mercredi 23 octobre 2019

Sidyma, cité antique lycienne oubliée


Après la visite de Tlôs et le détour par Saklıkent, Pinara l’une des six plus importantes cités lyciennes disposant d’un triple droit de vote au sein de la Confédération (comme Xanthos, Patara, Tlôs, Myra et Olympos), était au programme mais après avoir quitter la D 400, pour suivre la direction de Minare (village proche du site), la route soi-disant stabilisée s’est rapidement transformée en piste déserte pour véhicules tout terrain. Malgré notre persévérance sur plusieurs kilomètres, et peut être très près du but,  nous avons fini par rebrousser chemin pour retrouver la D 400 en direction de la localité Eşen. Quelques kilomètres au sud d’Eşen, une bifurcation indique Sidyma (village de Dodurga) à 14 km. Comme Pinara, la cité domine la vallée, côté rive droite du Xanthos (Eşen).


Le village actuel a été construit parmi les vestiges, réemployant à l’occasion des éléments éparpillés dans les environs. Et le matériau ne manque pas !



Le site n’a pas fait l’objet de fouilles, tout au plus quelques prospections en 1982, 84 et 86 sous la direction d'Edmond Frézouls, professeur à l'Université de Strasbourg, et se limitant à des notes et relevés des vestiges de surface. Il doit être proche de l’état dans lequel Charles Fellows (encore lui) l’a visité en 1843. A une petite nuance près ! En déambulant dans les sentiers aux alentours du village, me revient en mémoire une anecdote lue page 339, dans les Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences Géographiques de 1848 rédigées par M. Vivien de Saint Martin et rapportant les observations de Charles Fellows à propos de sa visite des lieux : S’étonnant de voir les villageois tous armés de fusils, il en demande la raison et apprend que "le pays est plein de bêtes sauvages", qu'il est fréquent d’y rencontrer des lions, des tigres, des hyènes, sans compter les loups, les ours et les lynx. Mais oui, à cette époque pas si lointaine, les lions n’étaient pas confinés en Afrique subsaharienne et les tigres pas tous en Sibérie ! Quant aux autres, ils en existent encore sur certains territoires anatoliens, mais plus en Lycie. 
Rassurons les randonneurs, ils n’ont rien à craindre dans les parages, sinon les crocs du kangal, impressionnant chien de berger qui peut être agressif s’il sent le troupeau menacé.
Les visiteurs ne se bousculent pas et on peut supposer que les villageois sollicités ne seraient pas en mesure de répondre aux éventuelles questions des curieux. Ils ont espéré vainement la venue d’une équipe d’archéologues qui redonnerait un peu de prestige à cette cité oubliée, au risque de perdre leur tranquillité. En attendant, un panneau explicatif, probablement récent vu son bon état de lisibilité, a été planté bien en vue sur la place au cœur du village.


Il fait mention d’un portique à cet emplacement et d’un petit temple d’Artemis de 9 mètres de long. 


Les 4 colonnes et quelques pierres au sol figureraient une partie des vestiges. Ces constructions auraient été réalisées pendant le règne de l'empereur Claude (41-54 de notre ère). Aucune précision sur la fondation de la cité antique n’est donnée, à part que son nom en « yma » et de rares vestiges de la période classique (5e et 4e siècles avant notre ère), laissent supposer une origine bien antérieure aux plus anciennes inscriptions retrouvées et datées du 1er siècle avant notre ère. Les ruines visibles aux alentours proviennent de constructions de l’époque impériale romaine et de la période byzantine. En suivant un sentier caillouteux on peut voir un tombeau-maison, plutôt bien conservé. Puis un autre au milieu d'un champs.




Et l’on peut continuer à chercher les restes de sarcophages, de murs de fortification, de gradins d’un théâtre, de thermes romains et sentir naître une vocation d’explorateur sans risquer de se voir barrer le chemin par un fauve !


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