut, malgré tout, l’hebdomadaire ravitaillement au marché de Yeniçiftlik, les samedis.



L’été s’en va à petits pas, et les étals toujours aussi colorés ont cependant changé d’allure. C’est la saison des fraises d’automne et elles se font remarquer ! Elles pavoisent maintenant en compagnie des poires, des raisins, des pommes, des figues, des cornouilles, des premières mandarines à peau verte et des dernières pêches. Melons et pastèques ont encore du succès.


Après les montagnes de tomates qui se sont vendues par cagettes pour se faire stériliser en bocaux, c’est le tour des légumes destinés à la conservation en saumure. Et ici les cornichons ne sont pas les seuls concernés !

Les piments et poivrons divers, doux ou forts, les choux blancs, tomates vertes, carottes, haricots verts, et parfois les aubergines vont se retrouver baignant dans la mixture salée et vinaigrée qui va les rendre tendres et croquants à souhait pour accompagner tous les plats de l’hiver…






De même cette curieuse cucurbitacée nommé acur en turc, entre le concombre et la courgette et qui peut mesurer jusqu'à 1 m de longueur.

De la même famille, ce petit melon que l’on appel kelek, n’a pas eu l’occasion de terminer sa croissance en temps voulu, mais il est bien décoratif et participera à la farandole des saveurs.

Pour désigner cette conserve de légumes variés un seul nom : Turşu (prononciation : tourchou) qui fait saliver les amateurs, et ils sont nombreux !

Je croyais qu’une fois les bocaux remplis de leurs ingrédients, il était impératif de les conserver dans un lieu sec à l’abri de la lumière pendant au moins trois semaines, avant consommation. 


Apparemment ceux de la voisine apprécient les bains de soleil en plein milieu du jardin. Ou bien est-ce pour se faire admirer ? 

L’occasion était trop belle et méritait bien la photo ! Rien ne manque, pas même les pois chiches et les gousses d’ail nécessaires à la bonne maturation et conservation de cette remarquable réalisation.  En guise de félicitations il convient de dire « Ellerinize  sağlık! » (Traduction de cette expression qui n’a pas d’équivalence en français : santé à vos mains !)

 

mardi 1 septembre 2020

Assignée à résidence d’été

Entre baignade, lecture et jardinage, les semaines se sont succédé dans un environnement plutôt privilégié.


Monotonie de la répétition, absence de fantaisie, prudente mise en pause des festivités estivales, des vagabondages impromptus, des escapades improvisées, des réunions familiales ou amicales insouciantes… Il a bien fallu s’adapter à ces restrictions afin de se comporter de façon respectueuse et responsable envers les autres.

Et puis d’autres turbulences venues s’ajouter à la crainte de la situation sanitaire et économique ont aiguisé la conscience de notre vulnérabilité tout au long de cet été décidément pas comme les autres.

Pour remplir des journées trop longues, pour tenter de chasser les inquiétudes, il ne restait plus qu’à se concentrer sur des activités simples et les apprécier.

Une marche matinale pour savourer la liberté de circuler fut souvent suivie de quelques lents mouvements de Qi Gong afin de maintenir un équilibre mental en maitrisant le souffle autant que possible. Une méditation devant l’étendue des flots avant que le soleil ne darde trop fort ses rayons ne fut pas superflue pour éloigner les idées toxiques en laissant le regard s’attarder sur quelques barques de pêcheurs, ponctuant parfois de virgules la ligne d’horizon.

Au fil des semaines, il y eut la récolte des abricots dont les tout premiers, début juillet.


Puis la cuisson des confitures, production maison qui aurait été plus abondante si des chapardeurs n’avaient nuitamment délesté les branches de la moitié de leurs fruits…

La récente récolte des poires fut plus généreuse que l’année passée malgré la faible croissance de l’arbre planté en 2013, bien moins rapide que celle d’Elvan qui depuis ses premières compotes a exprimé une préférence pour ce fruit.


Il n’aura pas eu l’occasion de les cueillir ni d’en manger cette année ! Pas dégusté non plus la tarte pomme/poire. Il a passé loin d’ici, en Corrèze, ses vacances et c’est aujourd’hui pour lui la rentrée en CE2…


Comme les précédents étés j’ai ramassé les fleurs de guimauve, les pignons de pin, et généreusement garni en simit les mangeoires suspendues aux branches du sapin pour le plaisir d’entendre chanter les mésanges, les regarder picorer les graines de sésame.


Il y en avait une nouvelle cette année accrochée au tilleul, confectionnée et joliment décorée en avril par Elvan.

 

En soirée il y eut des crépuscules colorés, des nuages aux allures d’anges, des clairs de lune scintillants…




 

Et tout au long des journées, la compagnie de Mimi, chat fidèle qui revient depuis sept années consécutives réclamer sa pitance et surtout des câlins. Pas rancunier, il vient se frotter dans nos jambes dès le premier jour de notre arrivée en guise de bienvenue. Appréciant en épicurien le confort des coussins pendant quelques mois, il semble s’être résigné avec sagesse à une vie moins facile le reste du temps. Une sorte de vagabond apprivoisé et pacifique, se tenant à bonne distance des conflits qu’entretiennent parfois ses congénères.

 

Depuis deux semaines, les cigognes se sont rassemblées dans le ciel en préparation du grand départ. 




Généralement c’est aussi le signal de la migration des citadins vers la ville, mais cette année, il est bien possible qu’ils s’attardent davantage dans cet environnement rural et peu touristique de Thrace orientale pour tenter d’échapper à la promiscuité urbaine où le virus redouté circule plus activement, faisant planer sur les prochains mois une nuée d’incertitudes.