A 50km d’Antakya, le col de Belen que l’on appelait les Pyles (ou portes syriennes) permet de franchir le massif Nur dağı (Amanos).
Au temps des Croisés ce passage était protégé par le château de Gastin dont on aperçoit les vestiges sur un piton rocheux bien avant d’arriver à Belen et connu aujourd’hui sous le nom de Bakras kalesi. Les premières constructions remonteraient à l’époque romaine mais le site fut délaissé par les Ottomans qui ont préféré contrôler le col sur les lieux même du passage. Soliman le Magnifique fit construire un important complexe en 1549. De cette époque on peut encore voir la mosquée, le hammam et le caravansérail récemment restaurés.
15 km plus loin, Iskenderun (Alexandrette) fondée par Alexandre le Grand n’a pas conservé de vestiges significatifs mais connaît actuellement un développement économique important de son industrie sidérurgique et des activités portuaires. Ville résolument moderne, sa façade méditerranéenne est bordée d’une très large avenue ombragée de palmiers et d’une promenade qui rappelle le fameux Kordon d’Izmir.
Pour continuer à remonter le fil de l’histoire il faut parcourir encore 22 km pour arriver à Payas, carrefour d’échanges commerciaux qui caractérisent la région depuis des millénaires. L’impressionnant complexe que fit construire le grand vizir de Soliman le Magnifique, Sokullu Mehmet Pacha, illustre parfaitement la volonté des Ottomans de sécuriser et de faciliter la circulation des marchandises sur la Route de la Soie dans cette région récemment conquise. Caravansérail avec hammam, mosquée, medrese et bazar couvert, l’endroit présentait toutes les commodités pour les voyageurs et les commerçants.
L’architecte en chef de ces imposantes bâtisses terminées en 1574 ne fut autre que Mimar Sinan. Le célèbre voyageur Evliya Çelebi est passé par là au 17e siècle et le précise dans ses carnets de voyage (seyahatname). Une restauration du complexe est actuellement en cours.
La petite histoire dit qu’à cet endroit prospérait une oliveraie. Le plus vieil olivier fut épargné par les bâtisseurs de l’époque. Il trône dans la cour de la mosquée et on l’estime vieux de 1350 ans. Il produit encore annuellement 300 kilos d’olives.
L’autorisation inattendue de grimper l’escalier en colimaçon du minaret a permis d’avoir une vision d’ensemble du site.
La forteresse toute proche entourée d'un fossé faisait office de village fortifié. Construite probablement par les Templiers au 12e siècle, elle a été utilisée comme prison dans les dernières années de l'empire ottoman, après avoir été un refuge pour les pèlerins chrétiens se rendant à Jérusalem, puis des pèlerins musulmans partant à la Mecque. L’entrée d’un souterrain est bien gardée par des massifs de lantanas qui poussent un peu partout à l’intérieur et aux alentours de la forteresse.
A proximité, un pont construit entre 1565-1577 a vu défilé bon nombre de caravanes chargées des marchandises les plus luxueuses…
Une autre construction fortifiée moins imposante se trouve à environ 500m de là sur un tertre près du petit port. A l’origine un poste de guet génois datant du 8e siècle, elle a été reconstruite et utilisée par les Ottomans. Personne ne sait plus pour quelle raison on la nomme encore aujourd’hui Cin Kulesi (la tour des djinns).
Autres temps, autres genres de constructions…
On a pu constater sur le trajet que l’énergie renouvelable n’est pas absente dans la région et que les éoliennes commencent à envahir un paysage qui aurait pu se passer de ces implantations technologiques. Un choix discutable qui fait souvent polémique dans la campagne française mais qui est plutôt bien accepté par les habitants d’ici, fiers du modernisme de leur région. Difficile de critiquer ce point de vue quand on sait que le développement économique de l’est de la Turquie est indispensable et qu’il serait bien égoïste de ne penser qu’à l’esthétique d’un paysage. Le Hatay, que nous allons devoir quitter, nous a d'ailleurs souvent donné pendant ce séjour l'occasion d'admirer ses beautés naturelles.
Je vois que nos escapades nous ont emmenées dans les mêmes lieux... dont Payas, où je suis retournée avec un immense plaisir.
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