vendredi 15 novembre 2019

Bicentenaire de la naissance de Courbet au Petit Palais


Le musée Courbet à Ornans a célébré l’été dernier le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet (1819 - 1877).
La collection permanente la plus fournie se trouve évidemment au musée d’Orsay qui réunit une cinquantaine d’œuvres.
Pour en avoir une autre approche, il faut aller en ce moment au Petit Palais qui propose une exposition gratuite de sa collection, plus limitée mais représentative de l’œuvre du peintre qui a ouvert la voie du Réalisme au milieu du 19e siècle.


En bonne place, cette toile : la première à être acceptée par le jury du Salon de Paris en 1844, autoportrait au chien noir (1842).


Une dizaine de tableaux de Courbet côtoient exceptionnellement dans la galerie des grands formats ceux d’un artiste invité, Yan Pei-Ming. A sa demande, l’exposition est intitulée « Corps-à-corps ». 


Le Petit Palais a effectivement passé commande au peintre contemporain franco-chinois, admirateur de Courbet, pour que les œuvres des deux artistes se répondent comme par des effets de miroir dans un accrochage volontairement dense révélant leur proximité et évoquant au passage la disposition des œuvres dans les salons artistiques au 19e siècle.
C’est donc aussi l’occasion de découvrir l’artiste talentueux, né à Shanghai en 1960, venu en France en 1980 et installé depuis de nombreuses années en Bourgogne. Une exposition de ses œuvres a eu lieu récemment au musée des Beaux-arts de Dijon, du 17 mai au 28 octobre 2019.
Invité à résidence trois semaines en avril 2019 dans l'atelier de Courbet à Ornans, Yan Pei-Ming y a peint ces portraits géants que l'on découvre à chacune des extrémités de la galerie: le portrait de Gustave Courbet et son autoportrait au même âge, 58 ans, se confrontent.



Et puis de chaque côté, des toiles monumentales et d’autres plus intimes dévoilent des similitudes dans la volonté de transcrire la réalité sans fard ni artifice, de faire partager des émotions à travers des portraits, des paysages, des images de la nature.

Ainsi Yan Pei-Ming représentant sa mère d’après une ancienne photo retrouvée fait écho au portrait de Juliette Courbet, sœur du peintre, à peu près au même âge.
De même, le portrait de Régis Courbet, père de Gustave, et celui du père de Yan Pei-Ming.


Une toile de Yan Pei-Ming évoque un épisode dramatique de la vie de Courbet : sa responsabilité présumée dans le renversement de la colonne Vendôme, symbole du militarisme impérial, en mai 1871 par les Communards. Entre temps engagé dans les rangs de la Commune, il sera poursuivi en justice, emprisonné quelques mois puis sommé de financer sa reconstruction. Ce qui l’obligera à s’exiler en Suisse et d’y rester jusqu'à sa mort.


« Le Sommeil », œuvre non destinée à être exposée en public mais commanditée, comme l’ «Origine du Monde », par Khalil Bey, diplomate ottoman, pour sa collection privée, est ici associée au couple de crocodiles du tableau « Wild Game: The Way of the Crocodiles ». D’après l’artiste, les poses sinueuses soulignent deux formes différentes de rencontres dans l’animalité. Les poses alanguies de « La sieste pendant la saison des foins », comme les couples de tigres et de loups célèbrent la beauté des corps.


Un ensemble de quatre toiles réunit un portrait de Victor Hugo par Yan Pei-Ming et l’hommage posthume de Courbet à son ami, qui vient de mourir (1865): « Pierre-Joseph Proudhon et ses enfants en 1853 », encadré d’un autre autoportrait de Yan Pei-Ming et du portrait de Gustave Courbet en format plus intimistes. 


Pour mieux s’imprégner de la démarche de cette exposition, une conférence flash d’environ une demi-heure est proposée (gratuitement et sans inscription) tous les vendredis à 12h30 dans la galerie des grands formats.
Exposition « Corps-à-corps » au Petit Palaisdu 12 octobre 2019 au 19 janvier 2020. Fermé le lundi.


Pour découvrir le triptyque monumental de Yan Pei-Ming, «Un enterrement à Shanghai», composé de Montagne céleste, Ma mère et L'adieu, s'inspirant d'«Un enterrement à Ornans», et conçu spécialement pour le musée d'Orsay en célébration du 200e anniversaire de la naissance de Courbet, il faut aller au musée d'Orsay du 1 octobre 2019 au 12 janvier 2020 (entrée 14 €).


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