La silhouette d’Istanbul ne serait pas ce qu’elle est
sans l’intervention prolifique de son génial architecte Mimar Sinan (1489-1588)
qui a marqué de son empreinte le 16e siècle et influencé le style
architectural des siècles suivants.
Pas moins d’une vingtaine d’articles de ce blog font
référence à l’une ou l’autre de ces œuvres, puisqu’elles sont omniprésentes à
Istanbul mais aussi dans d’autres lieux de l’ancien empire.
C’est bien peu et loin de répertorier les quelques quatre cents constructions qui lui sont attribuées.
L’exposition qui lui est consacrée dans l’ancienne fonderie à canon de Tophane jusqu’au 31 mai 2015 n’a pas non plus pour objectif
de faire un inventaire exhaustif, mais de présenter le personnage et son œuvre.
D’origine grecque ou arménienne - les sources divergent -
converti à l’Islam selon l’usage de prélèvement de l’époque (1 garçon sur 40)
et instruit pour servir l’empire, ou né à Kayseri dans une famille turque
musulmane depuis au moins deux générations ? Aucune hypothèse ne fait
l’unanimité.
Des documents semblent prouver que c’est au sein du corps
des janissaires que son génie créatif fut révélé essentiellement par la
construction de ponts et de fortifications sous le règne de Selim Ier.
A partir de 1539, date de sa nomination d’architecte
impérial en chef, il réalisera les édifices religieux, bâtiments publics et résidences commandés par Soliman le Magnifique, Selim II et Murat III, la famille
impériale ou les plus hauts fonctionnaires de l’état.
Le personnage étant d’un naturel discret, peu d’anecdotes
ont été consignées à son sujet, laissant aujourd’hui le champs libre à une littérature
souvent plus proche du mythe que de la réalité. Contentons-nous de son œuvre.
Il consacra une grande partie de sa vie à la recherche de
la perfection, de l’harmonie des volumes, de la luminosité, de la solidité des
structures à l’apparence aérienne, en synthétisant les connaissances techniques
de son époque et un héritage architectural millénaire dû aux bâtisseurs du
Moyen-Orient et de l’Occident. Il mit à profit le talent des artistes
céramistes et peintres pour la décoration intérieure de ses
édifices.
Il adopta une ligne de conduite rigoureuse dans la
planification et l’exécution méthodique de constructions destinées à magnifier
un empire et embellir une capitale selon les règles strictes définies par les
sultans dont il servit les projets de grandeur. Le diamètre et la hauteur des
coupoles, le nombre de minaret et de leur balcon sont le reflet d’une
hiérarchie sans concession. Mimar Sinan fut aussi maître dans l’art d’inscrire
ses réalisations en utilisant au mieux la topographie spécifique des
lieux. Le résultat s’apparente à une majestueuse
mise en scène des personnages d’un empire à son apogée.
Outre des panneaux explicatifs aux schémas suggestifs, de
quelques maquettes et illustrations, l’exposition met en œuvre toutes les
technologies actuelles, montages vidéo, écrans tactiles, applications
interactives à suivre sur tablettes ou IPhone, etc. pour rendre hommage à ce
grand architecte
et permettre
aux visiteurs d’avoir une vision d’ensemble d’une œuvre qui s’inscrit bien au
delà de son contexte historique et géographique.
Quelques photos d’écran du montage animé « Les quatre
saisons d’Istanbul »
Les Stambouliotes s’offriront le luxe de trouver
certaines parties de l’exposition un peu fade, en particulier la projection
animée en boucle sur la coupole intérieure d’un bâtiment annexe de la fonderie.
Privilège de ceux qui peuvent lever les yeux sans modération sur les originaux !
L’objectif de l’exposition visant une reconnaissance
universelle, elle sera présentée ensuite à Ankara, Bursa, Kayseri, Eskişehir,
avant de poursuivre son itinéraire vers l’Europe, l’Amérique, le Moyen-Orient
et l’Extrême-Orient jusqu’en 2016.
Lieu de l'exposition: Tophane-i
Amire Kültür ve Sanat Merkezi
Du 9 avril au 31 mai 2015 de 10h à 19h tous les jours
sauf lundi
Entrée 25 TL, tarif étudiant 15 TL. Pas de gratuité ni
réduction avec la « müzekart ». Les fonds devraient en grande partie
contribuer à continuer la recherche menée par l’Académie des Beaux arts et
l’Université portant fièrement le nom de Mimar Sinan.
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