Dans le parc
national du Nemrut Dağ se trouvent d’autres vestiges du royaume de la Commagène,
déjà vus en 2002 et qui ont conservé la quiétude de cette première visite.
A proximité du
village Kocahisar (Eski Kahta) l’archéologue allemand Karl Dörner identifie en
1951 Arsameia sur Nymphaios, capitale
estivale des souverains de Commagène, grâce aux inscriptions trouvées sur l’une
des deux collines qui abritaient la cité construite de chaque côté de la rivière
Nymphaios (dénommée Kahta aujourd’hui). Les fouilles ont permis de retrouver
principalement des orthostates en plus ou moins bon état de conservation,
dalles de pierre dressées, ornées de bas-reliefs sculptés sur une face et de
textes gravés sur l’autre.
Le premier
rencontré en suivant le sentier (vestige probable d’un chemin de procession), représente
le dieu soleil perse Mithra dans une scène de dexiosis, poignée de main symbolique entre deux personnages sacrés.
Rien n’a permis d’affirmer si l’autre personnage, trop fragmentaire, était Antiochos
ou son père. L’accès côté face étant périlleux, mieux vaut se contenter d’admirer
le superbe paysage sur la vallée... Malheureusement encore brumeux!
Plus haut, la
paroi rocheuse est creusée d’une vaste niche, prolongée d’un tunnel, qui
pourrait avoir abrité un temple dédié au culte de Mithra, selon Dörner.
En contre bas,
deux stèles représentent Antiochos 1er et son père Mithridates 1er
Kallinikos.
Au dos du relief de Mithridates, le plus abimé, le texte cultuel le
concernant est par contre bien lisible. Celui concernant Antiochos est difficilement déchiffrable.
Il faut encore
grimper un peu pour admirer le bas-relief le mieux conservé du site, représentant
l’intégralité de la poignée de main échangée entre Antiochos et le héros
mythique Héraclès.
Les détails vestimentaires sont parfaitement visibles. Le
roi porte un costume de cérémonie typiquement perse tandis que le héros est dénudé
selon le style grec de sa représentation.
Juste en
dessous, un texte en grec, le plus long trouvé dans cette partie de l’Anatolie,
est gravé au dessus de l’entrée d’un tunnel.
Il relate avec précision la fondation
d'Arsameia, sa topographie, les transformations et restaurations entreprises
par Antiochos pour faire du lieu un sanctuaire à la mémoire de son père et d’y
installer son tombeau. S’y trouvent aussi des instructions pour la bonne
exécution des rituels religieux.
Tout en haut de
la colline, l’Acropole a révélé des fragments de sculptures représentant le roi
Antiochos 1er et sa mère Laodice qui ont permis à Dörner d’émettre l’hypothèse
de l’existence du mausolée du roi Mithridate à cet endroit où se trouvait aussi
probablement sa résidence royale, au temps de son règne.
La faim se fait sentir ! Nous aurions été bien inspirés
de nous munir de nos provisions de peksimet d’Adıyaman, car le petit déjeuné
n’est pas encre au programme…
Avant d’arriver au Tumulus de Karakuş, une halte est prévue
pour traverser à pied le pont romain de Septime Sévère, franchissant le Cendere
(antique rivière Cabinas, affluent du Nymphaios).
Il est en parfait état et porte
des inscriptions en latin qui indiquent qu'il fut construit entre 198 et 200
par la XVIe légion romaine stationnée à Samosate, à la place d'un autre pont
construit sous le règne de Vespasien (69-79).
Pour le moment il est bien gardé !
En amont du
pont, la rivière a creusé un impressionnant canyon en arc sur la paroi duquel on
peut apercevoir une sorte de caverne. Un abri troglodyte ?
Monticule
artificiel de 35 mètres de haut, situé au sommet d'une colline naturelle, plus
modeste que celui d’Antiochos au sommet du mont Nemrut, le tumulus de Karakuş
est aussi un sanctuaire funéraire. Il abritait les tombeaux des reines du
royaume de la Commagène. Mais à part 3 colonnes, rien ne subsiste des pillages
et destructions des légions romaines. Des blocs de pierre du sanctuaire ont été
utilisés pour la construction du pont Cendere.
Nous reprenons
la route en direction d’Adıyaman, pour retrouver nos bagages, notre car et
surtout un brunch qui s’est fait désirer…
Un endroit magnifique que ce beau reportage m'a donné envie de revoir...
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