En décembre dernier, les grèves de transports avaient en
partie limité mes déplacements. Ce fut l’occasion de redécouvrir entre Bastille
et Nation, entre numéros pairs et impairs de la rue et une incursion rue de Charonne, des traces du passé industriel du faubourg Saint-Antoine, dévolu depuis
des siècles aux ébénistes, menuisiers et autres artisans spécialistes de
l’ameublement.
La crise sanitaire a encore plus rétréci le
périmètre des vagabondages de ce séjour printanier ! Mais dans la rue Faidherbe, jouxtant celle de
mon domicile, se trouve une pépite de l’architecture Art déco, conçue par Achille Champy en 1926 pour un fabricant
de planches et contreplaqués en bois de pays et bois exotiques.
Autres détails ornementaux remarquables, la corniche
décorée d’une frise en mosaïque d’inspiration florale et la marquise en
béton et verre dont les éléments sont soulignés d’une mosaïque dorée, et percé de pavés
de verre coloré filtrant la lumière à la porte d’entrée.
De 1944 à 1983, les locaux sont investis pour une
activité bien différente. Avec « La Suisse normande », les effluves de
chocolat remplacent les fragrances des essences
de bois. Au départ de la chocolaterie, la façade fut endommagée par le
déménagement des machines à malaxer. Après rénovation, le bâtiment a servi de bureaux
d'études pour la RATP.
Depuis 2016, l’immeuble restauré avec un soin tout
particulier dans le respect de son passé, abrite le premier hôtel cinq étoiles
de l’Est parisien. Des élèves de toutes les sections de l’Ecole Boulle, établissement
public de formation aux métiers de l'art, du design et des techniques
industrielles, ont été mis à contribution pour l’aménagement des quatre-vingts
chambres, et quatre suites dont deux intégralement agencées et décorées par eux.
Une annexe de l’école renommée jouxte d’ailleurs le complexe hôtelier actuel.
A défaut d’en occuper une chambre, je serais curieuse de
voir le hall et l’escalier… Mais jusqu'à nouvel ordre, les portes du « Paris
Bastille Boutet » sont closes.
Je l’imagine réquisitionné avec les 70 autres hôtels cinq
étoiles, concentrés pour la plupart dans les 1er, 8e et 16e
arrondissements de la capitale, et offrant quelques jours de convalescence régénératrice
aux rescapés des salles de réanimation, aux soignants et autres personnels contaminés
par le virus dans l’exercice de leur activité professionnelle…
Les pensées de compassion et de bienveillance que contient ce billet sont les bienvenues, même quand on peine à croire que ce genre de proposition ne se concrétise. C'est au moins réconfortant de les lire alors que dans le même temps le préfet de Paris, D. Lallemand, se permet de lancer des propos indécents: "Ceux qu'on trouve en réanimation, ce sont ceux qui n'ont pas respecté le confinement". Doit-on lui rappeler qu'il y a encore des personnes qui travaillent, qui se déplacent pour que d'autres puissent rester confinés? Doit-on lui rappeler que personne n'est vraiment à l'abri d'une contamination, même les confinés respectueux des consignes. Ses menaces sont indignes de sa fonction.
RépondreSupprimerAfin d'éviter toute confusion, je me permets de rectifier l'orthographe du nom du préfet auquel vous faites allusion dans votre commentaire, Didier Lallement. Pour le reste, nous sommes d'accord. Comment prendre au sérieux un haut fonctionnaire capable de prononcer de si abjectes paroles. Ses regrets et ses excuses faisant suite aux indignations exprimées me semblent bien insuffisantes pour le maintenir à son poste, d'autant plus que ce n'est pas son premier "dérapage verbal" résonnant comme une insulte envers ses concitoyens. Cordialement
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