Cette année en Turquie, une fête religieuse et la fête nationale (29
octobre) étaient couplées pour donner cinq jours fériés et l’occasion de partir
ailleurs.
Pourquoi ne pas profiter d’un vol direct entre Istanbul et Héraklion
spécialement affrété par la compagnie Aegean Airlines, alors que le plus
souvent une escale à Athènes est incontournable pour se rendre en Crète depuis la Turquie.
L’islomanie définie cette attirance irrépressible pour les îles, que
certains identifient comme une recherche inconsciente de l’Atlantide engloutie,
d’un paradis perdu. Et il y avait quelque chose de ça pour beaucoup de
participants à ce voyage… sauf que cette attirance était dirigée vers une île
en particulier et explicable par des faits historiques récents.
La construction de la République turque a laissé des traces douloureuses
que les politiciens se sont empressés de faire oublier avec, dit-on parfois, la louable intention de ne pas entretenir les rancœurs pouvant naître des tragédies vécues par tous
les peuples réunis pendant des siècles sur le territoire de l’empire ottoman, y
compris par les Turcs. Cette amnésie forcée a sans aucun doute conduit à de
regrettables malentendus aux conséquences désastreuses.
Depuis quelques années en Turquie, se développent cependant les
revendications d’une identité pluraliste ayant pour objectif d’aller vers un
avenir apaisé.
Les souvenirs enfouis d’exil imposé ont du attendre une, deux ou trois générations
pour oser refaire surface et se débarrasser d’une coupable et inavouable nostalgie.
Héraklion, Agios Titos
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Les échanges de population qui ont eu lieu au début du 20e
siècle se déclinent aujourd’hui en échanges touristiques et comme des Grecs
viennent à Izmir ou Istanbul, des Turcs sont tout aussi curieux de découvrir où
ont vécu leurs grands-parents qui pour la plupart ne parlaient que le grec.
L’émotion provoquée par ce retour aux sources était palpable.
Le guide Gréco-turc, Dia, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Les visites des
sites minoens ont été réduites au minimum c'est-à-dire à l’incontournable Cnossos
dont Sir Arthur John Evans a dirigé les fouilles à partir de 1900 et en
identifiera les vestiges comme ceux du palais du mythique roi Minos, né des
amours de Zeus et d’Europe.
Il n’hésitera pas à en faire une reconstitution in
situ sujette à de multiples controverses et donnera le qualificatif de minoenne
à la civilisation de l’âge de bronze (2700 à 1200 av JC) qu’il découvrit en Crète.
Résidence royale mais aussi centre
administratif et religieux, le site présente un agencement de salles, de passages,
de porches, de bassins, d’ateliers et d’entrepôts où étaient stockés les énormes
pithoi remplis d'huile, de vin et
autres denrées alimentaires.
Les amateurs d’archéologie ont du mettre une sourdine à leur frustration de
ne pas visiter le musée d’Héraklion (Kandiye) abritant une vaste collection
minoenne (en particulier les fresques originales dont on voit les copies à
Cnossos), tout autant que les adeptes de randonnées qui avaient envisagé de grandes
marches dans les gorges débouchant sur des plages désertes. Une échappée fut
cependant réalisée…
Plage de Matala. Dans les années 1970, des hippies du
monde entier s’installèrent dans les grottes préhistoriques creusées dans la falaise
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Plage de Kommos
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Chapelle sur les hauteurs de la plage de Kommos
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Mais cinq jours sont bien insuffisants pour avoir une idée de toutes les
beautés de cette île séduisante, sans compter que le 28 octobre est un jour de
fête nationale grecque et que la plupart des musées et sites étaient
fermés, à l’exception de Gortyne, site gréco-romain, dont l’entrée était
gratuite ce jour là.
Gortyne, la basilique byzantine Agios Titos du 6e
siècle
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Gortyne, l’odéon et les lois gravées sur la pierre
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Gortyne, le mythique platane de Zeus et Europe caché par
le feuillage d’un palmier
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Gortyne, le temple d’Apollon et le preatorium
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Par contre le site minoen de Phaistos n'était pas accessible. On a du se contenter d'une vue d'ensemble.
Nous avons longuement arpenté Rethymnon (Resmo), Khaniá (Hanya), mais aussi
Ierapetra et Agios Nikolaos pour combler les attentes fébriles de partir à la
rencontre des Crétois (Kritikos en grec et Giritli en turc), de remonter le
temps à la recherche de souvenirs, de saveurs, de senteurs, d’expressions que
certains gardaient en mémoire, bref de s’imprégner d’un état d’esprit crétois
qui réveillait des bribes de récits entendus dans leur enfance.
Réthymnon, une ruelle |
Réthymnon, fontaine Rimondi (1629)
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Réthymnon, mosquée Veli Pacha qui abrite aujourd'hui le Musée Goulandris d'Histoire Naturelle et de paléontologie |
Réthymnon, mosquée Kara
Musa Pacha
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Réthymnon |
Réthymnon |
Les vieux
quartiers ont conservé les traces de leurs occupants successifs, Vénitiens et Ottomans
et dans le dédale de rues étroites porches et fontaines Renaissance, coupoles
et minarets côtoient monastères et chapelles.
Khaniá, marché couvert édifié sur les plans de celui de Marseille (1911) |
Khaniá, l'église Agios Nikolaos entre clocher et minaret
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Khaniá, arsenaux vénitiens
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Khaniá, mosquée des Janissaires construite en 1645
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Khaniá |
Ierapetra
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Agios Nikolaos
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Agios Nikolaos, répétition de la danse folklorique pour
la fête nationale
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Agios Nikolaos, répétition de la reconstitution d’une
lutte minoenne
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Agios Nikolaos
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Dans le golfe de Mirabello, au village de Plaka, des bateaux-navettes relient fréquemment de nos jours la petite île désertée Spinalonga. Il n'en a pas toujours été ainsi car elle a abrité, dans les murs de sa forteresse vénitienne, une léproserie de 1903 à 1957. Ses habitants faisaient l'objet d'un strict et tragique isolement. Le roman de Victoria Hislop, L'île des oubliés, raconte ce dramatique épisode.
Pendant les trajets, Dia n’a pas ménagé ses cordes vocales
pour nous remémorer les mythes dont le sol crétois fut le théâtre, à commencer
par l’enfance de Zeus caché par sa mère Rhéa dans la grotte du mont Dicté, lieu de culte minoen, ou autre version, dans la grotte du mont Ida (montagne du Psiloritis), lieu de culte romain. Les deux versions s'accordent sur la destination de ces cachettes: protéger Zeus contre son père
Cronos, fils d’Ouranos (dieu du ciel) et de Gaïa (déesse de la terre), qui
dévorait ses enfants de crainte d’être détrôné. Il y fut nourrit par la chèvre Amalthée
dont une des cornes brisée se transforma en corne d’abondance qui ne se vidait
jamais…
Zeus revint plus tard en Crète avec la belle Europe, fille du roi de
Phénicie, qu’il séduisit et enleva, transformé en taureau.
Agios Nikolaos, statue représentant le mythique enlèvement |
De leur union sous
un platane de Gortyne, naquirent Minos et ses deux frères, Rhadamanthe et
Sarpédon.
Incollable en mythologie, le guide enchaîna sur la légende du Minotaure, né
d’une passion entre Pasiphaé, femme de Minos, et un taureau. Le monstre enfermé
dans le labyrinthe construit par Dédale fut tué par Thésée, fils du roi Egée d’Athènes,
qui grâce au fil d’Ariane (fille de Minos) pu retrouver la sortie et rentrer à Athènes.
Mais il oublia de hisser les voiles blanches pour annoncer sa victoire, ce qui
causa le désespoir de son père qui se jeta dans la mer qui porte son nom
depuis.
Minos enferma Dédale et son fils Icare dans le Labyrinthe. Pour s'échapper Dédale fabriqua des ailes avec des plumes et de la cire mais
Icare, malgré les conseils de son père, s'approcha trop près du soleil et la
cire de ses ailes fondit : il tomba dans la mer Egée près d’une île qui porte
son nom, Ikaria…
Ce n’est évidemment qu’une version très condensée !
Arc en ciel après la pluie sur Héraklion
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Silhouette minimaliste d’un araucaria au lever du soleil |
Belles photos pour un billet bien documenté qui donne envie d'y partir toutes affaires cessantes! Merci de nous faire profiter de ce voyage ailleurs.
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