mercredi 9 novembre 2022

Expositions au Centre Culturel Coréen

Une proposition d’escapade même virtuelle ne se refuse pas.


A proximité de Seoul, un édifice royal malmené par les tumultes de l’histoire fait depuis 30 ans l’objet d’une reconstruction qui devrait s’achever en 2045. 
Érigé en 1395, Gyeongbokgung, grand palais de la dynastie Joseon (1392-1910), incendié au cours des invasions japonaises de 1592 et 1597, a été laissé à l’abandon pendant près de 270 ans avant d’être finalement reconstruit en 1867, puis délibérément et sévèrement endommagé pendant l’occupation impérialiste japonaise de 1910 à 1945.
Sur le thème « La gloire retrouvée d’un palais royal », on peut voir sur les murs et le sol de l’auditorium une création digitale de 5mn, défilant en boucle et programmée du 7 au 14 novembre 2022.




La renaissance de ce patrimoine précieux est symbolisée par le passage des saisons de l’hiver au printemps avec une profusion de pétales roses de fleurs de cerisiers et ce commentaire: Après l'hiver rigoureux qui s'est abattu sur ce pays tourmenté, Le retour du printemps et de sa beauté fleurie. On n’apprend rien sur les étapes de restauration mais on profite de quelques instants de sérénité dans cette exposition immersive en mapping video. Entrée libre, sous réserve de se déchausser.
 
Une exposition plus classique, et tout aussi gratuite, dévoile les secrets du Najeon, technique millénaire très délicate de l’incrustation de nacre, recouverte de laque.
L’exposition « Najeon, rencontre avec l’éclat intemporel de la nacre » invite le public à découvrir un art issu des siècles passés et qui se réinvente dans les variations contemporaines.


Les pièces exposées, fruits du travail de treize maîtres artisans perpétuant la tradition ou œuvrant dans le domaine de la réinterprétation créative, permettent de retracer l’histoire de cet art traditionnel élevé dès la dynastie Goryeo (918-1392), au rang de trésor national, et de suivre son évolution au fil des siècles pour mieux en apprécier sa délicatesse intemporelle.





*Najeon datant des dynasties Joseon (19e siècle) Les dix symboles de longévité ornant une boite laquée.

 
*Chung Su-hwa. Coffret à sutras à motifs de fleurs de pivoine, 2012. 


*Lee Hyung–man. Gujeolpan (plateau aux neuf délices) à motifs de plantes grimpantes, 2020. Nacre et laque ottchil sur bois



*Yoo Ji-An. « Le flux, vagues extatiques 01 et 02. Un traitement de la nacre très novateur libérant le potentiel de l’éclat brillant de la nacre.



*Kim Hyun-Ju. Série « dessiner un cercle ». Nacre et cuivre, 2020. Association du métal et incrustation de nacre, utilisant aussi la technique de découpe de fines bandes.



*Choi Da-Young, technique de découpe de la nacre en lamelles. Les œuvres renvoient aux motifs traditionnels dans une réinterprétation personnelle. Boite à bijoux à motifs de tissage. Nacre, tissus de chanvre et laque, 2019. 



*Jeong Zik–Seong, Série » peinture moderne de la nacre », 2020.



*Kim Sung -Son « le Ying et le Yang » bleu. Nacre, tissus de chanvre sur bois, laque naturelle ottchil, 2015



 « Najeon, rencontre avec l’éclat intemporel de la nacre » Exposition gratuite d’artisanat d’art coréen, du 29 septembre au 19 novembre 2022, est organisée par le Centre Culturel Coréen sous le patronage du Centre National du Patrimoine immatériel en partenariat avec la Fondation coréenne du Patrimoine culturel, la Fondation coréenne pour l'artisanat et le design, ainsi que la Délégation permanente de la République de Corée auprès de l'UNESCO.
 
 


jeudi 3 novembre 2022

La Cité Internationale Universitaire de Paris

 
Si au cours de mes balades parisiennes, il m’arrive fréquemment d’être à la recherche d’autres architectures capables de réveiller la trop grande unité stylistique haussmannienne, d’apprécier les fantaisies de l'Art Nouveau, les influences venues d'ailleurs, les vestiges d’époques révolues qui ponctuent le paysage urbain et qui font tout le charme de la capitale, il est un lieu qui nous transporte par delà les frontières, faisant fi de la géographie au point d’en gommer les océans et les continents. Ici, la diversité est la priorité. Des réalisations spectaculaires affichent pour certaines des références culturelles tandis que d’autres ont fait le choix d’un courant moderniste.
Fondation hellénique (1932), 24 nationalités. Le bâtiment est un hommage aux architectes de la Grèce antique.


 
La Fondation suisse (1933), 17 nationalités. Sorte de prototype de la “machine à habiter” de Le Corbusier


La Cité internationale fut construite en bordure du parc Montsouris, à l'emplacement d’anciennes fortifications. Sur un vaste terrain de 34 hectares et autour de la Maison Internationale, une quarantaine de « maisons » seront édifiées entre 1923 et 1969 avec les dons privés de grands industriels ou banquiers et des subventions venant de pays du monde entier. 
Ce projet incarnait un idéal humaniste et une utopie pacifiste nés du traumatisme de la première guerre mondiale. Sa création fut motivée par la nécessité de loger convenablement les étudiants et d’assurer le rayonnement de l’université française. Mais les fondateurs, autorités françaises et mécènes, souhaitaient aussi contribuer à la compréhension entre les peuples par le rapprochement des futures élites internationales. Encore aujourd’hui, fidèle à l’idéal de brassage culturel, chaque maison n’accueille pas exclusivement ses ressortissants. Au moins un tiers de ses logements doivent être attribués à des étudiants d’une autre nationalité afin d’éviter le communautarisme et de favoriser le dialogue des cultures. La cohabitation doit se vivre au quotidien.
 
Desservi par les stations éponymes de RER ou du tramway T3 qui ceinture Paris, ce lieu historique unique, presque centenaire, reste bien méconnu du public. Il est pourtant accessible à tous. Pas besoin d’être étudiant pour parcourir en tous sens ces allées piétonnes ombragées et lever les yeux sur ces façades étonnantes. Par contre l’accès aux maisons est limité aux résidents surtout en cette période de vacances de Toussaint, pour d’évidentes raisons de sécurité.
 
A l’entrée principale de la Cité internationale universitaire, la Résidence André Honnorat (1936) était à l’origine un dispensaire puis fut affecté jusqu’en 1968 à l’hébergement exclusif des étudiantes.


La Maison Internationale (1936) construite intégralement grâce à une donation du philanthrope américain John D. Rockefeller Junior, a des allures de château de Fontainebleau. Une aile de cette imposante bâtisse héberge la Résidence Robert Garric créée en 1976, 38 nationalités.


La Fondation Emile et Louise Deutsch de la Meurthe (1925), 61 nationalités. La première et la plus vaste construction du Campus composée de 7 pavillons aux allures de collège anglais.


La Fondation Biermans-Lapôtre (1927) 25 nationalités. Ce bâtiment monumental et ses tourelles évoquent l’architecture traditionnelle flamande et wallonne.


La Fondation danoise (1932) 18 nationalités.


Le Collège franco-britannique (1937), 65 nationalités. Architecture typique de l’ère victorienne avec ses briques rouge sombre, ses toits pentus.


Le Collège d’Espagne (1935), 25 nationalités, inspiré du Palais de Monterrey à Salamanque.


La Maison des étudiants suédois (1931), 20 nationalités. Il évoque un manoir du XVIIIe siècle.



La Maison de l’Italie (1958), 20 nationalités


La maison du Japon (1929), 17 nationalités. Elle est entourée d’un jardin d’agrément miniature : étang, sentier sinueux, rochers, monticules artificiels, clôtures de bambou et lanterne de pierre. Elle recèle une fresque de Fujita.


La Maison du Maroc (1927), 20 nationalités. La seule qui ait consenti à nous ouvrir ses portes, à la faveur d’une exposition temporaire. En prime nous avons pu voir de plus près le patio aux décors de mosaïques.


La Maison de l'Inde (1968 et 2013), 20 nationalités


La Maison du Mexique (1953), 19 nationalités. 


Architecture moderne aux volumes épurés articulés autour d’un patio-jardin central où se trouve une réplique de la « Pierre du soleil », calendrier aztèque de 3,60 mètres de diamètre. 


Sur une façade on peut voir la reproduction d’une frise murale maya.


A l’autre extrémité de la grande pelouse centrale, la Maison de l’Allemagne ou Fondation Heinrich Heine (1956), 24 nationalités.


Une passerelle enjambe l’avenue André-Rivoire pour accéder à la partie Ouest du Parc et ses autres constructions.
La Fondation Rosa Abreu de Grancher ou Maison cubaine (1933), 20 nationalités


La Maison du Cambodge (1957), 39 nationalités. L’édifice classique en forme de U, est enrichi d’éléments décoratifs Khmers, sculptures en granit représentant Anuman, le dieu-singe.


Fondation Lucien Payet (1933), 17 nationalités, bas-reliefs sculptés art-déco.



Maison des étudiants arméniens (1930), 21 nationalités. Un symbole de renaissance pour une nation ayant vécu un génocide en 1915 et la perte de sa souveraineté en 1920 jusqu'en 1991.


Maison des étudiants de l'Asie du Sud-Est (1930) Ancienne Maison de l’Indochine, 27 nationalités


Maison des Provinces de France (1933), 60 nationalités


Un programme d’extension sans précédent prévoit dix nouvelles maisons construites à l’approche du centenaire de la cité.
Résidence Julie-Victoire Daubié, (2018), au nom de la première bachelière de France en 1861, 10 nationalités
La Maison des étudiants de la francophonie, 2020, 52 nationalités


La Maison de l'Ile-de-France (2017)


La Maison de la Corée du Sud (2018) a été récemment inaugurée.
Le Pavillon Habib Bourguiba, la Maison de la Chine, et la Maison de l’Egypte sont en cours de construction



La fondation Avicenne (ancienne maison de l’Iran) est en complète restructuration depuis plusieurs années.
Il n’est aucunement fait mention d’une éventuelle Maison de Turquie, dans l’histoire de la Cité. Ce qui n’implique pas l’absence totale d’étudiants turcs sur le campus.
Milles excuses pour les quelques édifices ayant échappés à mon objectif. Argentine, Brésil, Etats-Unis, Canada, Liban, Monaco, Portugal, Norvège
 
La Cité internationale universitaire semble réunir tous les atouts pour offrir un cadre de vie privilégié aux 6800 étudiants et chercheurs, de toutes nationalités, qui ont eu la chance d’y trouver un hébergement pour quelques jours ou quelques mois. 


L’hébergement n’est pas la seule vocation des lieux, l’épanouissement du corps et de l’esprit font partie du programme en favorisant les rencontres avec des installations sportives et culturelles, grandes pelouses, espaces arborés et jardins, stades, piscine, théâtre, grands salons, bibliothèques, et des studios de musique.
Le lieu le plus cosmopolite de tout Paris où se croisent plus de 150 nationalités est aussi un modèle écologique, précurseur en matière de biodiversité. Ci-dessous un jardin de pluie.



179 espèces végétales différentes 
sont recensées et 52 espèces d’oiseaux nichent sur le campus. Les insectes pollinisateurs sont les bienvenus, ils ont aussi leurs maisons.