samedi 1 février 2014

Pera, le quartier du divertissement et ses vestiges cinéphiles

Face à la péninsule historique de la vieille ville, sur l’autre rive de la Corne d’or et faisant aujourd’hui partie intégrante du cœur d’Istanbul, Pera fut un faubourg de Byzance dès le 5e siècle. Grecs, Juifs, Levantins et Arméniens ont formé la majorité des habitants de ce quartier pendant des siècles. Ambassades, écoles, églises, hôpitaux étrangers, passages, bâtisses remarquables témoignent encore de ce passé cosmopolite.






Bien qu’il ait subi d’importants changements en même temps qu’il changeait de nom au début du 20e siècle pour s’appeler Beyoğlu, son attrait s’est décuplé à partir des années 90 après une période de décrépitude affligeante et la suivante qui entama une réhabilitation accélérée, renouant avec la traditionnelle vocation de ces lieux qui symbolisaient déjà il y a cent ans, vie culturelle et animation nocturne.



C’est principalement cette dernière avec ses bars à vin, ses tavernes et restaurants qui attire les foules aujourd’hui dans les rues adjacentes d’Asmalımescit et Nevizade, tandis que dans la journée le large éventail local et international de fast-food ne désemplit pas dans l’avenue principale fréquentée par les amateurs de lèche-vitrines d’enseignes internationales de la mode et de la technologie.
L’activité culturelle est plutôt à découvrir dans le labyrinthe des rues alentours. De nombreuses galeries d’art contemporain et des musées ont ouvert leurs portes (musée de Pera, musée Doğançay et musée de Galatasaray…), tandis que, sur la place Taksim, celles de l’AKM (Centre Culturel Atatürk), à l’avenir incertain, se sont fermées en 2008.
C’est aussi le lieu où l’on peut écouter tous les styles de musique, du jazz au fasıl en passant par le heavy metal ou l’arabesk, la musique tzigane ou le rebetiko grec. Un ou une artiste de passage évoque cette foisonnante activité musicale et son affection pour le quartier en dépit des souffrances endurées.


Le street art est particulièrement bien représenté. Un festival lui est même consacré depuis 2009. Les murs et les sols se sont couverts de graffiti, de pochoirs, de collages pour parler des préoccupations, des revendications, des nostalgies populaires…
Quant aux salles obscures,  elles ferment les unes après les autres ou sont détruites et nombreux sont ceux qui le déplorent.
Pourtant en flânant dans les rues à l’écart de la foule de l’avenue Istiklâl, le passé cinéphile resurgit pour  le passant attentif.
Les acteurs débutants et les figurants attendaient au café des artistes, le rôle qui les rendrait célèbres ! Pour certains l’attente fut désespérément longue comme l’illustre cette humoristique expression de l'art urbain. 



La première projection cinématographique publique à Istanbul eut lieu en 1876 dans la salle de la brasserie Sponeck, disparue en 1903 comme en témoigne cette plaque apposée à l’entrée du Hard Rock Café Istanbul installé dans la rue en face du lycée de Galatasaray depuis quelques semaines.


De l’autre côté de la rue Istiklâl, en longeant les murs du lycée on trouve le musée - fondation Türvak qui consacre depuis janvier 2011 ses 3 étages au cinéma et au théâtre.



Il semblerait que quelques initiatives tentent de préserver la mémoire du quartier qui a vu naître le Festival international du film d'Istanbul en avril 1982, tout premier événement culturel organisé par l'ISKV (Fondation des arts et de la culture d'Istanbul) qui eut un impact considérable à l’époque et qui reste un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles, chaque printemps.

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire