lundi 20 février 2017

Les envahisseurs au musée en herbe

Même pour les moins observateurs, impossible de ne pas avoir eu le regard attiré par l’une de ces étranges compositions de carreaux de céramiques collées sur une façade, au coin d’une rue. Surtout que depuis quelques années ils se font moins discrets!
Il y en a plus de 1200 à Paris… Au moins 5 à Istanbul depuis 2003… Près de 3500 sur la planète, dont 2 immergées au fond de l’océan et 1 dans l’espace !



Elles sont l’œuvre d’un artiste français se définissant lui même comme un AVNI, Artiste Vivant Non Identifié et connu sous le pseudonyme Invader.
Il colle incognito et toujours masqué ses envahisseurs de l’espace urbain. Il a commencé en 1998 en s’inspirant de l’iconographie des premiers jeux vidéo (Space Invaders, Galaxian, Tetris…) et en matérialisant les pixels des écrans avec des petits carrés (2,5 X 2,5) ou des carreaux (15 X 15) de céramique, associant ainsi une technique décorative très ancienne, la mosaïque, assemblage de galets (ex: Gordion, 8e siècle av. JC), puis de tesselles (ex: Antakya, 2e et 3e siècles), et une technique très récente, l’image numérique.  
Les sujets se sont diversifiés au fil des années en même temps que l’invasion de 68 villes dans le monde.



Ce phénomène participe au mouvement artistique du 21e siècle, le street art, qui refuse de confiner l'art dans les musées, et a choisi d’offrir ses créations au regard du plus grand nombre dans des endroits stratégiques et parfois inattendus, transformant ainsi les villes en un gigantesque terrain de jeu pour tout ceux qui ont su préserver une part d’enfance... ou le sens de l'humour!



Rien d’étonnant donc à ce que l’artiste Invader ait consenti à exposer pour quelques mois ses œuvres au musée en herbe, s’adressant aux enfants de 3 à 103 ans !
Une excellente occasion d’y emmener Elvan, mon petit fils et de lui faire découvrir cet univers ludique. Des bornes de jeux vidéo d’avant les tablettes, une carte du monde pour situer les mosaïques exposées dans la salle.





Moins connus, les surprenant tableaux en Rubik’s cubes doivent être regardé en prenant du recul sous peine de ne pas voir ce qu’ils représentent.





Et dans la dernière salle un grand tableau quadrillé et des magnets pour laisser libre court à la création en s'inspirant si besoin des modèles...




  
Elvan a été ravi de découvrir celui-ci dans son environnement habituel près du forum des halles, immédiatement identifié puisque Totoro est l'un de ses personnages favoris.



L'exposition « HELLO MY GAME IS… » est jusqu’au 3 septembre 2017 au Musée en Herbe, 23 rue de l’arbre sec, Paris 75001. 

mercredi 15 février 2017

Mosaïques animalières sur les façades parisiennes

Des mosaïques animalières il y en a de superbes à Istanbul. Elles témoignent pour la plupart d’un héritage byzantin et décorent l’intérieur d’édifices tels que le palais de Daphné dont les vestiges constituent le musée des mosaïques, ou encore l’église Saint Sauveur in Chora.



A Paris, on peut certainement en admirer dans quelques musées mais elles s’exposent aussi dans les rues pour le plus grand plaisir des flâneurs observateurs et curieux.
Dans le 11e arrondissement, à proximité de la rue de Charonne dans le passage Rauch, c’est une véritable ménagerie qui attire le regard des passants, transformant cet alignement d’ateliers en un parcours original et coloré. 



Leonor Rieti, artiste spécialisée dans le trompe-l’œil, a réalisé cette œuvre étonnante. Les animaux, échappés de leur cage, se sont refugiés sous les arcades pour contempler les passants en toute quiétude depuis 1990. Hôtes d’un palais imaginaire aux piliers surmontés d’une tête de femme sculptée, (peut être Artémis, mythologique protectrice), le rhinocéros, l’otarie, l’ours blanc, le singe, le lion, l’antilope, le dromadaire et la panthère noire n’ont pas trop souffert des intempéries ni de dégradations mal intentionnées.









Pas très loin de là, en suivant l’axe de la rue de Charonne pour traverser le boulevard Voltaire, vous aurez la surprise de trouver une autre panthère, rose celle-ci, et de facture beaucoup moins conventionnelle ! 


C’est l’une des 3 400 mosaïques de l’artiste Invader qui a commencé d’envahir les murs de Paris en 1998 et continue sa stratégie d’envahissement des villes de France et du monde entier… Je vous en reparlerai bientôt.

...Mise à jour
En septembre 2018, dans le passage Rauch, les mosaïques animalières n'étaient plus visibles... sauf le rhinocéros, dernier vestige de la ménagerie. Que sont-elles devenues?




lundi 13 février 2017

Exposition : Les Aventuriers des mers – De Sindbad à Marco Polo

L’Institut du Monde Arabe n’hésite pas à exposer sur son esplanade des éléments grandeur nature, comme autant d’invitations au voyage. Il y a 3 ans c’était l’Orient Express, cette fois la navigation est à l’honneur avec un voilier de 30m, plus précisément un boutre, caboteur acheminant passagers et marchandises sans trop s’éloigner des côtes et utilisé traditionnellement depuis le 9e siècle dans l’Océan Indien. Celui-ci est l’un des derniers construits à Oman en 1992.




Marchands, marins, explorateurs, les aventuriers des mers se sont lancés sur les flots, bravant tous les dangers. L'exposition proposée à l'Institut du Monde Arabe met en lumière les premières voies maritimes empruntées par ces hommes intrépides.


Nous découvrons des maquettes d’embarcations, 




l’évolution de la cartographie





les récits d’exploits réels ou imaginaires.  





Des manuscrits richement enluminés, des décors de faïences d’Iznik témoignent de l’importance de la navigation pour le développement des échanges commerciaux.



Flotte turque du sultan Selim – manuscrit enluminé du 17e siècle



Cette lutte contre les éléments, contre les pirates et les monstres marins comporte des risques de  naufrages. L’archéologie navale, en étudiant les épaves et leur cargaison est aussi un outil précieux pour parfaire nos connaissances.

Une ancre en pierre taillée à décor champlevé de la période abbasside








Des parures vénitiennes



Une modélisation 3D présente une reconstitution du port de Théodose en activité du 5e au 11e siècle. De 2005 à 2013 les excavations pour construire la ligne ferroviaire stambouliote, Marmaray, reliant les deux rives du Bosphore ont révélé des vestiges du port byzantin et pas moins de 37 épaves. La plus importante collection d’épaves médiévales jamais découvertes sur un même site a fait l’objet d’études approfondies. Préservations et reconstitutions se poursuivent en laboratoire. La construction annoncée d’un musée se fait désirer, mais aux dernières nouvelles sa réalisation aurait enfin commencée et il devrait ouvrir ses portes en 2019…



La suprématie commerciale change de camp au fil des siècles... 




« Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo » à l’Institut du Monde Arabe, du 15 novembre 2016 au 26 février 2017