A Paris, la
campagne n’est jamais très loin… Beaucoup de quartiers ont su préserver un
petit air provincial, un petit bout de nostalgie qui ne charme pas que les
touristes. Le 19e arrondissement n’échappe pas à la règle, et ce
n’est pas seulement dû à la présence du célèbre parc des Buttes Chaumont, création
de l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand, inauguré le 1er mai 1867, (tout juste 150 ans) sur les pentes escarpées d’une
ancienne carrière à ciel ouvert de gypse dont on fait le plâtre et de pierres
meulières destinées à la construction d’immeubles parisiens.
Rendons ici un
modeste hommage à celui qui a intégré la nature dans les rues de la capitale en
aménageant de vastes espaces vert, (bois de Boulogne, bois de Vincennes…), en créant
également le parc Montsouris et le parc Monceau ainsi que la plupart de nos jardins
publics, et qui a systématiquement plantés d’arbres les boulevards et les
avenues redessinés par le baron Hausmann.
Depuis le belvédère
des Buttes-Chaumont, admirons la vue panoramique sur les collines verdoyantes,
le lac artificiel, la passerelle suspendue, œuvre de Gustave Eiffel, et sur une autre butte bien agréable elle aussi,
la Butte Montmartre.
Tout près de là,
sur l’emplacement d’autres carrières de gypse exploitées par creusement de
galeries, un ensemble d’habitations à un étage, flanquées de jardinets défie les
idées reçues sur l’architecture urbaine. La fragilité du sous-sol, incompatible
avec la construction d’immeubles a permis au quartier d’en être préservé
durablement. C’est ainsi que de part et d’autre de la rue de la Mouzaïa, des
villas, étroites ruelles pavées, alignent des maisons de poupées blotties dans une
végétation exubérante depuis la fin du 19e siècle. Elles furent bâties
pour y loger des ouvriers. Ce n’est évidemment plus le cas aujourd’hui, tout
comme la Campagne à Paris du 20e arrondissement.
Petit détail singulier, la rue de la Mouzaïa (par
ailleurs ville d’Algérie) est incluse dans le quartier d’Amérique ! Renonçant
à retrouver nos repaires géographiques nous continuons notre voyage agréablement
déboussolant pour arriver devant le 93, rue de Crimée et y découvrir une église
russe orthodoxe. Cette fois, la nomenclature semble devenir plus cohérente et coïncider
avec l’actualité puisque la Crimée ukrainienne a été rattachée à la Russie en 2014.
Que la péninsule soit finalement écartelée entre les deux, est une autre
histoire…
La grille en fer passée, il faut remonter l’allée pour
voir l’étrange bâtisse colorée enfouie
dans la verdure.
Elle n’a cette apparence que depuis 1924 car avant cette date
elle abritait une église Luthérienne Allemande. Son acquisition par la communauté orthodoxe répondit
à la forte migration russe provoquée par la révolution. Elle devint l’église Orthodoxe Saint-Serge de
Radonège. Elle n’est ouverte que pendant les offices. Nous nous contenterons
donc d’une halte paisible sur un banc ombragé dans ce cadre insolite.
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