Après la visite de Tlôs et le détour par Saklıkent, Pinara
l’une des six plus importantes cités lyciennes disposant d’un triple droit de
vote au sein de la Confédération (comme Xanthos, Patara, Tlôs, Myra et
Olympos), était au programme mais après avoir quitter la D 400, pour suivre la
direction de Minare (village proche du site), la route soi-disant stabilisée
s’est rapidement transformée en piste déserte pour véhicules tout terrain. Malgré
notre persévérance sur plusieurs kilomètres, et peut être très près du
but, nous avons fini par rebrousser
chemin pour retrouver la D 400 en direction de la localité Eşen. Quelques kilomètres
au sud d’Eşen, une bifurcation indique Sidyma (village de Dodurga) à 14 km.
Comme Pinara, la cité domine la vallée, côté rive droite du Xanthos (Eşen).
Le village actuel a été construit parmi les vestiges, réemployant
à l’occasion des éléments éparpillés dans les environs. Et le matériau ne
manque pas !
Le site n’a pas fait l’objet de fouilles, tout au plus quelques prospections en 1982, 84 et 86 sous la direction d'Edmond Frézouls, professeur à l'Université de Strasbourg, et se limitant à des notes et relevés des vestiges de surface. Il doit être
proche de l’état dans lequel Charles Fellows (encore lui) l’a visité en 1843. A
une petite nuance près ! En déambulant dans les sentiers aux alentours du
village, me revient en mémoire une anecdote lue page 339, dans les Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences Géographiques de 1848
rédigées par M. Vivien de Saint Martin et rapportant les observations de
Charles Fellows à propos de sa visite des lieux : S’étonnant de voir les
villageois tous armés de fusils, il en demande la raison et apprend que "le pays est plein de bêtes sauvages", qu'il est fréquent
d’y rencontrer des lions, des tigres, des hyènes, sans
compter les loups, les ours et les lynx. Mais oui, à cette époque pas si
lointaine, les lions n’étaient pas confinés en Afrique subsaharienne et les tigres
pas tous en Sibérie ! Quant aux autres, ils en existent encore sur certains
territoires anatoliens, mais plus en Lycie.
Rassurons les randonneurs, ils n’ont rien à craindre dans les parages, sinon les crocs du kangal, impressionnant chien de berger qui peut être agressif s’il sent le troupeau menacé.
Rassurons les randonneurs, ils n’ont rien à craindre dans les parages, sinon les crocs du kangal, impressionnant chien de berger qui peut être agressif s’il sent le troupeau menacé.
Les visiteurs ne se bousculent pas et on peut supposer
que les villageois sollicités ne seraient pas en mesure de répondre aux éventuelles
questions des curieux. Ils ont espéré vainement la venue d’une équipe d’archéologues
qui redonnerait un peu de prestige à cette cité oubliée, au risque de perdre
leur tranquillité. En attendant, un panneau explicatif, probablement récent vu son bon état de lisibilité, a été planté bien en vue sur la place au cœur du village.
Il fait mention d’un portique à cet emplacement et d’un petit temple d’Artemis de 9 mètres de long.
Les 4 colonnes et
quelques pierres au sol figureraient une partie des vestiges. Ces constructions auraient été réalisées pendant le règne de l'empereur Claude (41-54 de notre ère). Aucune précision
sur la fondation de la cité antique n’est donnée, à part que son nom en « yma »
et de rares vestiges de la période classique (5e et 4e siècles
avant notre ère), laissent supposer une origine bien antérieure aux plus
anciennes inscriptions retrouvées et datées du 1er siècle avant notre
ère. Les ruines visibles aux alentours proviennent de constructions de l’époque
impériale romaine et de la période byzantine. En suivant un sentier caillouteux on peut voir un tombeau-maison, plutôt bien conservé. Puis un autre au milieu d'un champs.
Et l’on peut continuer à chercher les
restes de sarcophages, de murs de fortification, de gradins d’un théâtre, de thermes romains et
sentir naître une vocation d’explorateur sans risquer de se voir barrer le
chemin par un fauve !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire