lundi 23 août 2021

La suspicion généralisée à l’encontre des Français de l’étranger

 
La lune luit dans le crépuscule orangé mais l’horizon s’assombrit du côté du soleil couchant!
 
 
Pas besoin d’être Afghan (pensée attristée pour leur dramatique situation) pour se sentir indésirable dans l’hexagone! Il suffit par exemple d’avoir eu l’idée saugrenue d’épouser un non Européen et de l’avoir rejoint dans son pays!
Les Français de l’étranger ne sont pas des Français comme les autres, on le savait déjà, et la pandémie a révélé des décisions ubuesques, telle celle de devoir justifier d’un motif très impérieux pour un séjour en France ! Rendre visite à sa famille n’en étant pas un ! Décision révisée depuis mi-mars 2021 par le Conseil d’état après 45 jours d’application stricte, réalisant enfin que c’était une atteinte au droit fondamental qu’a tout Français d’accéder à son pays.
La mise en place du « pass sanitaire » a compliqué sérieusement la vie de ces Français qui n’ont pas renoncé à s’y rendre pour l’été, vaccinés avec les doses disponibles dans leur pays de résidence mais non homologuées par les pays de l’UE, et donc considérés comme non vaccinés. Soumis à une quarantaine stricte à leur arrivée et condamnés à faire des tests à répétition pour boire un café en terrasse, participer à la moindre activité culturelle, ou se faire soigner. (Lire l’article de Gisèle)
 
Ce n’est pas mon cas puisque j’ai fait le trajet inverse. Bloquée en France depuis octobre 2020, je suis rentrée en Turquie en juin (après avoir reçu deux doses d’AstraZenca), pour y passer au moins l’été.
Un employé de la sécurité à Roissy s’est même permis de me demander d’un air désapprobateur ce que j’allais faire dans ce pays !
 
Comme en France, le variant Delta a bouleversé la donne en Turquie et les cas de Covid ont brutalement augmenté. Après deux doses de Sinovac (vaccin chinois) les plus vulnérables ont été convoqués pour recevoir une dose de Pfizer désormais disponible. (Un aveu déguisé de l’efficacité insuffisante du Sinovac ?)
Mais de toute façon, une dose de Pfizer ne suffit pas pour avoir le précieux sésame en France. Problème donc non résolu… une deuxième dose est désormais proposée pour les candidats aux déplacements hors Turquie, mais sur des critères flous. D’un point de vue médical n’y a-t-il pas de risque au sujet de ces vaccinations à répétition ? (4, en à peine 6 mois !) Je n’ai pas les réponses.
 
A cette atmosphère déjà angoissante, sont venues s’ajouter les dramatiques catastrophes climatiques concrétisées par de gigantesques incendies et des inondations meurtrières avec leurs cortèges de critiquables gestions.
 
Et puis coup fatal autant qu’imprévisible, un courrier de la banque LCL dont je suis cliente depuis près de 50 ans est arrivé il y a dix jours m’annonçant une clôture du compte. Sidération !
Depuis la réception de l’avis je tente d’avoir un interlocuteur via messagerie ou téléphone, mais sans succès. La période estivale est frappée d’une pénurie de personnel impressionnante qui n’a cependant pas freiné l’émission ni l’envoi de cette décision arbitraire.
En cherchant des informations à ce sujet sur internet on peut y trouver une littérature abondante mais pas très rassurante !
La fermeture systématique de comptes bancaires en France détenus par des Français de l'étranger est semble-t-il une pratique courante depuis quelques années, qui n’a pas faibli pendant la crise sanitaire, et justifiée par des obligations de vigilance auxquels les établissements financiers sont tenus pour légitimement lutter contre les fraudes, le blanchiment d’argent ou le terrorisme !
Les activités de notre compte ont beau être limpides (approvisionnement régulier et pas un seul découvert, prélèvements automatiques d’impôt foncier, de taxe d’habitation, de cotisations assurances diverses, d’abonnements EDF, Telecom, etc.), nous sommes entrés dans la catégorie des dangereux malfaiteurs ! Et la présomption d’innocence ne nous est pas accordée, malgré le transfert des justificatifs réclamés par la banque en novembre 2020.
 
La problématique est parait-il régulièrement soulevée par les autorités (sénateurs, députés et représentants des Français de l’étranger) et le Président de la République a jugé la situation inacceptable… mais ce ne sont que des mots non suivis de la moindre obligation pour les banques, ni aucune amélioration de la situation.
 
J’ose croire encore à une regrettable erreur, mais sans trop d’illusion…
Si je n’obtiens pas d’explications dans les jours qui viennent, un voyage à Paris en urgence s’imposera pour tenter d’ouvrir un autre compte, opération irréalisable à distance. Cette démarche peut d’ailleurs être refusée en toute impunité aux Français de l’étranger qui n’ont alors pour seul recours de contacter la Banque de France en présentant l’avis de refus et une demande d’exercice du droit au compte. Je vous laisse imaginer les tracasseries administratives et les risques d’impayés si les transferts de prélèvements ne sont pas réalisés à temps.
Un casse-tête supplémentaire provocant angoisses et insomnies dont on se serait volontiers passé en cette période d’abyssales incertitudes.
 
J’aurais préféré vous décrire, photo à l’appui, une prudente escapade dans les environs, mais ce n’est pas au programme du moment !
 
Une touche de fantaisie cependant : la visite inattendue et insistante d’une mante religieuse qui s’est posée sur la porte moustiquaire toute une journée. Mais comme chacun sait, l’hospitalité a ses limites ! Même reconnu inoffensif on se méfie du comportement potentiel de l’intrus…
Découragée par une porte résolument close, le lendemain matin la mante était partie.