La forêt urbaine Atatürk est une zone forestière située sur
la corniche surplombant le Bosphore dans le district de Sarıyer.
Environ 110 ha, 12 km de chemins aménagés, aires de jeux
pour enfants, point de vue panoramique, terrain de basket, cafeteria… c’est le
nouvel espace de respiration stambouliote. Il est officiellement ouvert au
public depuis le 20 mai 2020, mais les restrictions de circulation dues à la
pandémie ont retardé sa fréquentation. Son accès est gratuit pour le moment.
Connus sous le nom de Hacıosman
Korusu par les habitants des quartiers proches, les lieux n’étaient plus
vraiment entretenus depuis longtemps. Ce n’est pas une création récente mais un
vestige du paysage arboré des siècles passés comme d’autres ilots de verdure préservés
de l’urbanisation toujours plus étalée d’Istanbul.
Au cours du 20e siècle des espaces privés et
historiques de la période ottomane, furent peu à peu rendus publics. Si Gülhane fut ouvert dès 1916, il fallu
attendre les années 1980 pour flâner dans les allées de Yıldız, d’Emirgan, parcs de
la rive européenne du Bosphore, ou porter un regard plongeant sur le détroit
depuis les hauteurs de la rive asiatique à proximité d’Üsküdar, en fréquentant
les bosquets Fethi Paşa, Validebağ, Cemile Sultan, ou plus au nord aux
alentours
de Beykoz ceux de Hidiv İsmail Paşa et Mihrabat. Portant encore le nom de leurs anciens propriétaires, ils témoignent des
généreuses attributions que les sultans prodiguaient à leur entourage familial
ou gratifiaient les hauts fonctionnaires et diplomates.
Bien qu’offrant d’agréables promenades ces parcs,
autrefois jardins d’agrément, écrins de luxueux pavillons, sont très fréquentés
surtout en fin de semaine. On connait l’attirance des Stambouliotes pour les
espaces verts dès les premiers beaux jours, et même l’option forêt de Belgrad, au prix parfois d’un long et fastidieux
déplacement, ne garantit pas la tranquillité attendue.
Tentée par l’accessibilité en métro de la forêt urbaine Atatürk,
je m’y suis rendue plusieurs fois en semaine depuis janvier, curieuse d’arpenter
cette profonde vallée boisée de nombreuses essences d’arbres dont une trentaine
répertoriée, d’apercevoir les oiseaux attirés par ses étangs offrant un
environnement propice à la reproduction et une nourriture de choix aux rouge-gorge,
troglodyte mignon, merle noir et rossignol, mais aussi canard colvert, poule
d’eau, martin-pêcheur, cormoran et héron cendré.
Par contre n’espérez pas rencontrer sur votre chemin d’autres
pélicans que celui-ci, mis à part son jumeau tout aussi métallique, installé au bord de l'étang.
J’attendais une atmosphère plus printanière pour prendre
d’autres photos de la végétation et de ses éclosions colorées, dont certaines espèces endémiques, mais
l’hiver ne semble pas disposé à céder facilement la place cette année. Alors hier, profitant d’une
accalmie des chutes de neige annoncées sur plusieurs jours, c’était le moment de capter quelques clichés évocateurs.
Pour découvrir la flore il faudra revenir dans quelques
semaines.
En consultant une carte, on s’aperçoit que cette forêt
miniature a été séparée de l’ensemble de la forêt de Fatih et la forêt de Belgrad
par l’axe routier de Büyükdere caddesi desservant, entre autres, le pont Fathi Sultan Mehmet, le quartier de Levent, les gigantesques centres financiers et commerciaux, constructions résidentielles, centres hospitaliers et universitaires du quartier de Maslak. Simple voie d’accès aux forêts par le plateau à partir du 17e siècle et qui ne portait
alors pas préjudice à l’intégrité des lieux, son élargissement radical à partir
de 1950 a fini par isoler cet espace boisé, heureusement préservé et protégé
pour offrir un bol d’air aux citadins.
Atatürk Kent Ormanı : 6 entrées donnent accès à la
forêt urbaine Atatürk dont 2 sont desservies par les stations de métro Darüşşafaka
et Hacıosman de la ligne M2.