Après plus d’un siècle de mépris, de condescendance et de
préjugés pour ce cousin disparu de l’Homo sapiens, dont la présence entre -350 000
et -35 000 ans sur le continent eurasiatique a été attestée par la découverte
d’une partie de son squelette et sa calotte crânienne (photo ci-dessous: fossile original exposé), dans la grotte Fedhofer en
1856 près de Bonn et depuis maintes fois confirmée, Homo Neanderthalensis fait
une entrée remarquée au musée de l’Homme.
L'exposition temporaire "Neandertal" est à voir du 28 mars 2018 au 7 janvier 2019.
L'exposition temporaire "Neandertal" est à voir du 28 mars 2018 au 7 janvier 2019.
Il est vrai que les connaissances à son sujet se sont
bien élargies et que sa réhabilitation auprès du public est assurée depuis une
vingtaine d’années par la divulgation régulière de travaux scientifiques.
Mais l’avalanche de communiqués et de déclarations peut
aller à l’encontre du but recherché et il n’est pas inutile de regrouper les
informations pour faire le point.
C’est ce que propose le Musée de l’Homme en présentant Neandertal
dans son environnement, son habitat occasionnel (campement en plein air ou sous
abri naturel), ses activités, son alimentation qui n’était pas exclusivement
carnée, mais bien plus diversifiée qu’on ne le pensait. Il consommait rhizomes et graminées et les cuisait
probablement.
Maquette tactile de l’habitat de Molodova I, en Ukraine, structure de plein air de type pare-vent, entre 55 000 et 40 000 BP, réalisée par Tactile Studio |
Grand chasseur, habile artisan, être social, animé de pensées
symboliques, veillant sur ses proches et enterrant ses morts, sensible à l’esthétique,
ayant probablement élaboré un langage, c’est le portrait d’un humain, certes différent de l’Homo sapiens, notre ancêtre, mais ni moins ni plus intelligent,
ni inférieur, ni supérieur.
Dans les vitrines, au milieu des objets attendus tel que
lissoirs, poinçons, retouchoirs en os, silex, racloirs, bifaces, grattoirs,
pointes Levallois et lames façonnés dans la pierre, un intrus semble s’y être invité sans raison
utilitaire. Que vient faire cet oursin fossile dans la besace d’un Néandertalien qu’on
imaginait plus pragmatique…
Mais la question se repose en découvrant un racloir en
cristal de roche, des bifaces en pierre veinée de rouge et jaune. Neandertal
collectionneur, amateur de belles choses ? Pourquoi pas !
Cette exposition vient à point nommé pour illustrer ma récente
visite de la grotte de Karain (en Turquie) : la chrono-stratigraphie y a révélé
dans les niveaux correspondants au paléolithique moyen, des outils diversifiés,
effilés, se déclinant en lames, racloirs, pointes, associés à des restes
fossilisés de Néandertaliens (fragments de mandibule, vertèbres, fémurs et
phalanges de la main datés de 160 000 à 60 000 ans).
Avant de quitter les lieux n’oublions pas de saluer Kinga,
jeune Néandertalienne réalisée par la plasticienne Elisabeth Daynès et
habillée par la styliste agnès.b. C’est la moindre des politesses puisque l’on
vient de faire plus ample connaissance avec ses congénères, nos cousins !
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