Depuis plusieurs millénaires, les civilisations ont
déployé des trésors d’ingéniosité pour tenter de maîtriser l’eau.
De nombreux vestiges des constructions byzantines et
ottomanes liées à l’approvisionnement, l’acheminement,
le stockage et la distribution font encore parti du paysage urbain.
De la période byzantine on peut citer l’aqueduc de Valens
et plusieurs citernes souterraines (citerne basilique, citerne de Philoxenus,
citerne de Théodose (toujours en restauration), citerne Nakılbent
sous le magasin Nakkaş. Une autre se trouve dans le musée Rezan Has (pas
toujours accessible) et une petite asséchée depuis longemps fut transformée en restaurant chic dans la
rue Soğukcesme
à Sultanahmet (Sarniç Restaurant).
D’autres sont en surface (citerne de Theotokos Pantokrator dans le quartier Zeyrek).
Les ottomans se sont servi de ces structures existantes
et en ont ajouté d’autres en particulier l’aqueduc de Mağlova construit par
Mimar Sinan, des réservoirs comme celui de Taksim, des kiosques de régulation
de débit et de distribution (maxem)
et d’innombrables fontaines monumentales ou de taille plus réduites constituant
un patrimoine architectural remarquable.
Toutes ces constructions participaient à la nécessité de
se prémunir de la pénurie de cet élément vital en cas de sécheresse ou de
siège. Mais l’inverse, les inondations constituaient un autre danger. Mieux
valait donc d’être averti des changements de niveau pour tenter d’anticiper les
risques.
On éleva dans la capitale ottomane des structures mettant
en application le principe des vases communicants. Elles permettaient de
réduire la pression dans les conduites et de réguler le débit. Il y en avait
des centaines, une trentaine subsiste encore parait-il. Tous ceux qui ont
déambulé un tant soit peu dans les rues d’Istanbul en ont vu sans toujours
savoir de quoi il s’agissait.
Se dressant comme des cheminées, ce sont des tours de
niveau d’eau (su terazisi) le plus
souvent massives et carrées. Elles n’ont pas pour fonction principale de
constituer des réserves contrairement aux châteaux d’eau.
La plus connue s’élève à proximité de la citerne
basilique.
Une autre se trouve dans le périmètre de la cour
extérieure de la mosquée Bleue. Pour le moment on ne peut la voir que depuis l’hippodrome
car les alentours sont fermés pour cause de rénovation du 6e minaret
dont les morceaux en pièces détachées gisent au sol.
La plus élégante qui soit encore debout fut bien sûr
érigée par Mimar Sinan à l’intérieur du mur entourant le jardin de la mosquée Şehzade, près des türbe.
Une autre plus petite, en pierres et briques superposées,
se dresse à l’extérieur dans un angle du même mur.
En flânant vous pourrez en repérer dans d’autres
quartiers en plus ou moins bon état. Une dans le parc Gezi près de la place Taksim, une à proximité de l’hôtel Divan, mais aussi à Aksaray,
Kasımpaşa, Edirnekapı, Bebek, Üsküdar, et la liste n’est pas exhaustive.
Je n’ai trouvé ces explications dans aucun guide… Ce blog est une source d’informations insolites ! Grâce à toi je reconnaîtrai ces curieuses tours au détour de mes promenades.
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