Myra n’est pas seulement célèbre pour avoir été au 4e
siècle l’évêché de Saint Nicolas, ecclésiastique qui participa peut-être au Concile
de Nicée (Iznik) en 325 et qui engendra de nombreuses légendes en Occident, se
transforma au fil des siècles en personnage bedonnant à barbe blanche et
costume rouge bordé de fourrure, circulant en traîneau pour distribuer des
cadeaux.
Les premières traces de l'existence de la cité remontent
au 6e siècle avant notre ère. Ce sont les ruines des murailles
d’enceinte autour de l’acropole, lieu de résidence des dynastes lyciens de
Myra. La technique de taille des pierres qui les composent est caractéristique de
cette époque. Des fortifications ont été ajoutées dans la période hellénistique
pour l’organisation d’un système complexe de protection et de défense du
territoire, comprenant plusieurs tours de guet sur les hauteurs jusqu'à Andriake, le quartier portuaire de
Myra. Assez proches l’une de l’autre, elles permettaient de communiquer visuellement
une présence ennemie venant par voie maritime mais aussi terrestre par la
vallée du Myros, actuelle rivière Demre.
Les ruines de Myra avaient déjà attisé la curiosité de
voyageurs au 19e siècle dont Charles Fellows en 1840. Jürgen Borchardt, archéologue allemand a mené des prospections à Myra de 1965 à 1968. Il y a
distingué deux groupes de tombeaux rupestres creusés dans la falaise abrupte de
l’acropole. La nécropole du fleuve à l’est du théâtre et la nécropole de la mer
à l’ouest. Cette dernière retient particulièrement l’attention des visiteurs.
Elle présente un véritable essaim de sépultures, majoritairement en forme de
maison reproduisant l’habitat en bois traditionnel des Lyciens. Quelques unes
coté fleuve présentent des façades de temple hellénique et trahissent une
influence plus marquée des artisans grecs commandités pour les constructions. Elles
sont toutes datées des 5e et 4e siècles avant notre ère. La
plupart des inscriptions sont en lycien. Les bas-reliefs représentent des
scènes de funérailles ou relatant la vie du défunt entouré de ses proches, mais
aussi des motifs typiquement lyciens, comme la destitution du bouclier
symbolisant le désarmement de l’adversaire vaincu à la fin du combat (sur le fronton ci-dessous).
Certains reliefs portent encore les traces de décor peint.
Autre vestige spectaculaire, l’amphithéâtre gréco-romain
est le plus vaste de la région.
La partie
centrale des rangées concentriques de gradins s’appuie sur le flanc rocheux tandis
que les côtés sont portés par des arcatures. On y accédait par des escaliers.
La
façade était ornée de colonnes surmontées de chapiteaux à volutes et palmettes,
de niches contenant des statues.
La scène était richement décorée d’une frise
alignant une profusion de masques qui jonchent les alentours de l’édifice.
De nombreuses inscriptions gravées sur les pierres du
théâtre fournissent des informations sur divers aspects de la cité.
La construction date de la période la plus prospère au 2e
siècle avant notre ère.
Des documents épigraphiques de l’époque soulignent
l’importance de Myra dans la Confédération Lycienne. Comme Xanthos, Pinara,
Patara, Tlos, elle bénéficiait de trois votes lors des réunions annuelles des
représentants des 23 cités membres au sanctuaire fédéral du Létoon.
L’inscription sur le heroon
(édifice honorifique) d’Opramoas de Rhodiapolis a permis de dater la
reconstruction du théâtre endommagé par le séisme de 141. (Le généreux mécène
était aussi intervenu à Tlos et au Letoon). L’inscription mentionne également
les réparations du grand sanctuaire dédié à Artémis Eleuthera, mais aucune
trace de ce temple n’est pour le moment visible sur les lieux, pas plus que la
statue recouverte d’or de Tyché, divinité protectrice de Myra, d’un temple
d’Apollon, d’un gymnasium, d’une stoa et autres structures mentionnées dans les
textes…
Les fouilles archéologiques *, conjointement à celle
d’Andriake ont repris depuis 2009 et les équipes pluridisciplinaires ont bon
espoir de retrouver d’autres vestiges entre l’acropole de la cité antique
jusqu’aux abords le la ville actuelle de Demre, distante de 2 km, où s’est
construite la métropole régionale byzantine jusqu'à sa conquête par les Arabes
en 808/809 qui marqua son déclin.
*Référence bibliographique:
*Référence bibliographique:
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