vendredi 26 avril 2019

Le Café des Chats du 11e arrondissement de Paris


Quand je quitte Istanbul pour un séjour parisien plus ou moins prolongé mon regard finit toujours par chercher la présence même fugitive d’un compagnon poilu à quatre pattes. Je ne parle pas des chiens qui ne risquent pas de se faire oublier à Paris ! Les trottoirs portent suffisamment les traces tangibles des incivilités de leurs propriétaires.
Les chats, n’ayant pas cette contrainte de sorties quotidiennes pour satisfaire leurs besoins naturels, restent invisibles, savourant le confort des canapés et des coussins… Ainsi se passe la vie tranquille d’Isis et Haendy chez Perine et Alex.


Si à Istanbul, ils sont une caractéristique de la ville, (voir le film de Ceyda Torun, « Kedi » réalisé en 2017, et aussi un récent article du magazine GEO), protégés, nourris, répertoriés par puces électroniques, stérilisés par les particuliers et les services municipaux, à Paris le vagabondage n’est pas de mise pour les félins. Il y en a parait-il dans le quartier des Halles, à Montmartre, à Belleville et ailleurs, mais ils se font discrets, façon clandestins. Pas de minet arpentant avec désinvolture les trottoirs, les parcs et les jardins, ni se prélassant sur les bancs publics.

Alors pour voir de près quelques moustaches, on peut aller au Café des Chats, 9 rue Sedaine, à proximité de la place de la Bastille. 


Galerie de portraits des occupants permanents pas toujours visibles:



Quelques uns s'approprient le mobilier dans des poses nonchalantes. Ils ne sont visiblement pas en manque de caresses, ni de nourriture. Ils ne quémandent rien. Ils daignent juste se laisser photographier et admirer dans une indifférence hautaine à l’exception de Salem qui accepte momentanément un gratouillis sur le ventre.


Izmir, la petite chatte angora n’a pas interrompu sa sieste ni soulevé les paupières pour découvrir ses yeux vairons.


Gavroche n’a pas quitté son piano. Il a juste changé de position pour se faire photographier d'un côté puis de l'autre.


  
Si vous aviez espéré plus de familiarités du genre boule de poils ronronnant sur vos genoux, vous serez sans doute un peu déçu… Mais les règles sont strictes : interdiction de les déranger ou de les attirer avec la moindre miette.


Le personnel n’est pas beaucoup plus actif que les minous et pour se faire servir il ne faut pas être pressé. On ne vient pas ici pour manger sur le pouce mais pour passer un agréable moment en bonne compagnie dans un décor style brocante adapté au confort des clients, et aussi celui des chats qui peuvent éventuellement se percher pour prendre un peu de distance ou faire un brin d’exercice sur le parcours mural.
   


D’autres lieux leur sont réservés que je n’ai pas encore testés :
Le Moustache Café, 10 rue Raymond Aron – 13e
Le Chat Mallows Café, 30 rue des Volontaires – 15e, sur réservation uniquement.
La SPA a prévu d’ouvrir prochainement la Maison des Chats, 41 rue Beaubourg – 3e, afin de présenter ses actions dans un espace d'échanges et de débat autour de la protection animale et des rapports entre les hommes et les animaux. Plus accessible aux Parisiens que les locaux de Gennevilliers, ce lieu proposera aussi à l’adoption quelques malheureux abandonnés.


samedi 20 avril 2019

Floraison printanière dans le jardin du Collège des Bernardins


Du Paris médiéval, on dénombre quelques vestiges qui ont échappé aux destructions lors des grands réaménagements urbains.
Dans le quartier du Marais, l’Hôtel de Sens abrite aujourd’hui la bibliothèque Forney et des expositions temporaires très attrayantes.
Deux maisons du 15e siècle, aux numéros 11 et 13 de la rue François Miron, ont retrouvé leur allure médiévale avec leurs colombages apparents, depuis une restauration des années 70.


Au cœur de Paris, la cathédrale Notre-Dame (du 12e au 14e siècle), récemment endommagée par un incendie.
La Salle des Gens d’armes de la Conciergerie (1302 – 1313)
La Sainte Chapelle
La Tour Jean Sans Peur
L'Hôtel de Clisson (1375) héberge les Archives nationales.
Dans le Quartier Latin, les édifices les plus connus pour cette période sont l’Hôtel de Cluny (fin du 15e siècle) – aujourd’hui, Musée national du Moyen Âge et l’Eglise Saint-Sévérin (du 13e au 15e siècle)
Et puis il y a le Collège des Bernardins.
L’abbé de Clervaux le fit construire en 1248 afin que les Cisterciens puissent étudier la théologie, la philosophie, la littérature à Paris et transmettre cet enseignement à leurs confrères. 


Une église sera construite en 1338 dont il ne reste que la sacristie.



A la révolution française, les moines quittent le collège qui devient bien national. Il servira de prison puis de caserne de pompiers jusqu’en 1995.
En 2001, le bâtiment est racheté par le diocèse de Paris et sera restauré avec l’aide de l’état, de la région et de la ville. A partir de 2008, le Collège des Bernardins, lieu de formation, de réflexion et de création est ouvert à tous.
L’accès de la grande nef, autrefois lieu de vie des moines, est libre.



Longue de 70m et d’une largeur de 14m, la grande salle offre une belle perspective sur les 32 colonnes soutenant les voûtes d’ogives et un modèle sobre et raffiné d’architecture gothique cistercienne.


A l’extrémité conduisant vers la sacristie, elle aussi librement accessible, se trouvent une librairie et la Table des Bernardins où il est possible de se restaurer.


A l’autre extrémité une porte ouvre sur un petit jardin. 



Planté de prunus serotina, communément appelé cerisier d'automne, cerisier noir ou cerisier tardif, il offre en ce moment le spectacle apaisant d’une floraison odorante, bordant des allées bien ordonnées invitant à s’asseoir sur un banc pour contempler le patient travail des abeilles butinant chaque fleur et portant leur précieux fardeau jusqu’aux deux ruches en contrebas. 


Des nichoirs sont disposés dans les branchages pour accueillir les oiseaux et leurs couvées. A l’automne ils se gaveront des petits fruits noirs acidulés.



Collège des Bernardins : 20, rue de Poissy, Paris 75005
Ouvert de 10 à 18h, sauf dimanche et jours fériés
Visite guidée et payante (6 €), à 16h, pour voir le petit et le grand auditorium, et le cellier médiéval.


vendredi 19 avril 2019

Exposition, Jacqueline Duhême : Une vie en couleurs


En ce moment à la bibliothèque Forney, et jusqu’au 13 juillet 2019, tous ceux qui ont su préserver une âme d’enfant porteront un regard émerveillé sur l’univers coloré de Jacqueline Duhême (née en 1927), l’imagière des poètes, comme on la surnomme.




La plupart d’entre vous connaissent ses dessins puisque ce long fleuve d’images commence dès son enfance qui n’a pourtant rien d’un doux cocon, continue de couler tout au long de la 2e moitié du 20e siècle et même après. Louloute et autres histoires de chiens vient de paraître en mars 2019 chez Gallimard Jeunesse.   

Sa rencontre avec Paul Eluard au printemps 1946 fut décisive. Il lui fit connaitre l'avant-garde parisienne du milieu littéraire et artistique. Il écrivit pour elle Grain-d’aile, en 1951, qu’elle illustra… 


...ainsi qu’un récit inachevé, L'enfant qui ne voulait pas grandir, première parution 1980, puis Pocket Jeunesse, 1999.


En 1947, elle entra comme petite main dans l’atelier de Matisse qui lui apprit les techniques artistiques.




Dans les moments difficiles, elle n’hésita pas à solliciter les plus grands auteurs de l’époque, le plus souvent avec succès. En témoigne une correspondance pleine de fantaisie, dont celle-ci adressée à Claude Aveline… qui se concrétisera dans le conte pour enfants : L'Arbre Tic-Tac, 1950



  
Jacques Prévert  l’encouragea en lui confiant l’illustration de ses poèmes… En sortant de l’école chanté par Yves Montant (et autres interprètes) et un conte pour enfants L’Opéra de la Lune, première parution en 1953.




Elle sera l’amie de Pierre et Hélène Lazareff. Dans les pages du magazine Elle, seront publiés, entre autres, ses reportages du voyage du couple présidentiel, John et Jackie Kennedy à Paris en 1961, 


... du voyage du général de Gaulle qu’elle accompagne en Amérique du Sud en 1964, et celui du Pape Paul VI en terre sainte…



La maison du Père Noël paru dans Elle, décembre 1952, No 368


Elle a côtoyé la famille Badinter. La publication de l’ouvrage : Le Livre des droits de l'homme, préfacé par Robert Badinter se fera en 2005 dans la collection Gallimard jeunesse. 


Le voyage en Laponie de Monsieur de Maupertuis d'Elisabeth Badinter sera publié par Seuil Jeunesse en 2003.


Elle obtiendra des textes à illustrer
De Maurice Druon (Tistou les pouces vert, del Duca, 1957 et Gallimard Jeunesse, 1993)
De Claude Roy (Houpi, le gentil kangourou, 1964)


D’Anne Philipe, (Atome, le petit singe de la lune, conte paru en 1970)


De Jules Supervielle (L’enfant de la haute mer, édition illustrée, 1978)


De Vercors (Camille ou l'Enfant double, Paris, Éditions G.P., 1978)



De Jean d’Ormesson (L’enfant qui attendait un train, 1979)


De Gilles Deleuze (L'oiseau philosophie, première publication en 1997 puis Gallimard Jeunesse, 2015)…


Elle est aussi l’auteur de deux autobiographies : Line et les autres, Gallimard 1986, et Une vie en Crobards, Gallimard 2014 dont la couverture est illustrée de son portrait par Matisse.


L’initiation à la tapisserie sera pour elle l’occasion de créer des compositions grand format  l’on retrouve un monde imaginaire et merveilleux.




Pour le centenaire du biscuit petit LU, elle dessine la décoration de la boite en métal en 1985… 


Les vitrines de l’exposition réservent encore bien d’autres surprises.
Une belle rétrospective qui permet de faire plus ample connaissance avec cette artiste talentueuse qui a déployé tout au long de sa vie, une bonne dose de détermination et d’optimisme dans l’accomplissement de sa vocation.

Entrée libre du 12 mars 2019 au 13 juillet 2019, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 13h à 19h.
Bibliothèque Forney,  1 rue du Figuier, 75004 Paris