Elle n’est pas impériale et ne possède qu’un minaret. Elle
fut construite au milieu du 16e siècle par le plus grand architecte
ottoman Mimar Sinan, commanditée par un des personnages le plus riche de
l’empire, grand vizir et époux de Mihrimah, la fille du sultan Soliman le
Magnifique. La mosquée Rüstem Pacha se situe symboliquement au pied de la
colline dominée par la silhouette majestueuse de la Süleymaniye qu’édifia
Sinan à la même époque pour le Sultan. A droite du marché aux épices, son dôme
et ses coupoles se distinguent facilement sur la place d’Eminönü.
Par contre
ses accès se fondent discrètement dans l’imbroglio des ruelles commerçantes qui
la cernent. Il faut gravir l’un des deux escaliers pour atteindre la cour en
terrasse et la galerie surplombant des échoppes nichées sous des arcades à
peine visibles.
La façade de l’édifice religieux est ornée de magnifiques
panneaux de carreaux d’Iznik.
L’un d’eux porte les traces de dégradations
subies lors des séismes et d’une reconstitution de fortune, façon patchwork,
réalisée à une époque indéterminée.
Dans le panneau juste à droite du portail principal est
inséré un carreau particulier illustrant une page d’histoire de la mosquée
sacrée de La Mecque ,
à l’époque où elle n’avait pas encore sept minarets.
Il est temps d’aller voir la décoration intérieure en empruntant la petite porte sur la gauche réservée aux visiteurs.
L'espace lumineux est ponctué de boiseries sombres délicatement ouvragées.
Un
camaïeu de bleu évoque la mosquée du Sultan Ahmet (plus connue
sous le nom de mosquée bleue) qui sera construite quelques cinquante ans plus
tard par un élève de Sinan.
Il est à noter qu’on trouve rarement dans les mosquées
construites par le grand architecte Sinan (Şehzade Mehmet, Süleymaniye, Selimiye…)
une telle profusion de faïences d’Iznik. Généralement réservées à la décoration
des palais, des pavillons et des türbe, Mimar Sinan ne les a utilisé qu’en touches discrètes dans les édifices religieux, en
complément des peintures rehaussant les lignes architecturales ou en bandeaux
de calligraphies, exception faite de la mosquée de Sokullu Mehmet Pacha.
On peut imaginer que les commanditaires firent ce choix
pour compenser une architecture à leur goût trop modeste. Ne nous privons donc
pas de l’élégance de ces panneaux, de ces bordures où un motif floral s’inscrit
dans une répétition géométrique propice à la méditation, ou bien à la contemplation
avec ces compositions végétales somptueuses de style saz aux tiges fleuries
ondulantes garnies d’œillets, jacinthes,
églantines et tulipes se mêlant à des motifs de nuages et de feuillages
réalistes ou imaginaires, dans une palette incluant le fameux rouge en léger
relief.
Cette succincte présentation est juste un alibi pour
partager une sélection de mes photos prises au gré des nombreuses visites de
ces lieux… dès que l’occasion se présente.
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