vendredi 3 avril 2020

La maison Boutet, architecture Art déco


En décembre dernier, les grèves de transports avaient en partie limité mes déplacements. Ce fut l’occasion de redécouvrir entre Bastille et Nation, entre numéros pairs et impairs de la rue et une incursion rue de Charonne, des traces du passé industriel du faubourg Saint-Antoine, dévolu depuis des siècles aux ébénistes, menuisiers et autres artisans spécialistes de l’ameublement.
La crise sanitaire a encore plus rétréci le périmètre des vagabondages de ce séjour printanier ! Mais dans la rue Faidherbe, jouxtant celle de mon domicile, se trouve une pépite de l’architecture Art déco, conçue par Achille Champy en 1926 pour un fabricant de planches et contreplaqués en bois de pays et bois exotiques.


La façade est généreusement percée de hautes fenêtres soulignées verticalement de carreaux émaillés de divers tons de bleu, et délimitée de chaque coté d’un large panneau ocre aux reflets bleutés. Elle est rythmée à l’horizontale par trois décoratifs bandeaux de mosaïques annonçant les activités et l’enseigne de la maison Boutet, ponctués de petites rosaces en céramique bleue.
Autres détails ornementaux remarquables, la corniche décorée d’une frise en mosaïque d’inspiration florale et la marquise en béton et verre dont les éléments sont soulignés d’une mosaïque dorée, et percé de pavés de verre coloré filtrant la lumière à la porte d’entrée.



De 1944 à 1983, les locaux sont investis pour une activité bien différente. Avec « La Suisse normande », les effluves de chocolat remplacent les fragrances des essences de bois. Au départ de la chocolaterie, la façade fut endommagée par le déménagement des machines à malaxer. Après rénovation, le bâtiment a servi de bureaux d'études pour la RATP.
Depuis 2016, l’immeuble restauré avec un soin tout particulier dans le respect de son passé, abrite le premier hôtel cinq étoiles de l’Est parisien. Des élèves de toutes les sections de l’Ecole Boulle, établissement public de formation aux métiers de l'art, du design et des techniques industrielles, ont été mis à contribution pour l’aménagement des quatre-vingts chambres, et quatre suites dont deux intégralement agencées et décorées par eux. Une annexe de l’école renommée jouxte d’ailleurs le complexe hôtelier actuel.



A défaut d’en occuper une chambre, je serais curieuse de voir le hall et l’escalier… Mais jusqu'à nouvel ordre, les portes du « Paris Bastille Boutet » sont closes.


Je l’imagine réquisitionné avec les 70 autres hôtels cinq étoiles, concentrés pour la plupart dans les 1er, 8e et 16e arrondissements de la capitale, et offrant quelques jours de convalescence régénératrice aux rescapés des salles de réanimation, aux soignants et autres personnels contaminés par le virus dans l’exercice de leur activité professionnelle…  


2 commentaires:

  1. Les pensées de compassion et de bienveillance que contient ce billet sont les bienvenues, même quand on peine à croire que ce genre de proposition ne se concrétise. C'est au moins réconfortant de les lire alors que dans le même temps le préfet de Paris, D. Lallemand, se permet de lancer des propos indécents: "Ceux qu'on trouve en réanimation, ce sont ceux qui n'ont pas respecté le confinement". Doit-on lui rappeler qu'il y a encore des personnes qui travaillent, qui se déplacent pour que d'autres puissent rester confinés? Doit-on lui rappeler que personne n'est vraiment à l'abri d'une contamination, même les confinés respectueux des consignes. Ses menaces sont indignes de sa fonction.

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    1. Afin d'éviter toute confusion, je me permets de rectifier l'orthographe du nom du préfet auquel vous faites allusion dans votre commentaire, Didier Lallement. Pour le reste, nous sommes d'accord. Comment prendre au sérieux un haut fonctionnaire capable de prononcer de si abjectes paroles. Ses regrets et ses excuses faisant suite aux indignations exprimées me semblent bien insuffisantes pour le maintenir à son poste, d'autant plus que ce n'est pas son premier "dérapage verbal" résonnant comme une insulte envers ses concitoyens. Cordialement

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