dimanche 21 octobre 2012

Sardes et l’origine du système monétaire


La saison automnale est particulièrement propice à la découverte de sites antiques et quand on se trouve dans la région d’Izmir, on a l’embarras du choix.
En ces temps de crise, quand la faillite du système monétaire est devenue le sujet récurrent, nous n’avions qu’à diriger nos pas vers Sardes pour tenter de conjurer le sort!


Un retour aux sources des plus grandes richesses et misères du monde.
Dans cette cité furent frappées sous le règne du roi Ardys (652-615 av JC) les premières monnaies d'électrum, alliage naturel d’argent et d’or dont la rivière Pactole (Sart Çayı) charriait en abondance les pépites depuis que, selon la légende, Midas, roi de Phrygie (8e siècle av JC), s’y était lavé les mains.
Capitale du royaume de Lydie, la ville était au 6e siècle av JC l’une des plus puissantes du monde antique et son richissime souverain Crésus est entré aussi dans la légende avant d’être vaincu par les Perses achéménides en -546. Sa fortune que l’on disait inépuisable lui permit de s’attirer le plus grand respect des Grecs en distribuant des dons généreux pour l’édification de leurs sanctuaires, en particulier le temple d’Artémis d’Ephèse.
Sous son règne on parvint à séparer les métaux pour perfectionner le système en émettant des pièces d’or et d’argent. Le long de la route on aperçoit quelques vestiges des fonderies en cours de dégagement.  
Mais l’oracle de Delphes avait prédit l’écroulement d’un empire et peut être n’était ce pas seulement celui du royaume lydien…

Les vestiges de Sardes témoignent encore des siècles de prospérité.
A environ 1km du site principal, le temple d’Artémis, reconstruit au 4e siècle av JC sur l’ordre d’Alexandre le Grand sur les ruines du sanctuaire lydien élevé par Crésus, dresse un bel ensemble ionique de colonnes aux fûts massifs, suivant une reconstitution archéologique des années 1950 dont témoigne encore un treuil laissé sur place.





On imagine facilement les dimensions imposantes du monument auquel on accédait par une volée de marches. La taille des chapiteaux à volutes restés à terre en impose tout autant que la hauteur des deux colonnes encore debout.




Les restes d'une petite église byzantine du 5e siècle en briques, curieusement adossée au temple païen.


A l’entrée du village actuel, d’autres vestiges impressionnants nous attendent. Les Romains embellirent la cité antique de nombreuses constructions majestueuses à partir de 130 av JC. Mais les réserves aurifères étaient parait-il depuis longtemps épuisées à leur arrivée.



C’est au 3e siècle que furent construit le gymnase avec son entrée monumentale et les thermes ainsi que la plus vaste des premières synagogues du monde méditerranéen, alors que s’imposait le christianisme et que Sardes était l’une des sept Églises de l'Apocalypse mentionnées dans le Nouveau Testament. Les mosaïques ornant les sols et les murs sont assez bien conservées.



Une rue bordée d’échoppes datant de cette époque était encore fréquentée par les byzantins dans les siècles suivants.


Sardes fut occupée par les Seldjoukides dès le 11e siècle puis fut intégrée au Beylicat de Saruhan au 14e siècle avant d’être dévastée par les troupes de Tamerlan en 1402 et de tomber dans l’oubli.

Fin septembre certains visiteurs ne résistent pas à la tentation de soustraire au superbe figuier quelques fruits succulents … à défaut de décrocher un pactole.



  

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