lundi 10 juin 2024

Exposition « les chevaux de Géricault » au musée de la Vie romantique

 
Une exposition nous a récemment plongés dans l’univers végétal du peintre Théodore Rousseau (1812-1867) qui puisa son inspiration dans le spectacle de la nature et s’en fit un avocat passionné à travers son œuvre.
Un autre Théodore, contemporain du premier, laisse transparaitre sans ambiguïté sa fascination exaltée pour les chevaux.


Théodore Géricault,
Cheval cabré dit « Tamerlan », vers 1812-1813, huile sur toile, Rouen, musée des Beaux-arts.
En effet pour le bicentenaire de la mort de Théodore Géricault (1791-1824), le musée de la Vie romantique expose temporairement près d’une centaine de ses œuvres ayant pour thème le sujet auquel l’artiste a consacré l'essentiel de sa courte vie.
Intrépide et fougueux cavalier, il les a longuement observés pour les représenter dans ses tableaux équestres, ses études préparatoires, ses aquarelles et ses esquisses.
Marqué par les guerres napoléoniennes et les débuts de l’industrialisation, le cheval n'est pas pour lui un sujet mondain et décoratif, mais bien le centre de ses méditations, de ses réflexions, des sentiments que lui inspirent l’atrocité des guerres, la pénibilité du travail, le dépassement dans l’effort physique, la souffrance et la mort.










Cheval turc dans une écurie, 1814/1818, huile sur papier collé sur toile, Paris, musée du Louvre.

La scénographie de l’exposition s’applique à révéler l’admiration de Géricault pour tous les types de chevaux, petits et grands, glorieux ou vaincus, blessés ou épuisés, en liberté, à l’écurie, sur le champ de bataille ou le champ de courses…


Deux chevaux de poste à la porte d’une écurie, dit aussi, Un postillon faisant rafraichir ses chevaux, 1822/1823, huile sur papier collé sur toile, Paris, musée du Louvre.



 

Chevaux de halage
, 1821, crayon noir, lavis d’encre grise et d’encre noire sur papier. Paris, galerie Acheron.

Dès les premiers jours, l’exposition a fait l’objet de querelles d’experts, dont la presse s’est fait l’écho, et qui ont relevé dans les œuvres inédites des attributions contestables. Trop d’œuvres de paternité douteuse porteraient préjudice à la crédibilité de l’ensemble.
N’étant pas spécialiste, j’ai bien remarqué ici et là des représentations morphologiques qui m’ont paru fantaisistes voire disgracieuses mais elles n’en sont pas moins indiscutablement authentifiées. Il n’y a pas plus inégal parait-il que le travail du génial Géricault et accordons lui la liberté de son expression artistique.
Et puis une grande partie des œuvres provient de prêts muséaux et leur authenticité ne fait à priori aucun doute. Pour les autres, laissons aux spécialistes le soin de faire le tri.

Complétons la visite en flânant dans la demeure d’Ary Scheffer (1795-1858), peintre d’origine hollandaise, qui s’installe en juillet 1830 dans ce quartier à la mode dit la "Nouvelle Athènes" rue Chaptal, en contrebas de Montmartre.


Thomas Phillips, Ary Scheffer, huile sur toile, vers 1840.

De part et d’autre de la maison style Restauration dont il est locataire, sont ajoutés deux ateliers à verrière, et la cour pavée est prolongée d’un jardin d’agrément.



Arie Johannes Lamme, Façade de la maison d’Ary Scheffer vue du jardin, huile sur bois, 1865.
Portraitiste renommé, il y reçoit le Tout-Paris artistique et intellectuel. Delacroix vient en voisin, Théodore Rousseau est également un familier des lieux.
Chopin joue volontiers sur le piano Pleyel. Ils retrouvent Liszt et Marie d’Agoult, ainsi que Rossini, Tourgueniev, Dickens ou Pauline Garcia-Viardot, cantatrice et compositrice. À la mort du peintre, sa fille achète maison et dépendances, y reçoit les intellectuels et expose les œuvres de son père.
 

Ary Scheffer,
La Mort de Géricault (1824), Paris, musée du Louvre. À son chevet, deux de ses amis éplorés le colonel Louis Bro et le peintre Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy.

La propriété revint ensuite à Noémie Renan-Psichari (petite-nièce de Scheffer). Elle y installe alors un grand salon et une bibliothèque consacrée aux œuvres de son père Ernest Renan dans le premier atelier et loue le second à des artistes. C’est ainsi qu’au 20e siècle, le monde des arts et des lettres fréquente toujours les lieux. L’Etat en fait l’acquisition en 1956. En 1982, la gestion de l’immeuble est remise à la ville de Paris qui ouvre alors une annexe du musée Carnavalet sous l’appellation de musée Renan-Scheffer, qui deviendra en 1987 le musée de la Vie romantique.
Y sont exposés de nombreux souvenirs de George Sand et autres figures du mouvement romantique loué en ces termes par Victor Hugo : « Une révolution est faite dans les arts. Elle a commencé par la poésie, elle s’est continuée dans la musique ; La voilà qui renouvelle la peinture. » 
 
Les Chevaux de Géricault, du 15 mai au 15 septembre 2024
Musée de la Vie Romantique, 16 rue Chaptal, Paris 9e
Ouvert de 10h à 18h tous les jours sauf le lundi 
--------------------
Sources

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire