dimanche 20 février 2011

De chaque côté du boulevard Atatürk (1)

Enjambé par l’aqueduc de Valens qui alimenta en eau aussi bien les palais byzantins qu’ottomans, l’Atatürk Bulvarı, large de 50m et reliant la Corne d’Or aux rives de la Marmara, a été réalisé suivant le tracé défini par Henri Prost, le célèbre architecte et urbaniste français, chargé par Mustafa Kemal de réorganiser la ville d’Istanbul afin de l’adapter aux conditions de la vie moderne tout en préservant son patrimoine multiculturel.


Nous leur devons cette vision d’une ville magique à la silhouette caractéristique et le boulevard contribue grandement à l’accessibilité visuelle de nombreux monuments historiques.


Sur la gauche en venant du pont, dominent la grandiose Süleymaniye et après l’aqueduc la plus modeste mais remarquable Şehzade camii mais on peut aussi y découvrir des églises byzantines reconverties en mosquées.


Vefa Kilise camii (ou Molla Gürani camii) est l'ancienne église Saint Théodore. Elle aurait été construite entre le 11e et 13e siècle et fut convertie en mosquée par le théologien Molla Gürani peu après la conquête de Constantinople. Ce petit édifice porte encore des traces de mosaïques, de fresques et de sculptures.


Grappes de raisins sur les chapiteaux des colonnes
Au pied de l’aqueduc, Kalenderhane camii est l'ancienne église Theotokos Kyriotissa construite au 10e siècle. Une première construction daterait du 6e siècle et aurait fait partie de l'ancien monastère du Christ Akataleptos. Pendant l’occupation de Constantinople par les Croisés en 1204, l'église fut consacrée au culte latin durant une cinquantaine d'années. Les fresques retrouvées dateraient de cette époque dont une, retraçant la vie de Saint François d'Assise, se trouve maintenant au musée archéologique. Il arrive que le gardien des lieux consente à ouvrir quelques instants la porte d’une chapelle latérale pour faire entrevoir des vestiges de fresques dans la pénombre.







Peu après la conquête, elle servit d’hospice aux derviches errants de l’ordre des Kalender*, à la réputation sulfureuse, servant dans l’armée ottomane. Elle ne fut transformée en mosquée qu’au 18e siècle par un grand eunuque du sérail, Beşir Ağa, mais conserva le nom de ses précédents occupants. Les panneaux de marbre du 12e siècle décorent aujourd’hui encore la salle de prière.


* Pour en savoir plus sur les différents ordres de derviches, lire : Nedim Gürsel, Sept derviches, Seuil 2010

Et puisque c'est tout près, profitons-en pour aller boire un verre de boza avec des leblebi tout chauds!

5 commentaires:

  1. J'ai prévu d'aller enfin visiter Kalender camii sous peu afin de lui consacrer également un article spécifique. Tes photos me donnent envie d'accélérer le mouvement.

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  2. En 2010, j'ai découvert la charmante petite SEHZADE CAMII en descendant le boulevard Ataturk mais je n'avais pas réussi à l'identifier jusqu'à présent. Les personnes rencontrées n'étaient pas arrivées à me donner son nom et, en plus, j'avais oublié le nom de la rue sur le côté.
    Donc, merci à vous.
    Chimelle.

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  3. Je viens de comparer ma photographie et la vôtre : est-ce bien SEHZADE CAMII ? Merci

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  4. La mosquée au 1er plan sur la vue d’ensemble n est pas la Şehzade camii qui se trouve bien plus haut sur le boulevard et qui est bien plus imposante mais on ne la voit pas sur la photo. Au 1er plan c est la Şeb Sefa Hatun camii construite en 1787 pour l épouse du sultan Abdülhamit.
    Désolée que le texte accompagnant la photo vous ait induit en erreur. Mon objectif était surtout de montrer la majestueuse silhouette de la Süleymaniye camii qui domine en arrière plan. Bien cordialement.

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  5. Je vous remercie pour cette précision. Elle mérite une visite d'autant plus qu'elle a été restaurée et que l'intérieur est magnifique.
    Encore merci.

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