lundi 27 janvier 2025

La Maison – Musée de Victor Hugo

 
Un séjour parisien ne peut se concevoir sans la visite de quelques lieux emblématiques portant la trace de ses illustres habitants.


A l’un des angles de la Place des Vosges au No 6, se trouve l’hôtel particulier Rohan-Guéménée, bâtisse du 17e siècle qui fut en partie louée à Victor Hugo (1802-1885) où il vécut avec sa famille entre 1832 et 1848 avant son exil à Jersey puis à Guernesey.


Il y écrira plusieurs de ses œuvres majeures, dont Lucrèce Borgia et Ruy Blas, ainsi qu’une partie des Misérables et des Contemplations.
L’enfilade des salles du 2e étage regroupe des reconstitutions de résidences successives habitées par la famille Hugo et fut aménagée en musée sur l’initiative de Paul Meurice, ami et exécuteur testamentaire de Victor Hugo, avec le soutien des petits-enfants de l’écrivain à l’occasion du centenaire de sa naissance. 
La bâtisse ayant été entre temps cédée à la ville de Paris, le projet est validé par le Conseil Municipal et l’inauguration a lieu le 30 juin 1903.
Depuis cette date il est possible d’approcher la vie quotidienne du Grand Homme inhumé au Panthéon, de percevoir l’environnement dans lequel le poète, le romancier, le dramaturge, l’homme politique, l’humaniste nous a transmis une œuvre littéraire exceptionnelle reflétant sa révolte contre presque toutes les injustices, en commençant par son soutien à l’abolition de la peine de mort… "Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper".
Si sa voix s’élèvera contre l’esclavage il restera convaincu des bienfaits de la colonisation… Personne n’est parfait.
Il mettra cependant sa plume au service de convictions plus anecdotiques, mais dont la capitale lui doit bon nombre de sauvetages de son patrimoine architectural menacé de démolition à commencer par Notre Dame de Paris, puis la Sainte Chapelle, les arènes de Lutèce, la tour du Vert-Bois (seul vestige du prieuré Saint-Martin, du 12e siècle, en place duquel ont été construits les bâtiments du Conservatoire des Arts et Métiers), ainsi que la fontaine attenante datée de 1712. La tour Saint-Jacques est également épargnée par son intervention…   
Trahissant peut-être ainsi une sensibilité pour l’époque médiévale et le style gothique que l’on retrouve dans la décoration intérieure de ses demeures tout au long de sa vie.
Entamons donc ce parcours spatio-temporel.



L’antichambre évoque les débuts de ses succès littéraires: la poésie (Les Orientales), le théâtre (Hernani), le roman (Notre-Dame de Paris). On y découvre des caricatures que le personnage a inspiré à la presse de l’époque, mais aussi plus étonnant de nombreux dessins réalisés par Victor Hugo au crayon ou à l’encre, en guise de carnet de voyage, paysage ou détail architectural…

Le salon aux murs recouverts de damas rouge témoigne de son statut de chef de file des Romantiques, de l’académicien puis du Pair de France qui réunissait autour de lui les plus célèbres personnalités des lettres, des arts et de la politique.




Y sont accrochés des portraits de famille, son épouse et leurs filles, Léopoldine et Adèle, huiles sur toile de Louis Boulanger et Auguste de Châtillon, ainsi que d’autres peintures illustrant des écrits de cette période.



Le salon chinois constitue la surprise de la visite. Le décor provient de Hauteville House et de Hauteville II, respectivement résidences d’exil à Guernesey de Victor Hugo et celle de Juliette Drouet.




Les panneaux de style chinois ornaient la maison de cette dernière. Ils furent dessinés par Hugo en 1863-1864 et peints avec l’aide de Tom Gore, artisan employé pour l’aménagement de Hauteville House. Ils servaient de présentoirs aux porcelaines qui couvraient les murs ou s’exposaient sur les étagères.



La salle à manger tapissée d’un décor exotique est aménagée d’un mobilier pseudo gothique le plus souvent imaginé par le maitre des lieux et réalisé par des ébénistes sur ses instructions. Une porte pouvait être transformée en table, des coffres en buffets. Une partie du mobilier provient de Guernesey.
Les peintures et sculptures qui complètent la présentation évoquent des œuvres écrites pendant l’exil (La Légende des siècles, Les Misérables, Les Travailleurs de la mer, L’Homme qui rit).


Dont cette table offerte à Juliette Drouet



Le cabinet de travail aux tentures vertes évoque le retour d’exil de Victor Hugo et prépare son entrée dans la postérité avec l’emblématique portrait du patriarche à barbe blanche d’après Léon Bonnat et Le Buste Héroïque de Rodin,  bronze et marbre (vers 1897), révélant un vieillard songeur et harassé.


S’y trouve le meuble à écrire debout, surélevé selon les instructions de l’écrivain à la fin de sa vie. Il faisait partie du mobilier de sa chambre à coucher, avenue d’Eylau.


Un moulage de sa main droite effectué en 1877.


Les portraits de Georges et de Jeanne Hugo, 1879, huile sur toile de Charles Voillemot. Les petits enfants de Victor Hugo lui ont inspiré l’écriture du recueil
 L'Art d'être grand-père publié en mai 1877.


Un émouvant portrait de Juliette Drouet quelques mois avant sa mort, fut réalisé en 1883 par Bastien-Lepage.




La chambre de Victor Hugo fut fidèlement reconstituée par les donations des petits-enfants, selon les représentations dans la presse, la peinture de Léon Glaize et les souvenirs de son petit fils, Georges Hugo, telle qu’elle se présentait le 22 mai 1885 au 130, avenue d’Eylau, (avenue Victor Hugo depuis 1881).

Ouvert tous les jours sauf lundi. Accès gratuit au musée à l'exception des expositions temporaires.


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