De très honorables invités sont actuellement les hôtes du palais de
Topkapi.
Depuis le mois de novembre et jusqu’au 20 février quatre soldats de terre
cuite et un cheval appartenant à un ensemble de plus de 7000 statues retrouvées par hasard en 1974 près de Xi'an dans la province du Shaanxi en Chine font
l’objet d’une remarquable exposition.
Evidemment il ne faut pas s’attendre ici au spectaculaire alignement dans
les tranchées de l’armée de l’empereur Qin Shi Huang, unificateur de la Chine au 3e
siècle av. JC, et entre autre, initiateur de la construction de la célèbre
muraille.
Même à Xi'an (2 photos, ci-dessous), ce que l’on découvre dans les fosses dégagées ne serait qu’une
partie de l’armée ainsi immortalisée pour l’éternité, à proximité de
l’énigmatique mausolée de l’empereur défunt. Ce dernier n’a pas encore été
exploré, dans l’attente de technologies plus sophistiquées qui limiteraient les
risques de l’endommager.
Il n’en reste pas moins que ce que l’on peut en voir à Topkapi est très
impressionnant. Le cheval, le général, le
fantassin, l’archer et le conducteur de char sont bien représentatifs de
l’ensemble et les panneaux explicatifs apportent une documentation
complémentaire.
Sous une stricte surveillance (et interdiction formelle de photographier),
ils offrent leur imposante stature aux visiteurs ainsi que la précision des détails.
Les soldats en terre cuite de cette armée impériale ont fait l’objet d’une fabrication
méticuleuse et les traits, l’expression, la taille, l'uniforme et la coiffe
sont tous différents, comme pouvaient l’être les hommes qui la composait,
venant de toutes les provinces du territoire.
On a du mal à imaginer l’immensité de la tâche des artisans qui ont façonné ces personnages et le nombre d’années qu’ils y ont employé. Celle des
archéologues n’est pas négligeable non plus puisque les fouilles continuent
toujours sur le site évalué à plus de 50 km². Que dire de celle des
restaurateurs qui ont dû reconstituer ce gigantesque puzzle en 3 dimensions
puisqu’au moment de leur découverte aucune des statues n’était entière. En
effet, la thèse d’un pillage effectué par les hommes du rebelle Xiang Yu, peu
d’années après leur enfouissement, expliquerait la disparition de la plupart
des armes des guerriers en terre, les traces de destruction volontaire et d’incendie
ainsi que l’effondrement des plafonds de bois, roseaux et argile, portés par
des piliers et recouvrant les fosses.
Les dernières découvertes de statues montrent qu’elles avaient été à
l’origine peintes de couleurs vives après cuisson. L’exposition à l’air libre
sans précaution dans les premières années de fouilles aurait été fatale à
celles d’entre elles qui avaient échappé aux flammes.
Les vitrines de la première salle à l’entrée présentent une sélection
d’objets venant du Musée de Shanghai et de la "Cité Interdite" de Beijing retraçant l’histoire des dynasties successives à travers leurs
productions caractéristiques.
Un véritable voyage dans le sillon d’Evliya Çelebi, Piri Reis, et Ibn Battûta qui ont apporté en
leur temps des informations précieuses sur l’Empire du Milieu.
On connaît la fascination des Ottomans pour la céramique chinoise qui était
en bonne place à la table du sultan et dont les collections sont parfois
visibles au musée de Topkapi. On sait qu’ils en ont imité dans un premier temps
les motifs avant que la production d’Iznik ne s’enrichisse d’autres décors qui
ont fait sa renommée et son originalité.
Cette exposition temporaire trouve donc parfaitement sa place ici et il
serait dommage de ne pas y consacrer une visite, d’autant qu’elle est installée
dans une des bâtisses généralement non accessible qui compose le palais de
Topkapi.
Fermé le
mardi, ouvert tous les autres jours, entre 9h et 17h
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