mercredi 3 décembre 2014

Une autre mosquée bleue… Celle de Rüstem Pacha


Elle n’est pas impériale et ne possède qu’un minaret. Elle fut construite au milieu du 16e siècle par le plus grand architecte ottoman Mimar Sinan, commanditée par un des personnages le plus riche de l’empire, grand vizir et époux de Mihrimah, la fille du sultan Soliman le Magnifique. La mosquée Rüstem Pacha se situe symboliquement au pied de la colline dominée par la silhouette majestueuse de la Süleymaniye qu’édifia Sinan à la même époque pour le Sultan. A droite du marché aux épices, son dôme et ses coupoles se distinguent facilement sur la place d’Eminönü. 



Par contre ses accès se fondent discrètement dans l’imbroglio des ruelles commerçantes qui la cernent. Il faut gravir l’un des deux escaliers pour atteindre la cour en terrasse et la galerie surplombant des échoppes nichées sous des arcades à peine visibles.





La façade de l’édifice religieux est ornée de magnifiques panneaux de carreaux d’Iznik



L’un d’eux porte les traces de dégradations subies lors des séismes et d’une reconstitution de fortune, façon patchwork, réalisée à une époque indéterminée.


Dans le panneau juste à droite du portail principal est inséré un carreau particulier illustrant une page d’histoire de la mosquée sacrée de La Mecque, à l’époque où elle n’avait pas encore sept minarets.


Il est temps d’aller voir la décoration intérieure en empruntant la petite porte sur la gauche réservée aux visiteurs. 


L'espace lumineux est ponctué de boiseries sombres délicatement ouvragées.





Un camaïeu de bleu évoque la mosquée du Sultan Ahmet (plus connue sous le nom de mosquée bleue) qui sera construite quelques cinquante ans plus tard par un élève de Sinan.








Il est à noter qu’on trouve rarement dans les mosquées construites par le grand architecte Sinan (Şehzade Mehmet, Süleymaniye, Selimiye…) une telle profusion de faïences d’Iznik. Généralement réservées à la décoration des palais, des pavillons et des türbe, Mimar Sinan ne les a utilisé qu’en touches discrètes dans les édifices religieux, en complément des peintures rehaussant les lignes architecturales ou en bandeaux de calligraphies, exception faite de la mosquée de Sokullu Mehmet Pacha.
On peut imaginer que les commanditaires firent ce choix pour compenser une architecture à leur goût trop modeste. Ne nous privons donc pas de l’élégance de ces panneaux, de ces bordures où un motif floral s’inscrit dans une répétition géométrique propice à la méditation, ou bien à la contemplation avec ces compositions végétales somptueuses de style saz aux tiges fleuries ondulantes garnies d’œillets, jacinthes, églantines et tulipes se mêlant à des motifs de nuages et de feuillages réalistes ou imaginaires, dans une palette incluant le fameux rouge en léger relief.









Cette succincte présentation est juste un alibi pour partager une sélection de mes photos prises au gré des nombreuses visites de ces lieux… dès que l’occasion se présente.


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