Nous laissons derrière nous l’interminable plage de Samandağ (Çevlik) sans fouler son sable gris que les tortues marines ont élu depuis des millénaires pour pondre leurs œufs. Cette année une éclosion importante a été constatée en août. D’environ 300 nids, 15 milles bébés tortues auraient réussi à rejoindre la mer. Moins fréquentée par les touristes que la plage de Patara vers Antalya, ce site de ponte n’en a pas moins besoin d’être activement protégé et les moyens mis en œuvre sont encore insuffisants d’après les spécialistes.
De retour vers Antakya, un petit crochet vers Şenköy, "le joyeux village", permet de découvrir la mosquée que se fit construire le cheikh Ahmet Kuseyri, à qui le sultan Soliman le Magnifique avait accordé parait-il ce fief, et sa tombe qui se dressent toujours dans le coquet village bien entretenu.
Au 16e siècle le village se nommait Şeyhköy, "le village du cheikh". Il fait aujourd’hui la fierté de son maire qui réquisitionne sans tarder un de ses administrés pour nous guider dans les ruelles, avant de nous offrir un thé sur la place.
La production d’olives est la principale ressource et le savon à l’essence de laurier fabriqué ici est aussi réputé que celui d’Harbiye, notre prochaine étape.
Harbiye c’est l’antique Daphné, ville qui se développa sous la dynastie séleucide autour d’un temple dédié à Apollon et construit au pied des cascades dans une nature luxuriante. D’autres temples honoraient d’autres dieux de l’Olympe et les sources étaient dédiées aux nymphes dont la fameuse Daphné qui, se voyant poursuivie des assiduités d’Apollon, se transforma en laurier (defne en turc) pour lui échapper.
Daphné et Apollon, mosaique exposée au musée d'Antakya |
Dans la ville se déroulaient de nombreuses représentations théâtrales et musicales. Un stade accueillait les jeux olympiques. Les riches citoyens d’Antioche, Syriens et Hellènes y résidaient une partie de l’année. Plus tard les Romains agrandir et embellir encore la ville, mais le christianisme se propageant, les temples païens tombèrent en ruines et la ville entama son déclin. Des fouilles menées par les Français dans les années 1930 permirent d’exhumer de magnifiques mosaïques que l’on peut voir au musée d’Antakya… et au musée du Louvre.
C’est aujourd’hui un but de promenade malheureusement envahi de boutiques de souvenirs et de restaurants pas très respectueux du cadre naturel.
Quelques ilots à l’écart de la foule offrent cependant la possibilité d’y apprécier un moment de calme et de fraicheur, parmi les lauriers, les oliviers et les cyprès.
On peut aussi dénicher aux alentours une écharpe en soie de fabrication locale, rappelant que le tissage était autrefois une activité importante de la région représentée encore aujourd’hui par quelques entreprises familiales, ou faire l’acquisition d’un panier d’osier, la vannerie gardant une bonne place dans l’artisanat traditionnel.
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