La période de Pâques inspire
aussi les chocolatiers d’Istanbul et les vitrines se parent d’œufs, de lapins,
de cloches… Toutes les occasions sont bonnes pour faire plaisir aux petits
gourmands. D’abord réservée aux minorités chrétiennes, d'année en année la tradition fait des
émules, toutes populations confondues. Un souvenir d'enfance me revient en mémoire...
Une cocotte en chocolat amer
Comme beaucoup d’enfants j’ai
subi une ablation des amygdales et des végétations à l’âge de 4 ans.
Souvenir très vaguement douloureux de cette intervention qui eut pour
conséquence chouchoutage intensif et abondance d’esquimaux que mon papa se
procurait dans les cinémas du quartier, le Brunin (actuellement MK2 Nation, bd
Diderot) ou le Triomphe (démoli dans les années 70, rue du Fb St Antoine)
Puis le médecin de famille
conseilla vivement un changement d’air pour la convalescente, ce qui me valut au
printemps, un séjour dans le sanatorium de la Tronche , près de Grenoble, au pied du mont Saint-Eynard. Dans un grand chalet entouré d’un parc, je crois…
Dans les boîtes à photo de l'appartement familial, j'ai retrouvé la carte postale originale...
Mes parents avaient dû m’expliquer que cet éloignement était nécessaire pour ma santé, pour mon bien… que ce seraient des vacances avec d’autres enfants…
Mes parents avaient dû m’expliquer que cet éloignement était nécessaire pour ma santé, pour mon bien… que ce seraient des vacances avec d’autres enfants…
Mais je me souviens d’un
cuisant dépit à mon arrivée. Un isolement sanitaire et quelques nuits
solitaires dans un dortoir immense et vide m’attendaient.
Comment avaient-ils pu m’abandonner
dans ces lieux sinistres ? Qu’en était-il des promesses de jeux et de
promenades ?
Retrouvant mes congénères, les
souvenirs des jours suivants se sont estompés dans l’insouciance de l’enfance,
sauf l’épisode de la cocotte en chocolat.
Dans le dortoir réservé aux
petits convalescents, les lits en enfilade étaient séparés par des tables de
nuit. Un jour, sur quelques unes, des friandises de Pâques, expédiées par les
parents, furent déposées puis rapidement englouties.
Ma voisine semblait
particulièrement satisfaite et fière de la superbe cocotte enrubannée qui y
trônait, mais elle n’y toucha pas. J’avais bien compris qu’elle ne m’était pas
destinée, mais ainsi exposée à la convoitise pendant des jours, la tentation de
la croquer devint irrésistible. J’accomplis en cachette l’irréparable, en amputant
sa queue d’un coup de dent.
Je n’ai pas le moindre
souvenir d’une quelconque investigation du personnel, ni de punition. Il y eu
cependant des représailles à la hauteur du forfait : mon baigneur en
caoutchouc fut généreusement gribouillé, tout aussi subrepticement, au bic bleu
et en porta les traces indélébiles toute son existence.
Honteuse d’avoir été
démasquée, je le fus sans doute, mais le sentiment de culpabilité ne m’effleura
pas. J’étais victime d’une injustice. L’amertume fut le lot de mes parents
qui déjà mal à l’aise d’avoir accepté de m’imposer ce séjour, regrettèrent
longtemps cet oubli impardonnable qui avait mis leur petite fille chérie dans
une situation si délicate.
Bon anniversaire et joyeuses Pâques! J'aime bien tes souvenirs de gourmande!
RépondreSupprimerMerci Kiki... Et en effet je réalise que ces souvenirs sont liés surtout à la mémoire des saveurs!
RépondreSupprimerOh oui, un panier à la main, on partait dans le jardin des grands-parents pour fouiller dans tous les recoins et naturellement le lendemain... un peu mal au ventre mais que de souvenirs !!!!
RépondreSupprimerTarotus...