Situé sur les
pentes d’un piton rocheux, l’accès au site a été facilité depuis peu par
l’installation d’un téléphérique qui permet d’avoir de surcroit une vue
d’ensemble avant de flâner dans les ruines et un plongeant coup d’œil sur le lac
de barrage du Kestel Çayı (antique Ketios).
Lysimaque, un
lieutenant d’Alexandre le Grand y aurait déposé son butin de guerre avant de le
confier à la garde du stratège Philetaire qui s’y établi en 282 av JC sous la
tutelle des Séleucides en promettant de leur donner le trésor. Son neveu et
successeur sera le fondateur de la dynastie des Attalides qui régnera sur un royaume
indépendant jusqu’en 133 av JC.
Si Sardes fut à
l’origine du système monétaire bimétallique qui perdura pendant 2500 ans,
Pergame développa et systématisa au 2e siècle av JC l’utilisation
des peaux animales comme support d’écriture. Le parchemin, peau de Pergame,
présentant l’avantage de pouvoir être plié et même gratté pour une
réutilisation, remplaça très vite le papyrus égyptien dans tout le monde
gréco-romain. D’autant plus que l’Egypte ne voyait pas d’un bon œil l’ombre que
faisait la bibliothèque de Pergame à celle d’Alexandrie et renâclait à lui
fournir la matière.
Cette trouvaille affirma la prospérité économique de la cité.
Déjà culturellement très
influente, elle devint un centre intellectuel bouillonnant à l’activité
commerciale fructueuse. Les fortifications furent consolidées et les plus
fastueux monuments de la cité hellénistique furent élevés à cette époque sous le
règne d’Eumènes II : la célèbre bibliothèque et un palais dont il ne
reste pas grand chose, les deux agoras, un grand gymnase, le théâtre à
l’inclinaison impressionnante, le temple de Déméter, le temple de Dionysos,
etc.
Toutes ces
constructions furent entretenues ou aménagées par les Romains après qu’Attale
III, fils d’Eumène II et roi sans postérité, ait légué le royaume de
Pergame à Rome qui fit de la cité la capitale de sa province d’Asie. La
prospérité et l'expansion de Pergame continuèrent jusqu’au déclin de l’empire
romain.
A l’ombre des
deux pins se trouvaient les vestiges du Grand
Autel de Zeus.
Pour en voir la reconstruction
grandeur nature de sa façade, avec ses bas reliefs datant aussi du règne d’Eumènes II
(-197/159) et représentant les combats mythiques entre les géants et les dieux de l'Olympe,
il faudrait se rendre au musée de Pergame qui comme chacun sait se trouve … à
Berlin.
On peut y voir aussi de nombreuses autres sculptures de marbre qui
décoraient les différents édifices. Les archéologues allemands ont en effet
entrepris de gigantesques fouilles sur le site à la fin du 19e
siècle pour fournir à leur pays des collections dignes de concurrencer celles
que les Français et les Anglais se procuraient dans leurs colonies respectives
ou ailleurs.
D’une blancheur
éblouissante, le temple de Trajan, érigé entre 117 et 138 est le monument le
plus spectaculaire du site et a visiblement fait l’objet d’une restauration
récente. Avec quelques vestiges d’habitation dans la ville basse, il représente
le principal ajout de la période romaine.
La cour Rouge qui
se trouve dans l’agglomération actuelle de Bergama, abritait un temple dédié
aux divinités égyptiennes (Isis et Sérapis). En briques rouges, il a été probablement
construit sous le règne d'Hadrien (117-138). Il est flanqué de deux rotondes
bien conservées. Le temple fut converti en basilique à l’époque byzantine. La
cour du sanctuaire a la particularité d’être traversée en sous sol par une rivière,
Bergama Çayı, antique Selinus, qui s’y écoule encore aujourd’hui par deux
tunnels toujours en bon état.
A moins d’un
kilomètre se trouve l’Asclépieion qui était relié à la ville basse par la Via Tecta dont il reste un tronçon.
Le
sanctuaire du dieu guérisseur Asclépios (Esculape) était un lieu de culte mais
aussi de thérapie, fondé à l’emplacement d’une fontaine miraculeuse connue dès
le 4e siècle av JC, dont les vestiges actuels datent du 2e siècle, époque de l’empereur Hadrien.
C’est un vaste
ensemble de portiques à colonnades, comprenant aussi des installations
culturelles tel un théâtre et une bibliothèque.
Les bassins du centre
de la cour étaient reliés au temple circulaire de Télesphore (divinité associée
à la convalescence) par le cryptoportique, un tunnel voûté qu'empruntaient les malades plein d'espoir de guérison, long de 80 m où l'eau coulait sous le
dallage depuis la source sacrée.
Des sortes de niches aménagées dans les trois
murs concentriques du temple accueillaient le sommeil des patients, et des prêtres
interprétaient leurs rêves afin qu’ils bénéficient d’une thérapie
adaptée : bains d'eau ou de boue, massages, exercices physiques, jeûnes,
applications d'onguents et prescriptions de préparations à base de plantes médicinales.
Galien (129-199)
né à Pergame y exerça ses talents de médecin.
Un autre centre
de santé existait à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Pergame. Il
avait pour nom Allianoï. Il ne sera désormais plus possible de le visiter
puisque la vallée où se trouvait l’antique cité thermale a été engloutie en
janvier 2011, avec ses bassins d’eau chaude et l’hôpital de Galien, sous les
eaux du barrage de Yortanlı destiné à l’irrigation de terres agricoles. La
réalisation de ce projet gouvernemental a provoqué la consternation et la
colère des scientifiques en particulier du professeur Ahmet Yaraş, qui a été
chargé des fouilles préventives quelques années, sans parvenir à dégager plus
de 20% des vestiges avant d’être démis de sa mission… sans doute par crainte
que les trouvailles archéologiques ne compromettent le projet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire