Il y a 100 ans, il y avait 2500 hammams à Istanbul, il n’en
reste plus qu’une centaine, dont ceux qui avaient été construits pour de
prestigieux commanditaires et réalisés par des architectes de renom. Beaucoup
ont subi l’outrage du temps, des séismes, des incendies… L’empire ottoman sur
son déclin ne prenait plus en charge leur restauration et ils étaient vendus.
Les propriétaires devaient assurer les réparations nécessaires, l’entretien et
le maintien en fonction ou non. Certains étaient transformés en galerie
marchande ou en dépôt (voir celui de Mahmut Pacha, de Tahtakale…)
Le hammam aux carreaux de faïences d’Iznik, situé entre
l'aqueduc de Valens et la Corne d’or, dans le quartier de Zeyrek, compte parmi
les chefs-d’œuvre de Mimar Sinan. Il fut construit pour le capitaine corsaire Barbaros
Hayrettin Pacha entre 1540 et 1546. Gravement endommagé par le grand incendie
de Çibali qui se déclara le 31 aout 1833, il fut aussi vendu. Mais les dernières générations de
propriétaires n’ont plus aujourd’hui les capacités financières de les sauver
d’un inexorable délabrement.
Des sociétés les rachètent, et certains ont
retrouvé leur splendeur d’antan. Entre autres, le hammam de la sultane Hürrem
(Roxelane), quartier Sultanahmet ; le hammam de l’amiral ottoman, Kılıç
Ali Pacha, quartier Tophane ; le hammam de Çemberlitaş, tous trois construits par Mimar Sinan au 16e siècle et celui de Cağaloğlu datant du 18e siècle. Mais pour en admirer l’agencement intérieur, l’accès est payant
même sans profiter des bains luxueux, ni des soins raffinés.
Le « Çinili hamam », n’échappera pas à la règle
après l’inauguration de l’établissement de bains turcs prévue en 2023.
Lui aussi a donc été vendu, il y a plus de dix ans et a bénéficié d’une longue et couteuse restauration.
Lui aussi a donc été vendu, il y a plus de dix ans et a bénéficié d’une longue et couteuse restauration.
Mais à l’occasion de la 17e Biennale d'Istanbul, organisée par la Fondation d'Istanbul pour la Culture et les Arts, le hammam accueille depuis le 17 septembre et jusqu’au 20 novembre 2022, deux installations d'art contemporain des artistes Taloi Havini et Renato Leotta, offrant ainsi aux visiteurs l’occasion de voir cet espace gratuitement.
Le son représente l’élément essentiel des deux
installations, spécialement sélectionnées pour être exposées dans chacune des
deux parties jumelles du hammam, l’architecture offrant une acoustique de
qualité. Les lieux, surtout en matinée, prennent l’apparence d’un sanctuaire de
méditation et certains s’allongeant sur la pierre centrale (göbektası) ne semblent
pas pressés de le quitter.
En attendant de s’y faire nettoyer le corps, ils s’y
nettoient l’esprit en portant le regard sur la voute immaculée parsemée d’étoiles,
ou sur les quelques panneaux de faïences d’Iznik rescapés disposés en rosaces au
milieu du mur de l'iwan opposé à l'entrée et au dessus des entrées des petites
salles privées, surmontées de muqarnas.
Ces panneaux identiques de forme hexagonale décorant la
salle d’étuve de la section des hommes, sont composés de carreaux hexagonaux, triangulaires
et en forme de bande mince. Ils présentent des décors floraux réalisés dans les
teintes bleu et turquoise, soulignés de bleu foncé, typique du style Iznik de
la première période du 16e siècle.
La section des femmes en était
également décorée. Mais aucun n’a subsisté, comme l’ont révélé les travaux de
conservation, restauration.
En ne recouvrant pas intégralement de panneaux de marbre les parties basses des murs, les restaurateurs ont eu la délicatesse de respecter par endroits l’emplacement de panneaux de faïences disparus dont les murs de briques portent les traces dans les deux parties des bains.
Une fontaine de marbre monolithique du 19e siècle, en bon état de conservation, se trouve encore au milieu du vestibule de la section des hommes.
En ne recouvrant pas intégralement de panneaux de marbre les parties basses des murs, les restaurateurs ont eu la délicatesse de respecter par endroits l’emplacement de panneaux de faïences disparus dont les murs de briques portent les traces dans les deux parties des bains.
Une fontaine de marbre monolithique du 19e siècle, en bon état de conservation, se trouve encore au milieu du vestibule de la section des hommes.
Des vestiges de décors peints les siècles passés sont
intentionnellement visibles dans le vestibule de la section des femmes et
participent au projet de complexe musée-hammam qui aura pour mission de présenter
les multiples fonctions du hammam dans l'histoire et la culture ottomane, leurs structures architecturales et leurs décors.
Des objets trouvés lors de la rénovation témoigneront du
passé byzantin de tout le quartier. Peut être y avait-il des thermes à cet
emplacement?
En effet le hammam était directement alimenté par l’eau de la citerne byzantine connue aujourd’hui sous le nom de Zeyrek sarnıcı située en contre-bas et dont les hauts et épais murs de briques sont visibles depuis le boulevard Atatürk. Elle a la particularité d’être la plus grande citerne en surface existant à Istanbul.
Quand on parle d’eau, il ne faut pas oublier le savon et
juste en face du hammam se trouve une boutique qui a conservé son aspect
provincial qui caractérise le quartier connu comme la petite Siirt, ville du
sud-est de la Turquie. La rue est bordée de commerces spécialisés en
authentiques produits régionaux que l’on ne trouve nulle part ailleurs à Istanbul.
Les injonctions de l’UNESCO de sauvegarder l’habitat et les activités
traditionnelles du quartier, restaurants et café, fromageries, épiceries, y
compris les nombreuses boucheries qui risquent de froisser l’odorat et la vue des
visiteurs de passage, semblent respectées, à défaut des plus élémentaires
règles d’hygiène alimentaire.
La remise en fonction du hammam pourrait bientôt changer la donne. Notre modeste mais professionnel marchand de savons pourrait voir aussi sa boutique transformée en succursale de celles qui attirent l'œil des touristes au Grand Bazar !
En effet le hammam était directement alimenté par l’eau de la citerne byzantine connue aujourd’hui sous le nom de Zeyrek sarnıcı située en contre-bas et dont les hauts et épais murs de briques sont visibles depuis le boulevard Atatürk. Elle a la particularité d’être la plus grande citerne en surface existant à Istanbul.
La remise en fonction du hammam pourrait bientôt changer la donne. Notre modeste mais professionnel marchand de savons pourrait voir aussi sa boutique transformée en succursale de celles qui attirent l'œil des touristes au Grand Bazar !
La couleur de ce savon varie du jaune orangé (graine broyée avec les coques) au vert clair (uniquement la graine). Son utilisation régulière est recommandée pour garder une peau douce et saine, des cheveux vigoureux et brillants, sans pellicule. Grâce à ses propriétés antiseptiques, il est efficace pour combattre la plupart des maladies de peau (eczéma, psoriasis, acné, champignons, petites plaies et irritations). Les deux versions ont des vertus identiques. Le voici en compagnie du savon au lait d'ânesse (de couleur blanche, réputé pour ses propriétés hydratantes et raffermissantes) et du savon à l'huile d'olive recommandé par le marchand pour sa qualité supérieure. Le cœur n'est pas encore sec. Les savons doivent etre conservés à l'air libre pour leur permettre de durcir.
D’autres spécialités sont également proposées, garanties sans additifs, ni colorants. Le célèbre savon d’Alep à
l’huile d’olive et huile de baies de laurier; le savon à la lavande, à la grenade pour les touches de couleurs mais surtout pour leurs vertus antioxydantes.
Très bel endroit et je vais tester un savon.
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