lundi 11 mars 2024

Musée Carnavalet, la mémoire vive de Paris

 
Le musée Carnavalet – Histoire de Paris est l’un des plus anciens musées de la capitale.


Cette entrée principale de l’hôtel Carnavalet, se situe rue des Franc-bourgeois. A noter que l’entrée au Musée se fait par la rue de Sévigné.

 
Cour d’honneur pavée de l’hôtel Carnavalet avec en son centre la statue de Louis XIV, l’une des rares effigies monumentales du Roi-Soleil à avoir échappé aux destructions révolutionnaires. Œuvre d’Antoine Coysevox, 17e siècle. Inaugurée le 14 juillet 1689, la sculpture en bronze trônait alors dans la cour de l’hôtel de ville de Paris. Retirée de son emplacement d’origine, elle accueille les visiteurs du musée depuis 1890.


Fermé au public depuis octobre 2016 pour travaux de rénovation, le musée a rouvert ses portes en juin 2021. Parmi les 625 000 pièces que comptent les collections conservées, 3 800 sont exposées, avec un taux de renouvellement des œuvres de près de 60 % par rapport à l’ancien parcours. Autant dire un nouveau musée à découvrir, puisque des rotations sont aussi prévues. Ce musée de l’histoire de la ville de Paris déroule un fil continu de la préhistoire à nos jours. Difficile d’appréhender l’ensemble en une seule visite. Commençons par les galeries du rez-de-chaussée.
 

Peintes, sculptées ou émaillées, les enseignes peuvent être en pierre, bois, plomb, fer ou céramique. Les thèmes choisis sont variés mais donnent le plus souvent un indice sur le type de commerce auquel ils se référent, indispensable à la compréhension puisque s’adressant à un public souvent illettré.



Au chat noir, enseigne de marchand de soieries, puis de confiseur, anciennement 32, rue Saint Denis, fin 18e siècle, plâtre peint et verre.


Au petit lion, enseigne de cabaret (?), 18e siècle, fonte de fer et rehauts de peinture.


Mercerie, coutellerie ou atelier de rémouleur ?
 


Au chat qui dort. Enseigne de marchand de vins, anciennement 52, rue Mouffetard, 5
ème arrondissement. Un gros chat dort sur son coussin, à l’ombre d’une vigne chargée de raisins, indifférent à la souris qui s’approche de ses moustaches.


Autres enseignes de marchands de vins reconnaissables aux feuilles de vignes et raisins.




A la Bastille. Enseigne d'un café auvergnat. Rue Saint-Sabin, 11ème
arrondissement, vers 1800.


Enseigne de marchand de meubles anciennement 4, rue du Faubourg Saint Antoine, puis au 26 de la même rue, 11ème arrondissement.
 Bois peint du 18e siècle. Le griffon, animal fantastique fait partie du répertoire de l’art décoratif des ébénistes. Ornement généralement en bronze fréquemment utilisé sur le mobilier.


La sirène du 18
e siècle trouvée dans la rue Saint Denis en 1914 et un peu cabossée n’a rien livré de sa mystérieuse origine aux restaurateurs qui lui ont fait un brin de toilette pour la rendre présentable.


Celle-ci est bien alléchante ! Mais elle ressemble déjà aux affiches qui seront en vogue vers 1925. 



Reconstitution d’après photographie (entre 1903
et 1904) de la façade de la boutique d’apothicaire Lescot, 14 rue de Grammont, 2ème arrondissement.



« Fluctuat nec Mergitur » slogan de la résilience de Paris après les attentats de 2015, signifie « battu par les flots mais ne sombre pas ». C’est la devise qui accompagne fièrement le célèbre voilier ornant les armoiries de la Ville de Paris. Ce bateau a pour origine l'histoire fluviale de la ville, liée notamment aux Nautes, puissante confrérie de marchands mariniers de la tribu gauloise des Parisis, naviguant sur la Seine et vers les fleuves et rivières du reste de la Gaule. Ils furent à la base du commerce et des échanges entre la cité de Lutèce et le reste du monde antique. Un vestige découvert au 18e siècle dans le sous-sol de la cathédrale Notre-Dame de Paris, exposé dans la salle du frigidarium des thermes de Cluny, témoigne de leur notoriété : « Le pilier des Nautes » qu’ils ont fait ériger en l'honneur de Jupiter et dédier à l’empereur romain Tibère (règne entre 14 et 37).
Ce bateau sera représenté sur le sceau des «marchands de l’eau» parisiens du 13e siècle jusqu’ à la Révolution.
Le blason de Paris comporte également un bandeau de fleurs de lys, imposé par le pouvoir royal pour marquer son autorité sur la ville, des tours en couronnes rappelant les remparts de la ville ancienne , une branche de laurier à gauche, symbole de la victoire et une branche de chêne à droite honorant les actes de bravoure des citoyens, éléments iconographiques ajoutés à diverses époques.


Pourquoi l’hôtel Carnavalet se nommait-t-il ainsi ? Des bals costumés se déroulaient-ils en ces lieux ? Les affichettes pédagogiques destinées aux enfants peuvent répondre aussi à la curiosité des plus grands !


Grand vase commémoratif de 1924, comme un clin d’œil à l’événement de 2024 que les Parisiens se préparent à fêter pour certains et à subir pour d’autres !
  Il y a tout juste cent ans que les Jeux Olympiques se sont précédemment déroulés à Paris.
 
Tous les Parisiens et même les touristes connaissent le Champ-de-Mars, entre Ecole Militaire et Tour Eiffel.
Anciennement jardin potager, puis champ de manœuvres militaires et de revue annuelle des troupes, cet espace vert a accueilli de nombreux rassemblements depuis la Révolution, Fête de la Fédération en 1790, Fête de la Concorde en 1848, expositions universelles en 1867, 1878, 1889, 1900 et 1937, et aujourd’hui des concerts, expositions, feux d'artifice, sans compter les pique-niques et les apéros pelouse.
Mais qui connait le monument des Droits de l'homme et du citoyen qui s’y trouve depuis 1989 entre Ecole militaire et Bassin du Champ-de-Mars, avenue Charles-Risler ?
Le musée Carnavalet en possède une maquette, qui m’a permis de prendre connaissance de l’existence de ce monument.



Edifice en pierre de taille sur plan carré, faisant penser à un tombeau, flanqué de statues, homme, femme et enfant, ainsi que de deux obélisques, l'un à base triangulaire, l'autre à base carrée, en bronze couverts d'une profusion de symboles et de textes dont la déclaration des droits de l'homme de 1789.
Il ne reste plus qu’à aller voir sur place cette œuvre au thème habituellement fédérateur, et peut être comprendre pourquoi on en a curieusement si peu parlé, qu’à peine mise en place sitôt oubliée.

Avant de commencer à dérouler le fil historique par les galeries de la préhistoire, sujet d'un prochain article, portons le regard sur l'architecture du monument coté jardin.
Pourquoi cet élément est-il dénommé la façade du bureau des marchands drapiers? Tout simplement parce qu'il provient du Pavillon des Drapiers construit au 17e siècle, l'un des nombreux bâtiments parisiens démolis au cours du grand remaniement haussmannien (1853-1870) .
 


Cette façade est ornée d'un médaillon représentant la nef des « marchands de l’eau » sans élément iconographique ajouté, mais flanqué de cariatides et surmonté d'une représentation de Mercure.
 
Dans le coin d’une cour une fontaine emblématique des rues de Paris fait de l’œil aux passants. C’est l’occasion d’en apprendre un peu plus à son sujet.
Suite au siège de Paris par les Prussiens en 1871, la population a gravement souffert de privations et en particulier du manque d’eau potable. Un philanthrope anglais, Sir Richard Wallace finance la fabrication de cinquante « fontaines à boire », œuvre du sculpteur Charles Lebourg en 1872. 


De nouvelles fontaines de ce type sont encore produites depuis 1931 par la fonderie d’art GHM. On peut aujourd’hui compter 95 fontaines Wallace dans la capitale. Il n’est donc pas rare d’en rencontrer une. La plus près de chez moi est au 197 boulevard Voltaire, à l’angle avec la rue Léon-Frot. Il y en parait-il dans d’autres villes de France (Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lille, Marseille, Nancy, Nantes, Toulouse , banlieues parisiennes. etc.) et même ailleurs au Brésil, au Canada, en Espagne à Barcelone, au Portugal à Lisbonne, aux États-Unis à Los Angeles, en Grande-Bretagne, en Jordanie à Amman, au Mozambique, en Suisse à Zurich et à Genève, en Chine sur l'île de Macao… Quelle popularité !
Toutes sont peintes en vert sauf quelques exceptions. Des petits modèles sans cariatide existent aussi principalement dans les jardins publics de Paris.
 
 
Sources
 

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