mardi 3 avril 2018

Un petit tour à la Conciergerie


Il y a une semaine, nos pas nous ont conduits sur les quais de la Seine vers l’île de la Cité, le plus vieux quartier de Paris, là où, bien en vue, le Palais de Justice aligne son impressionnante architecture dans un mélange de style.
Dans ces lieux se dressait le Palais de la Cité des rois capétiens et quelques éléments aux allures de château fortifié témoignent encore des constructions médiévales.
La tour d’Argent où était gardé le trésor royal et la tour César reposant sur des fondations romaines, ont été construites au début du 14e siècle, sous le règne de Philippe IV le Bel. Entre ces deux tours jumelles se trouvait l’entrée du Parlement (la Grande Porte) jusqu’en 1370.



La tour Bonbec, à droite des tours jumelles et reconnaissable à ces créneaux, daterait du 13e siècle, sous le règne de Saint-Louis, tout comme la Sainte-Chapelle.


La tour de l'horloge fut édifiée par Jean II le Bon en 1350. On y ajouta une cinquantaine d’années plus tard une horloge bien visible de tous. Sa dernière restauration a été réalisée entre 2011 et 2012. Elle est rutilante ! On ne peut pas la manquer.


Pour voir d’autres vestiges de cette époque entrons dans la Conciergerie, édifiée elle aussi à la demande de Philippe le Bel pour y abriter les fonctions du Concierge, titre porté par le Gouverneur de la Maison du Roi.
On y prend toute la mesure des monumentales réalisations gothiques aux piliers massifs soutenant les voûtes sur les croisées d’ogives: la salle des gardes et l'immense salle des gens d'armes ainsi que les cuisines aux quatre cheminées d'angle dont les manteaux sont soutenus par les piliers au moyen d'étréssillons de pierre. Ces dernières, auxquelles on accède par un escalier en colimaçon ont été édifiées sous Jean le Bon.






Le roi Charles V délaissa le Palais et l’édifice fut attribué aux fonctions administratives et judiciaires. Des cellules pour les prisonniers y sont aménagées à partir de 1370.
Les lieux deviendront tragiquement célèbres avec l’installation du Tribunal Révolutionnaire. En deux ans, 2700 condamnés y seront détenus quelques jours avant d’être guillotinés, dont Marie-Antoinette et Robespierre, et quelques autres personnages historiques…







De nombreuses femmes ont dû fouler les pavés de cette cour qui leur était attribuée.


La Conciergerie sera définitivement désaffectée en 1914. C’est aujourd’hui un musée, relativement peu fréquenté, sans doute à cause de son sinistre et séculaire passé carcéral, qui ne s’est pas limité aux seules années de la Terreur !

Et nous aurions été bien inspirés de faire cette visite un peu plus tard car un événement était en préparation…





Non, ce ne sont pas des échafaudages dressés en prévision d’une restauration.
Comme en écho au niveau inquiétant de la Seine cet hiver, rappelant la célèbre crue de 1910, dont le niveau a laissé sa marque sur les colonnes du monument, Stéphane Thidet a élaboré un dispositif complexe pour détourner une partie de l’eau de la Seine, la faire entrer par les cuisines historiques, surgir en cascade dans la majestueuse salle des Gens d’armes, la faire s’écouler et serpenter à l’intérieur du monument avant de la restituer au fleuve entre les tours jumelles.


Nous n’avons vu que les installations de cet envahissement canalisé qui vient juste de commencer et qui se poursuivra jusqu’au 31 août 2018 !
Je ne peux qu’imaginer le murmure de l’eau, ses reflets sur les pierres centenaires, car je n’aurai sans doute pas l’occasion d’y retourner cette année.
Dommage ! Je suppose que cet élément liquide est en mesure d’apporter un peu de sérénité habituellement absente en ces lieux.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire