vendredi 6 avril 2018

"Neandertal" au Musée de l’Homme


Après plus d’un siècle de mépris, de condescendance et de préjugés pour ce cousin disparu de l’Homo sapiens, dont la présence entre -350 000 et -35 000 ans sur le continent eurasiatique a été attestée par la découverte d’une partie de son squelette et sa calotte crânienne (photo ci-dessous: fossile original exposé), dans la grotte Fedhofer en 1856 près de Bonn et depuis maintes fois confirmée, Homo Neanderthalensis fait une entrée remarquée au musée de l’Homme. 
L'exposition temporaire "Neandertal" est à voir du 28 mars 2018 au 7 janvier 2019.



Il est vrai que les connaissances à son sujet se sont bien élargies et que sa réhabilitation auprès du public est assurée depuis une vingtaine d’années par la divulgation régulière de travaux scientifiques.
Mais l’avalanche de communiqués et de déclarations peut aller à l’encontre du but recherché et il n’est pas inutile de regrouper les informations pour faire le point.
C’est ce que propose le Musée de l’Homme en présentant Neandertal dans son environnement, son habitat occasionnel (campement en plein air ou sous abri naturel), ses activités, son alimentation qui n’était pas exclusivement carnée, mais bien plus diversifiée qu’on ne le pensait. Il consommait  rhizomes et graminées et les cuisait probablement.

Maquette tactile de l’habitat de Molodova I, en Ukraine, structure de plein air de type pare-vent, entre 55 000 et 40 000 BP, réalisée par Tactile Studio 
Grand chasseur, habile artisan, être social, animé de pensées symboliques, veillant sur ses proches et enterrant ses morts, sensible à l’esthétique, ayant probablement élaboré un langage, c’est le portrait d’un humain, certes différent de l’Homo sapiens, notre ancêtre, mais ni moins ni plus intelligent, ni inférieur, ni supérieur. 


Dans les vitrines, au milieu des objets attendus tel que lissoirs, poinçons, retouchoirs en os, silex, racloirs, bifaces, grattoirs, pointes Levallois et lames façonnés dans la pierre, un intrus semble s’y être invité sans raison utilitaire. Que vient faire cet oursin fossile dans la besace d’un Néandertalien qu’on imaginait plus pragmatique…




Mais la question se repose en découvrant un racloir en cristal de roche, des bifaces en pierre veinée de rouge et jaune. Neandertal collectionneur, amateur de belles choses ? Pourquoi pas !



Cette exposition vient à point nommé pour illustrer ma récente visite de la grotte de Karain (en Turquie) : la chrono-stratigraphie y a révélé dans les niveaux correspondants au paléolithique moyen, des outils diversifiés, effilés, se déclinant en lames, racloirs, pointes, associés à des restes fossilisés de Néandertaliens (fragments de mandibule, vertèbres, fémurs et phalanges de la main datés de 160 000 à 60 000 ans).




Avant de quitter les lieux n’oublions pas de saluer Kinga, jeune Néandertalienne réalisée par la plasticienne Elisabeth Daynès et habillée par la styliste agnès.b. C’est la moindre des politesses puisque l’on vient de faire plus ample connaissance avec ses congénères, nos cousins !


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