lundi 3 juin 2024

Théodore Rousseau « La voix de la forêt » au Petit Palais

De retour à Paris après un relatif court séjour stambouliote mis à profit pour se couler dans un bain de verdure printanière en forêt de Belgrade et à l’arboretum, une visite à l’exposition « La voix de la forêt » proposée par le Petit Palais, fut une parfaite transition d’autant plus que les journées pluvieuses s’enchainaient sans fin et ne semblaient pas disposées à nous autoriser des balades dans la nature !


Qu’à cela ne tienne, puisque Théodore Rousseau (1812-1867) s’est immergé pour nous dans les sous-bois, les clairières, qu’il a fait de la forêt de Fontainebleau son domaine de prédilection pour étudier la végétation, la représenter en dessin, en peinture et réaliser des tableaux, pour la plupart de véritables « portraits d’arbre ».  Avec lui la nature n’est plus un décor mais le véritable sujet de son œuvre, sa principale source d’inspiration, guidant notre regard pour qu’il s’y plonge avec délice.



L’abreuvoir, 1850-1860, huile sur bois




L'allée des châtaigniers, vers 1837-1840, huile sur toile qui avait été retenue par l’état en 1840 avant achèvement et non remis par l'artiste à la suite du refus de l'œuvre au Salon de 1841. Son acquisition en vente publique ne sera effective qu’en 1912.


Dans la forêt de Fontainebleau, huile sur panneau de chêne, 1830. Une composition en ellipse capte le regard du spectateur vers l’intérieur de la forêt où un espace plus lumineux l’attire.


Le Vieux Dormoir du Bas-Bréau, 1836-1837, huile sur toile


Intérieur de forêt, 1865, fusain et huile sur toile


La mare au chêne, 1860-1865, huile sur bois


Le chêne de la Reine Blanche, 1840-1845, fusain et rehauts de craie blanche sur toile préparée gris-brun


Groupe de chênes, Apremont, Exposition universelle de 1865, huile sur toile.
Alfred Sensier, le biographe de Th. Rousseau soutient que ce tableau mettant en valeur les trois grand chênes bicentenaires a été spécialement créé pour préserver l’ancienne apparence du site menacée par des plantations de pins. La présence du troupeau de vaches et du bouvier souligne une pratique pastorale traditionnelle en plein déclin dans les années 1850 : le pâturage dans la forêt de Fontainebleau.


Arbre dans la forêt de fontainebleau, 1840-1849, huile sur papier marouflé sur toile.


« J’entendais aussi la voix des arbres […] : les surprises de leurs mouvements, leurs variétés de formes et jusqu'à leur singularité d’attraction vers la lumière m’avaient tout d’un coup révélé le langage des forets. » Théodore Rousseau cité par Alfred Sensier en 1872.






Le massacre des Innocents ou Abattage d’arbres dans l’ile de Croissy, 1847, huile sur toile inachevée. Le titre évoquant le récit biblique du meurtre de tous les nourrissons ordonné par le roi Hérode à Bethléem, témoigne de l’indignation de l’artiste. D’autres intellectuels dénonceront également cette destruction de la forêt, dont ses amis de Barbizon et Victor Hugo






Le Panorama de l'Histoire du siècle est une gigantesque huile sur toile réalisée par Alfred Stevens et Henri Gervex pour l'Exposition Universelle de 1889. Le fragment présenté ici est un portrait de groupe de peintres de paysages, montrant l’importance acquise par le genre réaliste au cours du siècle. Théodore Rousseau y côtoie ses amis, Dupré, Isabey, Millet, Couture, Daubigny, Diaz, Corot, Troyon, Fromentin, Barye, Decamp, Courbet, et Robert-Fleury.

L’exposition du Petit Palais est aussi l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’histoire de la forêt de Fontainebleau.


Une carte de la forêt datée de 1839






Le combat de l’artiste pour la préservation de la forêt n’aura pas été vain. Dès 1853, une "série artistique" est créée en forêt de Fontainebleau, une réserve biologique en 1953, des réservoirs de biodiversité en 2009. Sous des vocables évoluant au fil des ans, une partie de la forêt est désormais protégée des interventions humaines et le public n'y a pas accès. 
Les promeneurs ne manquent cependant pas de parcours pour assouvir leur soif de verdure, et ils sont nombreux à plébisciter cette forêt d'exception... 15 millions en 2023!
Au détour d'un chemin on peut y voir ce gros rocher portant un bas-relief de bronze en hommage aux deux peintres qui ont tant arpenté ces lieux. 
 


Le Petit Palais en expose le modèle en plâtre. 

Exposition temporaire « La Voix de la Forêt » au Petit Palais du 5 mars au 7 juillet 2024   

 

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