samedi 23 février 2013

Le musée de la céramique (Çinili Köşk)


Intégré depuis 1981 au complexe des Musées Archéologiques d’Istanbul, la construction du  Çinili Köşk, particulièrement élégant, a précédé les autres (musée archéologique et musée des antiquités orientales) de quelques siècles. Mehmet II le fit construire en 1472, peu de temps après les premiers édifices du sérail de Topkapı, avec deux autres pavillons de styles grec et turc, aujourd’hui disparus, symbolisant les civilisations réunies par sa conquête et lui servant de résidences de détente.




Celui qui subsiste représenterait le style persan et sa façade est décorée de superbes assemblages de céramiques monochromes glaçurées dans les couleurs turquoise, blanc et bleu sombre, comme on peut en voir à Bursa où elles sont réservées à la décoration de monuments religieux. Elles ont la particularité ici d’orner un rare exemple d’architecture civile.







Au dessus du portique en marbre de la galerie à colonnades, un bandeau calligraphié vante la beauté de l’édifice et précise la date à laquelle il a été terminé. L'étoile orne le plafond de la galerie.

La grande salle centrale est surmontée d’un dôme et s’ouvre sur six autres salles plus petites aux plafonds voûtés.


La décoration intérieure conserve aussi de beaux restes de panneaux muraux de compositions géométriques. Dans l’une des salles, les carreaux de céramiques étaient ornés de motifs dorés. Certains en portent les traces. Pour les autres, une restauration récente (2002-2004) a reproduit les dessins par application à la feuille d’or et leur a redonné leur apparence d’origine.




La fontaine de vie en marbre, ajoutée en 1590 à l’époque du sultan Murad III,  a pour principal élément décoratif un superbe paon rehaussé de dorures au pochoir.


Le pavillon a accueilli en 1880 les premiers vestiges des fouilles conduites par Osman Hamdi Bey avant qu’Alexandre Vallaury ne réalise entre 1887 et 1892 la construction du musée impérial en vis-à-vis. Le vaste monument, aujourd’hui musée archéologique, expose une impressionnante collection de sculptures, sarcophages et objets divers des époques gréco-romaines et byzantines. Les vestiges de civilisations précédentes, (Assyrie, Babylon, Sumer, Anatolie, Mésopotamie et Egypte) ont trouvé leur place dans l’ancien bâtiment édifié à l’origine pour abriter l’Ecole des Beaux Arts d’Osman Hamdi Bey.


Malgré la concurrence de ses deux voisins qui présentent des collections spectaculaires, il serait dommage d’ignorer les précieuses pièces de céramiques que recèle le Çinili Köşk.

Un décor floral et des calligraphies complètent les carreaux hexagonaux monochromes et les mukarnas de la niche de ce mihrab datant de 1432. Il ornait à Karaman un hospice édifié par Ibrahim Bey de la dynastie des Karamanides (Beylicat d’Anatolie) et fut exposé ici au début du 20e siècle.

Plats, pichets, hanaps, lampes de mosquées, suspensions en forme d’œuf, etc., ont trouvé là l’écrin parfait qui fait référence à l’évolution des techniques, aux influences byzantines, chinoises, seldjoukides et persanes ayant donné naissance à la prodigieuse production d’Iznik dès la fin du 14e siècle.

Assiette du 11e siècle, Asie centrale 

Technique sgraffito aux motifs incisés dans l’engobe pour faire apparaître le dessin 
en creux, et ici rehaussé de noir. Asie Centrale

Technique minaï (céramique émaillée). Deux cuissons sont nécessaires. Tesson provenant du kiosque du sultan seldjoukide Kılıç Aslan II, Konya, 1150 environ

Tesson de plat au lustre métallique. Rakka, Syrie, 12 ou 13e siècle.

Composition murale provenant du palais de Kubad Abad, Beyşehir, début du 13e siècle

Céramique dite « de Milet », fabriquée à Iznik à partir de terres rouges engobées, aux 14e et 15e siècles. 

A la fin du 15e et début 16e siècles, Iznik commence à produire des céramiques en pâte siliceuse blanche aux décors bleus sur fond blanc imitant la porcelaine chinoise de l'époque Ming. Vient ensuite s’ajouter la couleur turquoise.




Progressivement, les potiers ont ensuite imposé un répertoire et des décors personnels jusqu'à la polychromie incluant le rouge corail et le vert.






L’apogée au milieu du 16e siècle, fut suivie d’un lent déclin et d’une progression de la production de Kütahya, son héritière.



On trouve dans ces lieux un subtil équilibre entre la sobriété des éléments architecturaux et la fantaisie des formes et motifs colorés des collections. Sur les quelques 2000 pièces à l’abri dans les réserves, environ 150 seulement, parmi les plus représentatives, sont exposées.
Inutile de préciser que ce n’est pas ma première visite… ni la dernière j’espère, mais l’occasion de vous la faire partager.


Pour profiter du Çinili Köşk sous un autre angle que celui de sa majestueuse façade, ne le quittez pas précipitamment mais prenez le temps de siroter un çay ou un kahve dans le jardin jonché d’antiques vestiges.


 

5 commentaires:

  1. L'endroit a l'air bien agréable et les photos attrayantes. Merci pour la visite. Et puis les liens dans le texte, c'est une bonne idée pour voyager dans ton blog. Je continue de découvrir. A la prochaine!

    RépondreSupprimer
  2. Merci beaucoup pour cette article.
    Jolies photos. J'adore la calligraphie, c'est magnifique.
    Cordialement

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour les messages d'encouragement! Et bon voyage dans "Entre deux rives"

      Supprimer
  3. Bonjour ,

    Un superbe reportage, et de magnifiques photos,
    j'aime beaucoup!

    Pascal

    RépondreSupprimer
  4. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer