jeudi 27 janvier 2022

Bouddhisme et hindouisme au Népal

Comme la météo stambouliote reste incertaine après un épisode neigeux qui laisse les trottoirs encore glissants, c’est le moment de rester au chaud pour clôturer la rétrospective d’une enrichissante visite muséale effectuée lors de mon dernier séjour parisien.
2000 km séparent le Tadjikistan et le Népal mais les distances, les frontières ne présentent aucun obstacle au musée Guimet, alors franchissons les en quelques pas pour une déambulation dans la vallée de Katmandou, entre bouddhisme et hindouisme. 
(Népal. Art de la vallée de Katmandou : exposition temporaire terminée le 10 janvier 2022)
L’illustration de l’affiche représente Vishnu (divinité hindoue), Népal, cuivre repoussé, doré avec des traces de polychromie, fin du 16e  siècle.

 
Pour le contexte

 
Une précision : Le bouddha Shakyamuni, fondateur du bouddhisme, est né en 623 avant notre ère dans les jardins de Lumbini, dans la plaine du Teraï, au sud du Népal. 
Siddhartha Gautama, richissime prince indien, choisit de délaisser une vie d’abondance et son trône pour se focaliser sur la spiritualité, se plonger dans la méditation et ainsi trouver un moyen d’apaiser les principales souffrances humaines comme la naissance dans un monde troublé, la mort, la vieillesse et la maladie. Ses enseignements furent consignés sous la forme de sûtras et diffusés dans toute l’Asie. C’est un bouddha (Éveillé) historique, ni le premier, ni le dernier…
 

Huile sur toile d’Antoine Druet (1857-1921) ; Prêtres bouddhistes au bain, Katmandou, vers 1900. Paris, musée du quai Branly


Planche iconographique et architecturale du fond B.H Hodgson représentant la place du Darbar de Katmandou, 1955.
 
Et poursuivons par un échantillon des 90 œuvres présentées et provenant des collections du MNAAG, ainsi qu’une sélection d‘œuvres importantes prêtées par le Collège de France, les musées d’arts asiatiques de Nice, de Toulouse, et le musée du Quai Branly.
 

Vishnu, dieu protecteur du monde, avec son épouse Lakshmi et l’oiseau Garuda sous sa forme anthropomorphe, Népal, Patan, 11e siècle. Cette triade fut abondamment représentée sur les stèles de Katmandou. Deux serpents (naga), habitants des mondes souterrains et gardiens des trésors cachés, rendent hommage à Vishnu.  


Maheshvara/Shiva et son épouse Uma/Parvati, Népal, Bhaktapur, 12e ou début du 13e siècle.
Le couple siège dans sa résidence himalayenne, le mont Kailash evoqué par les rochers stylisés. Au dessus d’eux, Ganga déverse l’eau sacrée, évoquant le mythe de la Descente du fleuve céleste sur la Terre. 
Ces deux œuvres en pierre ont été achetées par le musée, en toute bonne foi, auprès de deux galeries londoniennes, en 1985 et en 1986, mais elles seraient sorties illégalement et devraient être prochainement restituées au Népal, tandis qu’une centaine d’autres stèles acquises tout aussi illégalement circuleraient encore sur le marché de l’art.
 
C’est du 13e siècle que sont datées les plus anciennes peintures sur toile (paubha).


Prajnaparamita, Népal, détrempe sur toile, 1379. La déesse personnifie la connaissance transcendante (prajna), la sixième et la plus importante de ces « vertus transcendantes » (paramita) du bouddhisme. Elle est considérée comme la mère de tous les bouddhas et occupe une place majeure dans le bouddhisme mahayana (Grand Véhicule).


Vajradhara et sa parèdre, Prajnaparamita, Népal, détrempe sur toile, 1488. Le bouddha suprême trône en compagnie de sa parèdre sous un arc de feuillage soutenu par des pilastres selon un style caractéristique de la vallée de Katmandou. En partie basse, danse et musique accompagnent la cérémonie consacrée à Vajradhara, en présence des donateurs.
 

Indra et Indrani son épouse, Népal, cuivre et or incrusté, 16e siècle. Indra, roi des dieux, très vénéré au Népal, est reconnaissable à sa coiffe et au Troisième Œil horizontal qui orne son front. Un chef d’œuvre conservé habituellement au musée de Nice et présenté ici sur fond néoclassique des caryatides de l’historique bibliothèque et salle de lecture du musée Guimet.
 

Représentation de Shiva, divinité hindoue, Népal
 

Représentation de Vishnu Vasudeva, divinité hindoue, Népal, 1781
 

Purusha (homme cosmique), Népal, détrempe sur toile, 1806. La notion indienne d’homme cosmique, très ancienne, souligne l’identité profonde existant entre la constitution de l’être humain et celle de l’univers. Elle est illustrée par une iconographie élaborée, où les chakra (centres d’énergie subtile du corps humain) occupent une place majeure. Le thème a suscité au Népal la création d’images de grandes tailles, le plus souvent hindoues comme c’est le cas ici, mais aussi bouddhiques. Cette représentation est l’une des plus remarquables du genre.
 
Un mandala représente le palais d'une divinité peuplée par sa suite. Dans sa forme la plus élémentaire, il s'agit d'un cercle à l'intérieur d'un carré avec la divinité principale en son centre, entourée de ses émanations.


A gauche, mandala de Vasudhara, Népal, détrempe sur toile, début du 19e siècle. 
Vasudhara dont le nom signifie "flux de pierres précieuses" en sanskrit, est la déesse bouddhiste de la richesse, de la prospérité et de l'abondance. Sa popularité culmine au Népal où elle est très suivie par les Newars bouddhistes de la vallée de Katmandou
A droite, mandala de Sarvavid Vairochana, Népal, détrempe sur toile, début du 19e siècle.
Vairochana, le bouddha central, le «Resplendissant », apparait sous son aspect Sarvavid, l’«Omniscient ». Sa pratique est liée le plus souvent aux cérémonies funéraires afin de supprimer, en faveur des défunts, les causes et effets négatifs intervenus durant l’existence.
 

Sahasrabhuja Lokeshvara, Népal, détrempe sur toile, 1825.
Bodhisattva de la compassion (celui qui a fait le vœu de libérer de la douleur et de la souffrance les êtres sensibles, retardant sa propre libération), Sahasrabhuja Lokeshvara revêt ici une forme monumentale, rouge, à onze têtes et mille bras. Deux de ses huit mains principales soutiennent un petit stupa. A la partie inferieure, un long registre narratif commenté par des inscriptions en newari, a trait au culte de Vasudhara, déesse des richesses. Certains éléments dénotent une influence de l’esthétique sino-tibétaine.
 

Une mention spéciale pour cette statuette en cuivre rouge représentant Ganesh debout dansant sur sa monture le rat Mushika. Mon coup de cœur que je dédie bien sûr à Elvan, mon petit fils ! 
Ganesh, fils de Shiva et de Parvati est le dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence. C’est le protecteur des écoles et des travailleurs du savoir. Il est aussi le dieu du foyer et de l’écriture. Il est souvent représenté avec un corps potelé d’enfant possédant généralement quatre bras et une tête d’éléphanteau à une seule défense, faisant référence à l’histoire de sa naissance, racontée ici pour les enfants. 
 
Les divinités hindoues ont toutes une monture animale, c’est leur vahana. Elle symbolise quelque chose en lien avec le dieu ou la déesse qu’elle transporte, et renforce ses pouvoirs. Ainsi, l’éléphant massif, puissant et réfléchi et le rat petit, mobile et malicieux, ont tous les atouts nécessaires pour résoudre les problèmes du monde.
Les attributs les plus fréquents de Ganesh sont : une hache qui détruit tout désir et attachement, un nœud coulant qui capture l’erreur, un livre, une guirlande ou un chapelet comportant 50 éléments, un pour chacune des lettres de l’alphabet sanskrit, un gâteau ou un bol de friandises qui représente la douceur qui récompense celui qui cherche la vérité.
 

Sources
*Muséographie: panneaux explicatifs accompagnant les œuvres exposées au musée   Guimet
*Site de l'exposition du musée Guimet



 

2 commentaires:

  1. Merci ! Je me suis régalée ! Moi aussi Ganesh est mon dieu préféré…

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