Une exposition nous a récemment plongés dans l’univers
végétal du peintre Théodore Rousseau (1812-1867) qui puisa son inspiration dans
le spectacle de la nature et s’en fit un avocat passionné à travers son œuvre.
Un autre Théodore, contemporain du premier, laisse
transparaitre sans ambiguïté sa fascination exaltée pour les chevaux.
En effet pour le bicentenaire de la mort de Théodore
Géricault (1791-1824), le musée de la Vie romantique expose temporairement près
d’une centaine de ses œuvres ayant pour thème le sujet auquel l’artiste a
consacré l'essentiel de sa courte vie.
Intrépide et fougueux cavalier, il les a longuement observés
pour les représenter dans ses tableaux équestres, ses études préparatoires, ses
aquarelles et ses esquisses.
Marqué par les guerres napoléoniennes et les débuts de
l’industrialisation, le cheval n'est pas pour lui un sujet mondain et
décoratif, mais bien le centre de ses méditations, de ses réflexions, des
sentiments que lui inspirent l’atrocité des guerres, la pénibilité du travail, le
dépassement dans l’effort physique, la souffrance et la mort.
Cheval turc
dans une écurie, 1814/1818, huile sur papier collé sur toile, Paris, musée
du Louvre.
La scénographie de l’exposition s’applique à révéler l’admiration
de Géricault pour tous les types de chevaux, petits et grands, glorieux ou
vaincus, blessés ou épuisés, en liberté, à l’écurie, sur le champ de bataille
ou le champ de courses…
Deux chevaux de
poste à la porte d’une écurie, dit aussi, Un postillon faisant rafraichir ses chevaux, 1822/1823, huile sur
papier collé sur toile, Paris, musée du Louvre.
Dès les premiers jours, l’exposition a fait l’objet de querelles
d’experts, dont la presse s’est
fait l’écho, et qui ont relevé dans les œuvres inédites des attributions
contestables. Trop d’œuvres de paternité douteuse porteraient préjudice à la crédibilité
de l’ensemble.
N’étant pas spécialiste, j’ai bien remarqué ici et là des
représentations morphologiques qui m’ont paru fantaisistes voire disgracieuses
mais elles n’en sont pas moins indiscutablement authentifiées. Il n’y a pas
plus inégal parait-il que le travail du génial Géricault et accordons lui la
liberté de son expression artistique.
Et puis une grande partie des œuvres provient de prêts
muséaux et leur authenticité ne fait à priori aucun doute. Pour les autres,
laissons aux spécialistes le soin de faire le tri.
Complétons la visite en flânant dans la demeure d’Ary
Scheffer (1795-1858), peintre d’origine hollandaise, qui s’installe en juillet
1830 dans ce quartier à la mode dit la "Nouvelle Athènes" rue Chaptal,
en contrebas de Montmartre.
De part et d’autre de la maison style Restauration dont
il est locataire, sont ajoutés deux ateliers à verrière, et la cour pavée est
prolongée d’un jardin d’agrément.
Arie Johannes Lamme, Façade de la maison d’Ary Scheffer vue du jardin, huile sur bois,
1865.
Portraitiste renommé, il y reçoit le Tout-Paris artistique
et intellectuel. Delacroix vient en voisin, Théodore Rousseau est également un
familier des lieux.
Chopin joue volontiers sur le piano Pleyel. Ils
retrouvent Liszt et Marie d’Agoult, ainsi que Rossini, Tourgueniev, Dickens ou
Pauline Garcia-Viardot, cantatrice et compositrice. À la mort du peintre, sa
fille achète maison et dépendances, y reçoit les intellectuels et expose les
œuvres de son père.
La propriété revint ensuite à Noémie Renan-Psichari
(petite-nièce de Scheffer). Elle y installe alors un grand salon et une
bibliothèque consacrée aux œuvres de son père Ernest Renan dans le premier
atelier et loue le second à des artistes. C’est ainsi qu’au 20e
siècle, le monde des arts et des lettres fréquente toujours les lieux. L’Etat en
fait l’acquisition en 1956. En 1982, la gestion de l’immeuble est remise à la
ville de Paris qui ouvre alors une annexe du musée Carnavalet sous
l’appellation de musée Renan-Scheffer, qui deviendra en 1987 le musée de la Vie
romantique.
Y sont exposés de nombreux souvenirs de George Sand et
autres figures du mouvement romantique loué en ces termes par Victor Hugo :
« Une révolution est faite dans les arts. Elle a commencé par la poésie,
elle s’est continuée dans la musique ; La voilà qui renouvelle la
peinture. »
Les Chevaux de Géricault, du 15 mai au 15 septembre 2024
Musée de la Vie Romantique, 16 rue Chaptal, Paris 9e
Ouvert de 10h à 18h tous les jours sauf le lundi
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Sources
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