Intégré depuis 1981 au complexe des Musées Archéologiques d’Istanbul, la construction
du Çinili
Köşk, particulièrement élégant, a précédé les autres (musée archéologique
et musée des antiquités orientales) de quelques siècles. Mehmet II le fit
construire en 1472, peu de temps après les premiers édifices du sérail de
Topkapı, avec deux autres pavillons de styles grec et turc, aujourd’hui
disparus, symbolisant les civilisations réunies par sa conquête et lui servant
de résidences de détente.
Celui qui subsiste représenterait le style persan et sa façade est décorée de superbes assemblages de céramiques monochromes glaçurées dans les couleurs turquoise, blanc et bleu sombre, comme on peut en voir à Bursa où elles sont réservées à la décoration de monuments religieux. Elles ont la particularité ici d’orner un rare exemple d’architecture civile.
Au dessus du portique en marbre de la galerie à colonnades, un bandeau calligraphié
vante la beauté de l’édifice et précise la date à laquelle il a été terminé. L'étoile orne le plafond de la galerie.
La grande salle centrale est surmontée d’un dôme et s’ouvre sur six autres
salles plus petites aux plafonds voûtés.
La décoration intérieure conserve aussi de beaux restes de panneaux muraux
de compositions géométriques. Dans l’une des salles, les carreaux de céramiques
étaient ornés de motifs dorés. Certains en portent les traces. Pour les autres,
une restauration récente (2002-2004) a reproduit les dessins par application à
la feuille d’or et leur a redonné leur apparence d’origine.
La fontaine de vie en marbre, ajoutée en 1590 à l’époque du sultan Murad
III, a pour principal élément décoratif
un superbe paon rehaussé de dorures au pochoir.
Le pavillon a accueilli en 1880 les premiers vestiges des fouilles
conduites par Osman Hamdi Bey avant qu’Alexandre Vallaury ne réalise entre 1887
et 1892 la construction du musée impérial en vis-à-vis. Le vaste monument, aujourd’hui
musée archéologique, expose une impressionnante collection de sculptures,
sarcophages et objets divers des époques gréco-romaines et byzantines. Les
vestiges de civilisations précédentes, (Assyrie, Babylon, Sumer, Anatolie,
Mésopotamie et Egypte) ont trouvé leur place dans l’ancien bâtiment édifié à
l’origine pour abriter l’Ecole des Beaux Arts d’Osman Hamdi Bey.
Malgré la concurrence de ses deux voisins qui présentent des collections spectaculaires,
il serait dommage d’ignorer les précieuses pièces de céramiques que recèle le Çinili
Köşk.
Plats, pichets, hanaps, lampes de mosquées, suspensions en forme d’œuf,
etc., ont trouvé là l’écrin parfait qui fait référence à l’évolution des
techniques, aux influences byzantines, chinoises, seldjoukides et persanes ayant
donné naissance à la prodigieuse production d’Iznik dès la fin du 14e
siècle.
Assiette du 11e
siècle, Asie centrale
|
Technique sgraffito
aux motifs incisés dans l’engobe pour faire apparaître le dessin
en creux, et ici rehaussé de noir. Asie Centrale
|
Technique minaï
(céramique émaillée). Deux cuissons sont nécessaires. Tesson provenant du kiosque
du sultan seldjoukide Kılıç Aslan II, Konya, 1150 environ
|
Tesson
de plat au lustre métallique. Rakka, Syrie, 12 ou 13e siècle.
|
Composition
murale provenant du palais de Kubad Abad, Beyşehir, début du 13e siècle
|
Céramique dite
« de Milet », fabriquée à Iznik à partir de terres rouges engobées,
aux 14e et 15e siècles.
|
A la fin du 15e et début 16e siècles, Iznik commence
à produire des céramiques en pâte siliceuse blanche aux décors bleus sur fond
blanc imitant la porcelaine chinoise de l'époque Ming. Vient ensuite s’ajouter
la couleur turquoise.
Progressivement, les potiers ont ensuite imposé un répertoire et des décors
personnels jusqu'à la polychromie incluant le rouge corail et le vert.
L’apogée au milieu du 16e siècle, fut suivie d’un lent déclin et
d’une progression de la production de Kütahya, son héritière.
On trouve dans ces lieux un subtil équilibre entre la sobriété des éléments
architecturaux et la fantaisie des formes et motifs colorés des collections.
Sur les quelques 2000 pièces à l’abri dans les réserves, environ 150
seulement, parmi les plus représentatives, sont exposées.
Inutile de préciser que ce n’est pas ma première visite… ni la dernière j’espère,
mais l’occasion de vous la faire partager.
Pour profiter du Çinili Köşk sous un autre angle que celui de sa
majestueuse façade, ne le quittez pas précipitamment mais prenez le temps de
siroter un çay ou un kahve dans le jardin jonché d’antiques
vestiges.
L'endroit a l'air bien agréable et les photos attrayantes. Merci pour la visite. Et puis les liens dans le texte, c'est une bonne idée pour voyager dans ton blog. Je continue de découvrir. A la prochaine!
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour cette article.
RépondreSupprimerJolies photos. J'adore la calligraphie, c'est magnifique.
Cordialement
Merci pour les messages d'encouragement! Et bon voyage dans "Entre deux rives"
SupprimerBonjour ,
RépondreSupprimerUn superbe reportage, et de magnifiques photos,
j'aime beaucoup!
Pascal
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimer