Récemment s’est présentée l’occasion de visiter une
propriété viticole, tout près du village où nous passons l’été. Elle est située
sur les hauteurs de Yeniçiftlik, village de Thrace en bordure de la Marmara. Je
ne connaissais pas son existence !
On y accède en prenant sur la droite un chemin tout juste
stabilisé (sur environ 3 km) après le panneau indiquant la fin du village de
Yeniçiftlik en direction de Tekirdağ.
A vrai dire son implantation est récente, même si la région
est un terroir viticole depuis l’antiquité et que de nombreux vignerons y
soient installés depuis plusieurs décennies. Passée la ville de Tekirdağ,
j’avais visité les exploitations « Umurbey » et « Barbare wine ».
Et il y en a bien d’autres … (Melen, Kutman, Suvla etc…) et même une route des vins!
Nazan et Necdet Uzun, propriétaires du domaine
« Château Nuzun », se sont lancés dans cette grande aventure après de
longues années passées en Californie, murissant lentement mais avec détermination
le projet de repartir en Turquie pour produire un vin de qualité, afin de répondre
à la demande d’une clientèle turque qui connait les bons vins du monde, et de
séduire si possible une clientèle internationale. Plantation des pieds de
vignes en 2005, construction du bâtiment avec cave en sous-sol et première
vendange en 2008, premières ventes en 2010.
La passion pour leur nouveau métier est toujours là et
l’ambition de réussir aussi, mais un soupçon de désillusion a voilé
l’enthousiasme des premiers pas. Ils n'ont pas vraiment choisi le bon moment
pour se lancer dans cette activité! Depuis juin 2014, les taxes se multiplient,
les dégustations gratuites sont interdites, ainsi que la promotion de produits
alcoolisés sous toutes ses formes. Pas question non plus de faciliter l’accès
des propriétés par des panneaux en bordure des grands axes routiers. La plus
grande discrétion est de mise. Pas de quoi favoriser le tourisme
viticole en Thrace comme dans tout le pays! La plupart des routes des vins
qui commençaient à se dessiner ont du être rebaptisées promptement routes du
raisin pour ne pas se faire épingler par la législation.
Mais on peut toujours compter sur l’efficacité du bouche à
oreille… Il reste des amateurs !
Nous voici donc devant la propriété, avec vue plongeante
sur les vignobles et la mer.
Si son nom "Chateau Nuzun" peut vous paraître pompeux, il ne doit rien à un trait de caractère prétentieux de ces producteurs
mais à leur volonté de faire reconnaître leur savoir-faire en toute modestie.
En effet leur exigence se porte sur les raisins exclusivement récoltés sur les
parcelles de la propriété et sur les techniques de vinification mises en œuvre
sur place. Pour rappel, la mention "château" est devenue courante dans
le Bordelais à partir du 19e siècle pour identifier l’ensemble des
moyens de production au même titre que les « clos » et les
« domaines » et comme les Turcs ont une préférence marquée pour les
vins de Bordeaux, il était naturel qu’ils empruntent cette symbolique
appellation.
La visite était assurée ce jour là par Nazan, épouse de Necdet
Uzun.
On commence par le laboratoire avec un pressoir moderne
qu’on peine à identifier, des cuves en acier inoxydable où se fait la
fermentation et des appareils de mesure complexes pour sélectionner les différents
cépages qui seront utilisés seul ou en assemblage selon leur qualité gustative
et selon les années afin d’obtenir un vin équilibré. La capacité annuelle est
estimée à 100 000 bouteilles, mais jusqu'à maintenant la production a varié selon
les récoltes entre 5 000 et 35 000.
On descend ensuite dans la cave. L’affinage en fut de
chêne (français) pendant 14 mois ou plus est la dernière étape avant la mise en
bouteilles.
Pour la dégustation nous remontons dans le salon.
Une sélection de 4 vins sera proposée à nos papilles,
accompagnée de quelques cubes de fromages et un assortiment de fruits secs,
pour 10TL (2,50€)
Un rosé 2013
Un Chateau Nuzun 2008, Cabernet Sauvignon-Syrah.
Un Chateau Nuzun 2010, Cabernet Sauvignon.
Un Chateau Nuzun 2011 Cabernet Sauvignon, Merlot, Syrah,
Pinot noir
J’en ai personnellement retenu deux mais je me garderai
bien d’en faire de longs commentaires.
Je les ai trouvé fruités, le second un
peu plus charpenté. Bien qu’ayant déjà participé à quelques dégustations (dont une à Istanbul) on ne s’improvise pas œnologue !
J’ai d’ailleurs été la première étonnée de mon choix
puisqu’il s’est porté sur un bi-cépage Cabernet Sauvignon-Syrah et un mono cépage Cabernet Sauvignon, que généralement je n’apprécie pas particulièrement. J’attendais plus du dernier qui contient du
Pinot noir, cépage de Bourgogne, mais son assemblage de la cuvée 2011 ne m’a pas
convaincue. Beaucoup trop lourd en tanin à mon goût, mais il a été plébiscité
par d’autres dégustateurs. Le coupage sans doute faible en Pinot et les
caractéristiques du terroir y sont probablement pour quelque chose.
On remarque aussi la quasi exclusivité de cépages
originaires de France sauf dans un assemblage Château Nuz 2011 contenant un
cépage autochtone Öküzgözu qui habituellement satisfait mon palais. Il
faudra donc revenir et demander à le goûter…
Pour cette honnête production on pourra émettre quelque
réserve sur les prix, entre 10 et 20 € la bouteille selon les années et les
assemblages (avec la réduction à partir de six bouteilles, même différentes), mais n’oublions pas qu’ils sont bien gonflés par
les taxes. Les quelques vins français importés, de qualité comparable, sont ici
bien plus chers qu’en France. On peut donc y trouver une alternative
intéressante.
Difficile à trouver dans le commerce, mais pas impossible
(voir ici). Quelques restaurants d’Istanbul en proposent certains crus dans
leur carte.
Visite et dégustation sont prévues le samedi et le
dimanche de 14 à 16h et sur rendez-vous pour d’autres jours et d’autres
horaires.
Çeşmeli Köyü, Marmara Ereğlisi
Tekirdağ, Türkiye, 59740
Et puis, en Thrace, il y a aussi quelques producteurs
amateurs !
De tout petits vignobles est issu le breuvage contenu
dans cette bouteille (non commercialisée).
J’ai bien aimé sa couleur et son arôme
de fruits rouges. J’aime bien aussi son nom puisqu’il fait référence à la cité gréco
romaine de Perinthos dont j’ai évoqué les vestiges dans ce blog ici et là ….
hips ! C’était goutu...
RépondreSupprimerTrès intéressant, merci...
RépondreSupprimerHii nice reading your blog
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