La visite de Çatalca était au
programme de ce samedi et malgré des prévisions météo pas très encourageantes, tous
étaient au rendez-vous. Nous sommes arrivés sur place moins d’une heure après
notre départ. (55 km )
Aujourd’hui petite ville de 17 000
habitants, Çatalca fut un poste avancé de l’armée ottomane. Les environs
offraient un lieu de villégiature et de chasse aux sultans ottomans.
L’architecte Mimar Sinan y
construisit une mosquée pour le vizir du sultan Murad III (1574-1595), Ferhat
Pacha, par ailleurs habile calligraphe. De dimension modeste et d’allure sobre,
l’édifice n’en a pas moins l’élégance des réalisations du maître.
De cette époque subsiste aussi
des fontaines dont la Topuklu çeşme prolongée d’un bassin et
alimentée d’eau de source.
Bien des vestiges de l’époque
byzantine sont enfouis mais quelques uns témoignent de son passé quand elle
avait pour nom “Matrai”.
Des pans ruinés de la grande
muraille qui la traversait, s’étirant de la mer Noire à la Marmara sur des centaines
de kilomètres, sont encore visibles.
Le musée de l'Echange
Gréco-Turc, ouvert en 2010, retrace une histoire beaucoup plus récente et
encore sensible. Les déplacements de population qui ont accompagnés la
naissance de la République
de Turquie ont laissé des traces douloureuses et ce n’est que depuis peu que le
tabou est levé sur le sujet.
De part et d’autres de la mer Egée ils ont été nombreux à devoir quitter les provinces où ils étaient nés, pour rejoindre leur pays où ils n’avaient jamais vécu.
De part et d’autres de la mer Egée ils ont été nombreux à devoir quitter les provinces où ils étaient nés, pour rejoindre leur pays où ils n’avaient jamais vécu.
Un film récent
« Dedemin İnsanları » de Cağan Irmak, évoque le déchirement des
familles turques de Crète à leur arrivée sur le sol turc.
Dans les rues de Çatalca,
quelques anciens se souviennent que leur parents ont vécu cet épisode tragique
et n’ont pas oublié le grec, langue qui a bercé leur enfance.
Le bâtiment qui abrite le musée
est une ancienne taverne grecque qui fut un temps le local d’une banque.
La gendarmerie est aujourd’hui
installée dans l’ancienne école religieuse de sœurs orthodoxes.
De cette époque d’avant
l’échange subsistent de belles demeures habitées ou à l'abandon...
Les arbres de Judée préparent
leur efflorescence rose qui s’épanouira en mai. Il faudra revenir… car pour
l’instant ce n’est qu’une promesse et d’ailleurs le ciel commence à
s’assombrir.
A 13km, dans le village d’İhsaniye,
le restaurant d’Emin Usta est réputé pour ses spécialités de viande de Thrace. Un
poêle rustique confirme que les amateurs viennent ici en toutes saisons.
Apres un copieux repas, la
pause thé-café est prévue au village
Kabakçıköy. Nous n’avons que le temps de nous engouffrer dans la surprenante
brocante de Seyfullah Bey où règne un indescriptible bric à braque de
vieilleries et ses créations personnelles de bijoux fantaisie.
C’est là que nous attendrons en
vain une accalmie pour continuer notre périple.
Nous aurions été bien inspiré
de visiter les grottes d’Inceğiz le matin, au sec, car pour accéder aux niveaux
supérieurs, les marches grossièrement façonnées dans le sentier qui mènent à
l’entrée sont devenues impraticables. Les plus intrépides qui s’y engagent
doivent finalement se résoudre à rebrousser chemin. Un abri aux parois noircies
de fumée est occupé par une famille de pique-niqueurs qui commence à
s’inquiéter des difficultés d’évacuation en nous voyant périlleusement patiner.
Des habitations troglodytes et de la nécropole aménagées il y a au moins 25 000
ans nous n’aurons qu’un bref aperçu avant de regagner le car, bien trempés et un
peu crottés.
Nous ne verrons rien cette fois
des salles successives reliées par des tunnels et des marches creusées dans la
roche, ni des voûtes ornées de croix attestant de l’occupation des lieux par
des chrétiens. Nous n’aurons pas le loisir d’admirer d’en haut le paysage où
serpente la rivière. D’ailleurs une promenade en longeant le cours d’eau conduit
à d’autres grottes paraît-il, au lieu dit Kırkayak…
Des documents signalent dans les environs d’autres constructions troglodytes, İki
Göz près du village d’İhsaniye, Elbasan et Gökçeali dans les villages homonymes…
Mais ce sera pour une autre fois !
Il existe aussi en Thrace des
preuves d’occupations paléolithiques d’Homo sapiens remontant au début de leur colonisation
de l’Europe il y a plus de 40 000 ans et même d’Homo erectus il y a 400 000
ans. Tout près d’Istanbul, les grottes de Yarımburgaz, à proximité du lac de Küçükçekmece
témoignent de cette préhistoire lointaine et ont fait l’objet de toute
l’attention des spécialistes qui préconisent de toute urgence une protection du
site.
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