A côté de la tour de niveau d’eau près de la citerne
basilique, se dresse un plus modeste pilier de marbre du 4e siècle,
appelé le Milion de Constantinople.
C’est un vestige d'un ancien arc de
triomphe depuis lequel on mesurait toutes les distances, point de départ des
routes de l’empire romain d’Orient. Le Milliaire d'or de Rome avait la même
fonction. La matérialisation d’un point symbolisant la centralisation d’un
empire, d’un royaume ou d’un pays se retrouve dans de nombreuses capitales sur
tous les continents. (Le point zéro à Paris est sur le parvis de Notre Dame)
Presque tous les touristes s’arrêtent devant le Milion baignant en ce moment dans un
parterre de tulipes, pour y lire les explications
inscrites sur la borne d’information ou écouter celles de leur guide. Suppléant
à sa fonction d’autrefois un poteau placé juste à côté y dessine parfois des ombres cabalistiques (comme sur la photo ci-dessous prise en février). Il est censé indiquer les
directions et distances de quelques villes. Certaines flèches ont
cependant des orientations un peu fantaisistes !
Le point zéro des Ottomans est beaucoup moins connu et
n’est signalé par aucun panneau. Ce lieu particulier a été déterminé par Mimar
Sinan et se matérialise par une colonne de porphyre enchâssée dans un angle du
mur d’enceinte du jardin de la mosquée Şehzade.
D’après l'historien Süleyman Faruk Göncüoğlu, l’endroit fut choisi par
l’architecte pour sa situation au centre géographique de la péninsule
historique sur l’axe reliant Sainte Sophie à la mosquée de Fatih élevée pour
Mehmet le Conquérant. Ce détail, hautement symbolique pour un sultan, mais beaucoup
moins pour un jeune prince défunt, semble confirmer l’hypothèse que le complexe
religieux devait être à l’origine une commande impériale du sultan Soliman le
Magnifique pour lui-même. La construction venait de commencer quand la mort
prématurée et imprévisible de son fils Mehmet en 1543 fit modifier le
projet. On éleva ici le türbe du
prince. La mosquée et ses dépendances, achevées en 1548, lui furent dédiées.
Elle devint le symbole de l’amour parental et au fil des siècles un arbre creux
fut l’objet de dévotions, car
censé exaucer les
vœux de fécondité.
Le sultan commanda une autre construction à Mimar
Sinan : le complexe de la Süleymaniye (1550-57) surplombant l’une des 7 collines de la
ville.
Il est à noté que la colonne de porphyre était mobile et
avait pour fonction annexe d’indiquer par son immobilisation éventuelle les
glissements de terrain ou secousses sismiques susceptibles de menacer l’édifice
religieux. Ce système ingénieux fut repris par Mimar Sinan pour la mosquée Kılıç Ali Paşa à Tophane. Les deux petites colonnes de marbre rose de part et d’autre
de la porte principale tournent encore sur leur axe.
La colonne de porphyre de la mosquée Şehzade a reçu moins
d’égards. Elle est
désormais immobilisée par les rehaussements successifs de la chaussée et le
revêtement du trottoir. Rares sont ceux qui la remarquent, plus rare encore
ceux qui en connaissent l’histoire.
Dans la rubrique « le saviez-vous ? » encore une intéressante trouvaille ! Non je n’avais pas remarqué cette colonne de porphyre. Merci pour les explications !
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