Je me souviens de sentiers bucoliques serpentant au
milieu des pistachiers, d’un site encore vaguement traumatisé, en mai 2002, par
la récente montée des eaux du barrage de Birecik flambant neuf.
Dans l’urgence, les fouilles archéologiques avaient
surtout concerné la partie basse du site, appelée à disparaître sous le lac de
réservoir, et qui ne représentait qu’un tiers de la cité antique.
Les
spectaculaires trouvailles avaient été évacuées vers le musée archéologique de Gaziantep pour y recevoir les premiers soins attentifs de préservation et restauration.
Les équipes
d’archéologues s’étaient attelées à la prospection les terrasses supérieures et
beaucoup de travail restait à accomplir. Ici et là, des zones encerclées de
barbelés témoignaient des activités suspendues jusqu’au prochain été.
Plus de 15 années se sont écoulées et suite à la récente visite du musée Zeugma de Gaziantep, je m’attendais à
voir des changements…
Et effectivement il y en a… mais pas vraiment ceux que
j’espérais !
Le site est noyé dans la poussière de la construction en
cours de structures touristiques d'accueil des visiteurs avec guichets, cafétéria et boutique de souvenirs...
Des allées de visites ont été fraîchement pavées mais les
pistachiers rescapés ont triste allure. Ils n’ont pas l’air d’apprécier les
modifications de leur nouvel environnement.
J’avais vu sur le site internet officiel de Zeugma l’abri de
protection devant permettre la préservation et l’exposition in situ des
mosaïques et des fresques des villas romaines nommées par les archéologues maisons
Danaé et Dionysos, d’après l’iconographie des mosaïques qu’ils y ont trouvée.
Il est bien la et terminé depuis 2010 !
Comment imaginer qu’il serait encore « temporairement » fermé au public en 2018 ?
Et pour quelles raisons ?
Pour les autres chantiers en cours, insuffisamment
protégés sans doute, on peut comprendre que des précautions ne soient pas
superflues pour prévenir de malveillantes convoitises. Aucun accès à la maison
des muses, au tumulus de Karatepe et sa nécropole, ni à l’agora et aux vestiges
d’un temple circulaire… Pour les mosaïques, soit... mais pour les blocs de pierre?
La visite s’arrête-la pour aujourd’hui. Circulez, il n’y
a toujours rien à voir ! Le relookage n’est pas encore terminé et risque
de durer encore longtemps.
A gauche de l’entrée du site, une toiture que je suppose
provisoire, couvre d’autres fouilles… Les vestiges d’une autre maison romaine
probablement.
Je serais curieuse d’entendre les commentaires des
archéologues sur ces interventions environnementales plutôt agressives, et
l’inaccessibilité totale de leurs travaux, sous prétexte de léguer aux générations
futures un patrimoine culturel aux allures de parc d’attraction…
Déçus, nous repartons vers la prochaine destination, la
réserve naturelle des ibis chauves…
De chaque coté de la route, s’alignent à perte de vue,
des plantations de pistachiers allégés de leurs fruits déjà récoltés, dont un spécimen au curieux tronc évasé.
Et des champs de coton, dont certains plants sont encore en fleurs.
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