Entre la place de la Nation et la place de la Bastille,
la rue du Faubourg Saint Antoine, l’une des plus anciennes voies de Paris est
depuis le 15e siècle le centre de l’artisanat du bois et de
l’ameublement. Cette activité aujourd’hui en voie de disparition, était prospère
au 19e siècle, mais déjà menacée par la concurrence anglaise, plus industrialisée. La construction
des immeubles haussmanniens, avec de nouveaux appartements luxueux qu’il fallait meubler
en conséquence offrait pourtant une riche clientèle!
Contrainte d’abandonner le centre de la capitale, la
population ouvrière avait été repoussée massivement vers la périphérie. Des artisans
et ouvriers logeaient déjà à proximité des ateliers d’ébénisterie, mais
l’habitat y était vétuste, insalubre et surpeuplé, avec des risques importants
de propagation des épidémies.
L’élan haussmannien n’affectera pas l’allure générale du
Faubourg Saint Antoine mais en déclinera cependant quelques règles dans les cours, impasses et passages. C’est donc généralement à l’abri des regards que
s’aligneront les fonctionnelles architectures des bâtisses réunissant habitations et ateliers mécanisés, cohabitant souvent avec des constructions
des siècles précédents.
L’homogénéité typique des îlots urbains du Second Empire trouve
cependant son paroxysme dans une rue perpendiculaire à la rue du Faubourg Saint
Antoine, proche de la place de la Nation, et percée en 1872. Elle est bordée de
19 immeubles dont les façades rigoureusement alignées sont parfaitement
identiques. Unique exemple de toute la capitale, c’est la rue des Immeubles
Industriels dans le 11e arrondissement. Sa dénomination, ne laisse
planer aucun doute sur sa fonction. Sur l’initiative de l’industriel
Jean-François Cail, l’architecte Émile Leménil fut chargé de sa réalisation.
Dès 1873, elle abrita plusieurs centaines d’ouvriers du
meuble et leur famille dans les logements en étages, en contrepartie d’un loyer
modéré. Pour se rendre sur le lieu de travail, le problème de transport ne se
posait pas. Les ateliers étaient en sous-sol, rez-de-chaussée et entresol. C’est l’une des premières constructions parisiennes conçue pour un nouveau mode de production et préfigurant le
concept de logement social.
En dehors des baies cintrées de l'entresol soulignant d'un feston régulier côtés pair et impair, il ne faut pas chercher la fantaisie dans cette architecture
mêlant acier, brique et pierre. Mais les technologies de l’époque apportaient à
l’ensemble un confort non négligeable, en particulier chauffage et électricité
fournis par une puissante machine à vapeur de 200 chevaux installée sous la
chaussée (spécialité de la Société Cail).
Hervé Deguine, a publié deux ouvrages relatant son histoire.
Le premier en 2015: Rue des Immeubles-Industriels. La cité idéale des artisans du meuble (1873-1914), Editions Bonaventure.
Le second en 2018: Rue des Immeubles-Industriels: une rue de Paris en guerre (1939-1945), Editions Bonaventure. Ce dernier retrace à partir de témoignages oraux et d’archives, une histoire plus tragique. La rue avait accueilli de nombreux immigrés dans la période de l’entre deux guerres, en particulier des Italiens, des Juifs venus d’Europe centrale et de Pologne. Un grand nombre de ses habitants, résistants, communistes, Juifs furent victimes des rafles et des déportations. Beaucoup sont morts dans les camps.
Hervé Deguine, a publié deux ouvrages relatant son histoire.
Le premier en 2015: Rue des Immeubles-Industriels. La cité idéale des artisans du meuble (1873-1914), Editions Bonaventure.
Le second en 2018: Rue des Immeubles-Industriels: une rue de Paris en guerre (1939-1945), Editions Bonaventure. Ce dernier retrace à partir de témoignages oraux et d’archives, une histoire plus tragique. La rue avait accueilli de nombreux immigrés dans la période de l’entre deux guerres, en particulier des Italiens, des Juifs venus d’Europe centrale et de Pologne. Un grand nombre de ses habitants, résistants, communistes, Juifs furent victimes des rafles et des déportations. Beaucoup sont morts dans les camps.
Il n’y a plus d’ébénistes depuis longtemps et les
appartements ont été vendus en copropriété dans les années 70.
D’autres
artisans ou commerçants occupent les ateliers, mais l’ensemble a conservé son
apparence d’origine. Seules quelques touches de couleurs viennent en rompre l’austérité.
Ballade dans les rues de Paris.... merci Patricia
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