jeudi 13 janvier 2022

La falaise de Bamiyan au musée Guimet

L’exposition Des images et des hommes, Bamiyan 20 ans après, devait ouvrir ses portes au public le 24 février 2021. Comme tous les lieux culturels et de loisirs, le musée Guimet est resté clos jusqu’au 19 mai 2021, mais la date initiale de fermeture du 21 mars 2022 sera probablement reportée à juin 2022.
Il reste donc encore plusieurs mois pour visiter cette salle au 1er étage du célèbre bâtiment de la place d’Iéna, construit en 1889 pour abriter les collections d’Émile Guimet, industriel lyonnais, et renommé Musée national des Arts asiatiques depuis 75 ans.
 
Sans doute un peu moins que la date du 11 septembre 2001, celle du 11 mars de la même année a marqué les esprits, en particulier de ceux pour qui une atteinte volontaire au patrimoine de l’humanité est gravissime. Triste présage, que Sophie Makariou, ancienne directrice du département des Arts de l'Islam au musée du Louvre (2009-2013), actuellement présidente du musée Guimet et commissaire de l’exposition souligne par cet adage : « ce qu’on fait aux images, on le fait aux humains ».



L’exposition commémore donc la destruction des bouddhas monumentaux
 de 38m et 55m de hauteur, nichés dans la falaise de Bamiyan depuis le 6e siècle, réalisations les plus spectaculaires de l’art gréco-bouddhique désigné comme style Gandhara et héritage de l'Empire kouchan, témoignant de la rencontre culturelle entre peuples nomades d'Asie centrale, monde grec, monde indien et monde irano-perse.


Une photo panoramique de l’actuelle falaise de Bamiyan, réalisée à partir de 4000 clichés en 2016 par le photographe plasticien Pascal Convert, restitue le cadre naturel avec une grande précision. On peut même apercevoir une chèvre s’abritant dans l’une des grottes.


 
L’exposition rend également hommage aux recherches archéologiques menées en Afghanistan par Ria et Joseph Hackin (1905-1941 et 1886-1941), morts en mer lors du torpillage de leur cargo près des îles Féroé, alors que Joseph rejoignait son nouveau poste de délégué de la France libre en Inde.


Lettres, dessins, photos et carnets de terrain, témoignent de leurs travaux dans les années 1930 et de ceux de Jean Carl qui les accompagnait et a effectué des relevés, seules traces subsistant aujourd’hui des fresques bouddhiques qui étaient visibles dans les 700 niches creusées dans la falaise de Bamiyan.


Boddhisattvas, relevé de peinture, Afghanistan, Bamiyan, grotte K, 1935 d’après l’original du 7
e siècle, gouache sur toile de Jean Carl. Et Boddhisattvas bleu, relevé de peinture, Afghanistan, Bamiyan, sommet de la niche groupe E, 1937 d’après l’original du 6e ou 7e siècle, gouache sur toile de Jean Carl


Le dieu solaire Surya, relevé de peinture, Afghanistan, Bamiyan, niche du Petit Bouddha, 1935 d’après l’original du 7e siècle, gouache sur toile de Jean Carl


Musiciennes, relevé de peinture, Afghanistan, Bamiyan, niche du Grand Bouddha, 1937 d’après l’original du 7e siècle, gouache sur toile de Jean Carl


 
Cette main de bouddha dorée à la feuille d'or, conservée au musée Guimet, est l’un des rares vestiges bouddhiques rescapés, provenant des fouilles du site de Bamiyan réalisées par Ria et Joseph Hackin.
Il m’est arrivé à plusieurs reprises dans ce blog de déplorer les pillages organisés effectués au 19e siècle sur de nombreux sites archéologiques à travers le monde afin d’alimenter les musées occidentaux. Ce ne fut pas le cas pour ce site. Au cours des missions des années 1930, les artefacts issus des fouilles avaient fait l’objet d’un partage avec les autorités afghanes, et l’on en viendrait presque à le regretter car ceux qui furent conservés au musée de Kaboul ont tous été détruits par les Talibans lors de la prise de la capitale afghane en 1996.



    
Sources :

1 commentaire:

  1. Je viens de terminer la lecture de tes différentes visites à Guimet et ce condensé
    m'a remis en mémoire tout ce que nous avons admiré dans les différentes salles.
    Très intéressant et les photos sont très réussies, bravo!

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