Même si on ne parle plus que du dé-confinement, il ne
sera pas effectif avant plusieurs semaines, et progressif. La date du 11 mai a
été avancée pour renvoyer les enfants à l’école afin que leurs parents puissent
reprendre leurs activités professionnelles, processus incontournable pour
relancer l’économie en berne, on l’a bien compris. En début de semaine, ce
projet semblait exclure les « vieux » improductifs priés de rester
chez eux encore longtemps pour ne pas saturer les services de réanimation,
occuper des lits dont les plus jeunes, infectés par le virus dans les
transports ou leurs lieux de travail pourraient avoir besoin.
Après l’annonce, le moral des « vieux » a été
passablement ébranlé ! Comme tout le monde, ils ont suivi, depuis le 17
mars, les consignes et participé à l’effort collectif pour réduire la
propagation de la pandémie. Sans céder à l’illusion d’un retour à la vie d’avant,
ils n’étaient pas prêts à se retrouver relégués dans la catégorie des inutiles,
des irresponsables qu’il faut protéger malgré eux. Rester en bonne santé n’est
pas suffisant pour se sentir vivant, ni donner du sens à sa vie!
Entre mes quatre murs, j’ai senti poindre un souffle de découragement.
Il y avait urgence à le disperser avant qu’il n’envahisse l’espace.
L’antidote : se mettre au défi de fabriquer quelque
chose en dehors de ses compétences, quelque chose d’utile si possible. Les
travaux d’aiguilles ne sont pas mon passe temps favori, et quoi de plus nécessaire
en ce moment que des masques alternatifs, dont l’académie de médecine
recommande le port généralisé pour pallier à la pénurie, se protéger et protéger
les autres. Le challenge était trouvé.
Mon regard est alors tombé sur un jouet d’une autre époque, qui m'a été offert il y a plusieurs décennies, que j'ai récupéré
dans des cartons de l’appartement familial et posé depuis quelque temps sur
une étagère en guise d'objet décoratif. Après avoir réuni quelques
chutes de tissus, du matériel basique de couture, ne manquaient plus que les élastiques.
S’en procurer se révéla mission quasi impossible. Comme la farine, c’est devenu
un produit très convoité et donc en rupture de stocks un peu partout ! Maman
en avait chez elle quelques reliquats et j’ai trouvé un « jeu de l’élastique », habituel accessoire des cours de récré, dans une boutique de bric à braque du boulevard Voltaire, inexplicablement
ouverte.
Trouver un tutoriel pour la réalisation des masques ne présenta aucun problème ! Mais la confection fut un peu laborieuse. La machine
à coudre modèle réduit, performante malgré son grand âge, avait ses limites. Les finitions ont
été réalisées à la main et malgré le dé, les doigts ont un peu souffert. Le résultat
est cependant satisfaisant. Fonctionnel et plutôt confortable. Je l’espère, efficace! Voici ma
production destinée à l’usage personnel et familial : une dizaine d’exemplaires
distribués.
Mes travaux de couture vont sans doute s’arrêter la, mais
l’objectif de la semaine est atteint.
Entre-temps le sujet du dé-confinement a fait couler
beaucoup d’encre et fait projeter beaucoup de postillons. Le projet est tricoté,
détricoté, re-tricoté et ce n’est pas fini.
Pour les occupations des semaines à venir, je choisirai
autre chose que le tricot !
Alors que le temps consacré à la lecture pourrait s’étirer
sans restriction, les réserves s’épuisent dans l’appartement parisien. Les
rayonnages sont loin d’être aussi fournis que ceux d’Istanbul ! Mais
dehors, les libraires ont baissé le rideau il y a 5 semaines.
Celui-ci que je connais
bien, a dû être profondément perturbé pour laisser s'échapper une faute d’orthographe,
stigmatisant ainsi le responsable de son infortune !
Je retiens cependant sa proposition et envisage de faire
appel prochainement à son service de livraison en gage de soutien.
Il n’aurait pourtant pas été plus difficile que dans les magasins
d’alimentation, d’y faire respecter les règles de distanciation et les gestes « barrières ».
Tragique paradoxe, les nourritures de l’esprit n’ont pas été retenues comme
produits de première nécessité ! Il faut donc se rationner en lecture. Une
concentration fuyante nous vient en aide, nous contraignant à quitter des yeux un peu trop fréquemment
les pages du livre, retardant ainsi le moment de le fermer sur la dernière phrase.
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