mardi 5 mai 2020

Fou rire devant le hublot du lave-linge


On le pressentait, le virus et le confinement vont finir par mettre en péril notre équilibre mental !
Entre besoin de connaitre les évolutions de la situation sanitaire mondiale et la saturation d’informations contradictoires, entre la suspicion et la confiance qu’on aimerait bien encore pouvoir accorder, entre distanciation obligatoire et promiscuité incontournable, entre docilité et insoumission, les semaines ont défilé dans l’incertitude, l’attente de consignes qu’on aurait souhaité dictées par le simple bons sens…
On a fini par comprendre que le port du masque n’était pas aussi inutile qu’on a voulu nous le faire croire. La pénurie se prolongeant inexplicablement, on en a même confectionné… 


On nous a expliqué comment efficacement le porter et puis vint le moment de nous apprendre les précautions indispensables concernant son entretien : lavage en machine à 60°C minimum, avec détergeant mais sans adoucissant et séchage rapide en sèche-linge ou à défaut avec un sèche-cheveux. La séance de séchage pour ceux qui n’ont pas de sèche-linge va être assez fastidieuse, mais ça peut être une façon d’occuper son temps… à condition d’être en possession d’un sèche-cheveux.
On sent déjà qu’un ou deux masques ne vont pas suffire. Ça tombe bien j’ai ressorti le nécessaire de couture afin de compléter ma fabrication artisanale.


L’autorité médicale convoquée tous les soirs au JT de France 2 m’insupporte depuis plusieurs semaines. Le ton condescendant employé pour répondre aux diverses questions plus ou moins pertinentes nous relègue très vite au rang d’adultes aux facultés intellectuelles limitées. La question « peut-on laver les masques en tissu en même temps que son linge ? », a provoqué la réponse « Eh bien non, il est préférable de les laver séparément ! » Autant lapidaire qu’absurde puisqu’elle n’explique rien. 
Les masques vont-ils contaminer le linge ? 
Ou bien le linge risque-t-il d’infecter les masques ?
La réutilisation s’accompagne donc de contraignantes précautions et de risques ! 
Pourtant ces masques « grand public » sont officiellement autorisés à la vente en pharmacie, assortis, précisons-le, de la mention d’agrément de l’Association française de normalisation (Afnor) et l'indication du nombre de lavages (5,10 ou 20).
Dans quelle catégorie ranger les miens ? Je commence à douter de la pertinence de ma production, et de sa distribution à mes proches ! Mettrais-je involontairement leur santé et la mienne en danger ?

Plus tard, en regardant le lave-linge, un irrépressible fou rire m’a secoué plusieurs minutes, les larmes aux yeux, en imaginant quelques masques solitaires dansant dans la mousse… Mon cerveau serait-il atteint des premiers symptômes inquiétants ? Ou aurait-il besoin de relâcher la pression ?
Réflexion faite, je vais réduire encore le temps télé et continuer de nettoyer mon masque à ma façon, trempage dans l’eau savonneuse très chaude, suivi d’un lavage énergique à la main et d’un séchage à l’air confiné… en attendant les masques jetables (toujours absents) qui seront en vente libre quand la pandémie aura disparue et qu'on oubliera de stocker en prévision de la prochaine.


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