Entre un superbe marronnier de l’Himalaya (Inde, Népal,
Afghanistan, Pakistan) en pleine floraison et un araucaria (Argentine, Chili) surnommé le Désespoir des Singes, allusion à son feuillage en écailles très
piquantes, une statue ne retient généralement plus l’attention
des passants.
Son exceptionnelle longévité lui permit même d’assister en personne à l’inauguration de cette œuvre du sculpteur Léon Fagel, en 1888.
Professeur de chimie organique et directeur du Musée d'Histoire Naturelle jusqu'en 1884, après avoir été directeur de la Manufacture des Gobelins, il est connu pour son travail sur les acides gras, la saponification, la découverte de la stéarine qui a permis de remplacer les chandelles de suif par des bougies, mais aussi pour un essai sur l’apparence des couleurs «De la loi du contraste simultané des couleurs et de l’assortiment des objets colorés», Paris 1839. Il eut l’intuition que les problèmes d’harmonisation des couleurs des tapisseries ne provenaient pas de mauvais choix de pigments mais de la juxtaposition de tonalités inadéquates. L’œil et le cerveau jouant un rôle important dans la perception, le phénomène déjà observé par Léonard de Vinci et Goethe devait être plus optique que chimique.
La recherche de Chevreul fut donc dictée par la nécessité d’une bonne organisation des couleurs pour la teinture des laines. Il s’appliqua à en donner une explication scientifique et mit au point le « cercle chromatique à soixante-douze parties » avec l’espoir d’offrir un instrument de mesure aux artistes qui utilisent la couleur. De fait, ses travaux ont influencé les écoles artistiques comme l’Impressionnisme, le Néo-impressionnisme et le Cubisme.
Il fut autrefois fréquenté par des aristocrates et
bourgeois parisiens (peut-être même par Michel Eugène Chevreul) qui s’y
retrouvaient, souvent masqués et costumés, pour des soirées de « libertinage
intellectuel ».
Récemment restaurée, la Gloriette est à nouveau accessible au public en journée mais une autre sorte de masque y est toujours de rigueur pour le moment !
Sous la corniche, on distingue l’inscription « Horas non numero nisi serenas » (je ne compte que les heures heureuses), allusion à l’ingénieux mécanisme, le gong solaire aujourd’hui disparu. Un fil de crin brulé par un rayon de soleil traversant une loupe se rompait pour déclencher un mécanisme d’horlogerie frappant douze coups à midi, les jours sans nuage.
On aimerait pouvoir adopter la devise conduisant certainement à la sagesse !
Très intéressant. Ce monsieur était jusqu'à présent un illustre inconnu pour moi. Merci Patricia
RépondreSupprimerChevreul fut longtemps pour moi aussi simplement le nom de la rue où habite encore ma mère. Il y a quelques années j’avais eu la curiosité d’y regarder d’un peu plus près et découvert la biographie du personnage. Mais ce n’est que récemment que j’ai lu qu’une statue lui était dédiée au Jardin des Plantes. Comme ces derniers mois je me suis souvent promenée dans ce jardin, Michel Eugène Chevreul méritait bien que je lui consacre quelques lignes pour le sortir de l'ombre. Satisfaite que mon objectif ait été atteint au moins par toi, Brigitte!
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