Face à la
péninsule historique de la vieille ville, sur l’autre rive de la Corne d’or et faisant aujourd’hui partie intégrante du cœur d’Istanbul, Pera fut un faubourg de Byzance dès le 5e siècle. Grecs, Juifs, Levantins et Arméniens ont
formé la majorité des habitants de ce quartier pendant des siècles. Ambassades,
écoles, églises, hôpitaux étrangers, passages, bâtisses remarquables témoignent
encore de ce passé cosmopolite.
Bien qu’il ait
subi d’importants changements en même temps qu’il changeait de nom au début du
20e siècle pour s’appeler Beyoğlu, son attrait s’est décuplé à
partir des années 90 après une période de décrépitude affligeante et la
suivante qui entama une réhabilitation accélérée, renouant avec la
traditionnelle vocation de ces lieux qui symbolisaient déjà il y a cent ans,
vie culturelle et animation nocturne.
C’est
principalement cette dernière avec ses bars à vin, ses tavernes et restaurants
qui attire les foules aujourd’hui dans les rues adjacentes d’Asmalımescit et
Nevizade, tandis que dans la journée le large éventail local et international
de fast-food ne désemplit pas dans l’avenue principale fréquentée
par les amateurs de lèche-vitrines d’enseignes internationales de la mode et de
la technologie.
L’activité
culturelle est plutôt à découvrir dans le labyrinthe des rues alentours. De
nombreuses galeries d’art contemporain et des musées ont ouvert leurs portes
(musée de Pera, musée Doğançay et musée de Galatasaray…), tandis que, sur la
place Taksim, celles de l’AKM (Centre Culturel Atatürk), à l’avenir incertain,
se sont fermées en 2008.
C’est aussi le
lieu où l’on peut écouter tous les styles de musique, du jazz au fasıl en passant par le heavy metal ou
l’arabesk, la musique tzigane ou le
rebetiko grec. Un ou une artiste de passage évoque cette foisonnante activité
musicale et son affection pour le quartier en dépit des souffrances endurées.
Le street art est
particulièrement bien représenté. Un festival lui est même
consacré depuis 2009. Les murs et les sols se sont couverts de graffiti, de
pochoirs, de collages pour parler des préoccupations, des revendications, des
nostalgies populaires…
Quant aux salles
obscures, elles ferment les unes après
les autres ou sont détruites et nombreux sont ceux qui le déplorent.
Pourtant en
flânant dans les rues à l’écart de la foule de l’avenue Istiklâl, le passé
cinéphile resurgit pour le passant
attentif.
Les acteurs
débutants et les figurants attendaient au café des artistes, le rôle qui les
rendrait célèbres ! Pour certains l’attente fut désespérément longue
comme l’illustre cette humoristique expression de l'art urbain.
La première
projection cinématographique publique à Istanbul eut lieu en 1876 dans la salle
de la brasserie Sponeck, disparue en 1903 comme en témoigne cette plaque
apposée à l’entrée du Hard Rock Café Istanbul installé dans la rue en face du
lycée de Galatasaray depuis quelques semaines.
De l’autre côté
de la rue Istiklâl, en longeant les murs du lycée on trouve le musée -
fondation Türvak qui consacre depuis janvier 2011 ses 3 étages au cinéma et au
théâtre.
Il semblerait que
quelques initiatives tentent de préserver la mémoire du quartier qui a vu
naître le Festival international du film d'Istanbul en avril 1982, tout premier
événement culturel organisé par l'ISKV (Fondation des arts et de la culture
d'Istanbul) qui eut un impact considérable à l’époque et qui reste un
rendez-vous incontournable pour les cinéphiles, chaque printemps.
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